L’Iran menace les bases américaines, les Etats-Unis retirent du personnel diplomatique

Les Etats-Unis ont annoncé ce mercredi 11 juin une réduction des effectifs de leur ambassade en Irak pour des raisons de sécurité, alors que l’Iran a menacé les bases américaines au Moyen-Orient en cas de conflit.
En cas d’échec des négociations sur le programme nucléaire iranien, si «un conflit nous est imposé, l’autre camp subira assurément plus de pertes que nous», a lancé le ministre iranien de la Défense, Aziz Nasirzadeh. « Leurs bases sont à notre portée » et « les Etats-Unis devront quitter la région. »
«Sur la base de notre dernière analyse, nous avons décidé de réduire l’empreinte de notre mission en Irak», a déclaré un responsable américain sous couvert d’anonymat. S’exprimant également sous anonymat, un responsable du Département d’Etat a tenu un propos similaire, soulignant que le président Trump était « déterminé à assurer la sécurité des Américains, dans le pays et à l’étranger ». « Conformément à cet engagement, nous évaluons en permanence » les effectifs des ambassades américaines, a-t-il justifié.
A Bagdad, un haut responsable de la sécurité irakien a confirmé à l’AFP « un retrait des employés non- essentiels » de l’ambassade américaine. « Nous allons œuvrer à empêcher toute attaque contre l’ambassade » américaine, a précisé ce responsable s’exprimant sous anonymat, évoquant des «contacts» avec les groupes armés pro-iraniens «pour les convaincre de ne pas tirer, ni prendre pour cible» la représentation diplomatique.
L’agence de sécurité maritime UKMTO, gérée par la marine britannique, a pour sa part publié une note d’information alertant sur «la montée des tensions » au Moyen-Orient, susceptible d’entraîner « une escalade des activités militaires avec un impact direct sur les marins ».
Les Etats-Unis disposent de nombreuses bases militaires dans le voisinage de l’Iran, la plus importante étant située au Qatar, où le siège du commandement central de l’armée américaine au Moyen-Orient (Centcom) est installé.
L’Iran et les Etats-Unis, autrefois proches alliés mais à couteaux tirés depuis quatre décennies, ont tenu depuis avril cinq cycles de pourparlers sur le nucléaire sous médiation du sultanat d’Oman. De nouvelles discussions sont prévues dimanche, selon l’Iran.
Le président américain, Donald Trump, a lui annoncé que cette réunion aurait lieu jeudi, tandis que le médiateur omanais n’a pas commenté « Je suis beaucoup moins confiant (qu’auparavant) de parvenir à un accord », avec l’Iran, a déclaré Donald Trump dans un podcast du New York Post, enregistré lundi et diffusé mercredi. « Ils semblent tergiverser », a souligné le président américain, qui a plusieurs fois menacé de s’en prendre militairement à l’Iran en cas d’échec de la diplomatie.
« Ce serait mieux de le faire sans guerre. Sans morts, ce serait tellement mieux », a mis en avant le chef d’Etat républicain, ajoutant ne « pas voir le même enthousiasme » chez les Iraniens « pour conclure un accord ». Les deux pays tentent de s’entendre sur un potentiel texte qui empêcherait l’Iran de se doter de l’arme atomique - une ambition que Téhéran se défend farouchement de nourrir - en échange d’une levée des sanctions qui paralysent son économie.
Les discussions butent notamment sur la question de l’enrichissement d’uranium. Les Etats-Unis exigent que l’Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran considère cette demande comme non négociable, arguant qu’elle est contraire au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont il est signataire.
Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60 %), bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l’accord multilatéral sur le nucléaire conclu avec l’Iran en 2015 mais dont les Etats-Unis se sont retirés.
Pour fabriquer une bombe atomique, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90 %, d’après l’AIEA, gendarme onusien du nucléaire. En 2018, Donald Trump en avait retiré unilatéralement son pays et rétabli des sanctions américaines contre l’Iran. En représailles, Téhéran a dans la foulée fait monter en puissance son programme nucléaire.
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