A l’ombre de la Khaldounia, le Cadhi Mohamed Ibn Abdessalam (1277-1348)

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Le Cadhi Mohamed Ben Abdesselem nous intéresse ici surtout en tant que l’un des savants dont le nom avait été associé à l’essor de la medersa Khaldounia.
Né à Tunis en 1277, Mohamed Ibn Abdessalam appartiendrait à une famille d’origine berbère et plus précisément à la tribu des «Houara». Sa date de naissance correspond à quelques évènements historiques concomitants dans le pourtour méditerranéen que nous citons ci-après :

Quelques années auparavant avait eu lieu (en 1270) la fameuse expédition malheureuse de Saint Louis, croisade à l’issue de laquelle ce dernier trouva la mort emporté par une épidémie de dysenterie.
Et une année après en 1271, était à son tour décidé le sort du grammairien andalou Ali Ibn Asfour, enterré à l'entrée de souk el Gmech à Tunis, et dont la medersa Asfouria prendra le nom. Il aurait été jeté dans le puits du jardin du palais du sultan hafside El Montasser par les auxiliaires du monarque pour l'avoir contrarié lors d'une discussion antérieure et serait mort dans les trois jours qui avaient suivi.
Autre évènement marquant : en 1277 date correspondant à la naissance d’Ibn Abdesselem, arrive la fin du règne dans la Tunisie hafside d’Abdallah Muhammad Al Mountasir. Après la mort de ce dernier des troubles éclatent en Ifriqiya pendant 40 ans.
Par ailleurs en 1275, Alphonse X est confronté avec la formation d’une dangereuse alliance militaire entre Muhammad II de Grenade et le souverain marocain mérinide Yakoub Ibn Abdel Hak (1258-1286) aux termes duquel, en contrepartie de l’expédition promise au début de ses troupes en Espagne, le sultan reçoit la cession de la zone extrême ouest du royaume nasride, comprenant les ports fortifiés de Gibraltar, Algesiras et Tarifa. Une année plus tard, A l'étroit dans sa ville capitale de Fès, Abou youssef yakoub faisait construire Fès jeddid une nouvelle capitale administrative et y en y installant des medersas.
Ainsi la medersa Asfouria transformée par suite en medersa Khaldounia constituerait le chainon permettant historiquement de relier Ibn Abdesslem à Ibn Asfour en ce temps-là.
La Khaldounia doit bien sûr son nom au célèbre historien Ibn Khaldoun.
La medersa actuellement modernisée est située en face de la mida qui précède l’oukala. Celle-ci a conservé sa forme primitive à arc bombé ainsi que sa cour intérieure allongée et pourvue d’un puits à haute margelle de pierre. Une double rangée de cellules l’entoure celle de l’étage étant desservie autrefois par une galerie circulaire cet ancien caravansérail qui communiquait dit-on autrefois avec la mida est occupé aujourd’hui par des artisans  cordonniers et savetiers une seconde oukala ouvrait dit-on vis-à-vis de la précédente jusqu’au jour où elle fit place à une medersa connue sous le nom d’un célèbre grammairien originaire de Séville Ali Ibn Asfour El Ichbili. Plus tard la medersa Asfouria devait donc se confondre avec la medersa Khaldounia.

On connait la Midat el soltane aussi sous l’appellation de Midat El Attarine en raison de son emplacement au fond d’un espace surélevé débouchant sur le souk des parfumeurs. Cette ruelle est encore connue sous l’appellation d’Ibn Abdeslam qui y aurait  par conséquent habité et aurait été le maitre d’Ibn Khaldoun et d’Ibn Arafa.
Ibn Abdessalam aurait ainsi amplement mérité  sa place parmi les illustres et brillants magistrats tunisiens. Il aurait occupé, en effet, durant plus de quinze ans le poste si convoité de “Cadhi Jamâa” et marquera son temps par son intégrité et l’étendue de son savoir.
«… Il aurait en outre, été témoin et parfois acteur, des soubresauts politiques que connaîtra notre pays durant le 14ème siècle et notamment l’éviction momentanée des Hafsides au profit des Mérinides.
Il est largement admis que le règne hafside coïncide avec l’apogée du rayonnement de la mosquée Zeïtouna ; lieu de culte éminent depuis le 8ème siècle, elle est, avant tout, une université dont la qualité des cours et la renommée des enseignants atteint les confins du Monde arabe.
Sur son enfance, la chronique est muette ; il est cependant certain qu’il fut formé à la Zeïtouna auprès de vénérables maîtres tels qu’Ibn Habbab.
Sa formation achevée, il avait choisi de se consacrer à l’enseignement. C’est dans une des plus vieilles écoles de la Médina “El Chamahiyya” qu’il aurait entamé sa carrière.
Située près du “Souk El Chamahine”, dédié comme son nom l’indique au commerce des bougies, cette école a été fondée en 1234 par le souverain Abu Zakaria ; on considère qu’elle est la première école connue de Tunis. Maitre Sami Mahbouli dit dans une biographie qu’il a consacrée au Cheikh Ibn Abdesselem où nous puisons par ailleurs de larges extraits: «Il est heureux qu’elle soit encore de nos jours en parfait état, même si elle n’abrite plus qu’un centre de formation professionnelle relevant de l’Union Nationale des Femmes Tunisiennes». Dans son ouvrage “Mâalam El Tawhid”, le général Belkhodja nous apprend que “Souk El Chamahine” périclita en raison de l’afflux des bougies d’importation et devint l’actuel “Souk el Balghagia”.
Grâce à sa rigueur et à sa piété, Ibn Abdessalam est rapidement considéré comme une référence en matière de Hadith et de Tafsir ; ses cours sont très prisés par les étudiants de la Zeïtouna qui s’y pressent en grand nombre. Parmi ses élèves célèbres, on citera tout particulièrement Ibn Arafa et Ibn Khaldoun, en sachant qu’à son tour le grand jurisconsulte Ibn Arafa était devenu grand imam malékite de la Zeïtouna…»

