Lettre à un roquet libyen, Amor Gouiri

Je ne sais pas si ma lettre te parviendra, mais je la publie pour l’histoire.
C’est parce que tu n’as été élevé dans la culture de l’Etat que tu as exhalé ta haine contre un pays frère et voisin qui a ouvert ses bras à tes concitoyens que toi et tes semblables avez pourchassés de votre vindicte. Un responsable, de surcroit un prétendu ministre, doit tourner plusieurs fois sa langue avant de vociférer son venin contre un chef d’Etat étranger, démocratiquement élu et d’appeler à une intervention militaire dans un pays souverain. Tu t’es livré à une manipulation pour nuire à tout un peuple et tu t’es comporté comme une personne irresponsable, dénuée de tout sens diplomatique. Tu ressembles dans ton comportement à un roquet hargneux stipendié par ses maitres et lâché contre ses voisins.
C’est avec condescendance qu’on jette à peine un regard furtif sur le roquet de service dont les aboiements, en ces temps d’imposture, résonnent comme dans un terrain vague. On ne t’a pas entendu quand les avions envoyés par l’OTAN pour bombarder ton pays et tuer tes concitoyens. Tu avais, peut-être, avalé ta langue de crainte qu’elle ne soit coupée. Tu l’as absorbée, cette méchante langue, quand l’aviation égyptienne était intervenue au-dessus de ton toit pour venger l’assassinat de ses citoyens. Tu t’es certainement contenté de suivre les bombardements sur cette même chaine qui t’a offert l’occasion pour faire éclater tes délires, avant d’intervenir, non pour condamner, mais pour applaudir cette intervention militaire étrangère dans ton pays.
Tu ne peux pas imaginer le mal que tu as fait à tes concitoyens qui vivent parmi nous et qui seront toujours les bienvenus tant qu’ils respectent les règles d’hospitalité. Je ne te demande pas des excuses parce qu’elles sont irrecevables. Je ne te demande pas des explications, non plus, parce qu’elles ne seront jamais plausibles. Je te demande tout simplement d’aller aboyer ailleurs, avec cette meute de tes semblables, loin de mes oreilles qui ne sauraient entendre tes jappements.
Brahim OUESLATI