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Selon Maitre  Mahbouli, ce dernier  lui aurait voué  une admiration sans bornes. Il aurait eu d’ailleurs l’insigne privilège de réunir les carnets de notes d’Ibn Abdessalam après sa mort.
En dépit de sa notoriété croissante, Ibn Abdessalam devait s rendre compte que l’ascension dans les sphères du savoir de la Capitale, quand on appartient à une famille berbère, n’est pas automatique.
«… En 1328, le grand Imam de la Zeïtouna, souffrant, aurait fait appel à Ibn Abdessalam pour le remplacer ; cette désignation n’aurait  pas été du goût d’Ibn Abdel Rafih, le “Cadhi Jamâa” qui sitôt informé l’évinça au profit d’un Tunisois «de pure souche» Cheikh Ben Abdessatar. Ulcéré par cette décision inique, Ibn Abdessalam aurait exprimé en personne son indignation à Ibn Abdel Rafih; ce dernier se serait contenté  de lui répondre «Que seuls les enfants de Tunis sont dignes de prêcher dans leurs mosquées».
La brouille qui se serait installée entre les deux éminents savants n’aurait jamais empêché  Ibn Abdessalam de considérer les jugements rendus par le juge Ibn Abdel Rafih comme une jurisprudence inattaquable.
Les adversaires n’auraient guère épargné  le brillant “fils de berbères” : à l’enterrement d’un des savants de son temps, Ibn Rached El Gabsi, auquel prend part Ibn Abdessalam, ses rivaux chuchotent qu’il aurait plagié un des livres du défunt.
Malgré tous ces accrocs, Ibn Abdessalam se serait imposé par sa valeur: il aurait été désigné comme “Cadhi el Ankiha”, le deuxième plus grand magistrat du pays. Il s’y serait taillé une réputation de sévérité dont il ne parviendra plus à se départir. Ses jugements témoignent de cette extrême sévérité: un Juif de Tunis est condamné à mort pour rapt d’enfants musulmans ; le “Cadhi Jemâa” Ibn El Qaddah se prononce pour sa décapitation alors qu’Ibn Abdessalam tient à ce qu’il soit mis en croix publiquement pour que son châtiment soit exemplaire.
Quand un étudiant, Ibn Omrani, prend quelques libertés avec le Coran, Ibn Abdessalam lâche à ses trousses ses gardes. Seul «l’Aman»  du roi fera sortir le malheureux étudiant de sa cache.
Sa sévérité sera payante puisqu’en 1333 il accède au poste prestigieux de “Cadhi Jemâa” ; sa désignation par l’Emir Abu Bakr el Hafsi sera très discutée. Au sein du Conseil royal, des voix s’élèvent pour lui déconseiller un magistrat aussi ombrageux. Des témoins à charge sont entendus par le Conseil : un voisin d’Ibn Abdessalam, un certain Ben Brahim, vient même déposer contre lui.

Pour autant, le monarque hafside ne se laisse pas influencer et le porte à la tête de la magistrature du royaume en considération de sa valeur intellectuelle et de sa probité notoire.
En dépit de ses lourdes charges, Ibn Abdessalam ne délaissera jamais sa première passion: l’enseignement.
Lorsque la princesse hafside, Fatma, créée en 1342 l’école “Onkia” du nom de la rue «Onk El Jemal», elle obtient du roi qu’elle soit dirigée par son plus important magistrat, Ibn Abdessalam. Ce dernier continuera, au demeurant, à partager son temps entre cette nouvelle école et celle des “chamahiyya”.
Quelques années plus tard, la princesse Fatma l’aurait écarté de son école sous un prétexte fallacieux et y aurait désigné Cheikh Ben Slama.
Les crises de succession qui ponctuent le règne hafside vont finir par paver la voie à la domination étrangère : Les Mérinides de Fès.
L’alliance entre les Mérinides, dont la domination s’exerce sur le Maroc et une partie de l’Andalousie, et les Hafsides, a été scellée par le mariage d’Abou Hassen El Merini avec la fille d’Abou Bakr El Hafsi…»
Abou Hassen se révélera ensuite comme le plus dynamique des sultans mérinides. Déjà en 1310 lorsque son père Abou Saad Othman a succédé à Abou Rabia, ce dernier s’était installé à Taza et envoyé son fils Abu Hassen à Fès  afin d’y occuper le palais et de placer le trésor et les arsenaux sous son autorité en demandant au Makhzen et à l’armée de lui prêter serment.
Et lorsque plus tard en 1328 Ibn Taimiyya meurt dans les geôles du sultan mérinide Abou Saïd Othman en raison de ses idées religieuses rigoristes, ce dernier veut dans le cadre d’une politique d’alliances et de pactes d’amitié u Maghreb développer sa politique étrangère. Il fait alors en sorte de toujours maintenir la paix avec Tlemcen et de nouer des liens avec Tunis en mariant son fils Abu Hassan avec la fille d’Abu Bakr. En même temps les Mérinides reconquièrent Algesiras et assoient leur domination sur Ceuta.

A la mort d’Othman, commence celui d’Abu Hassan (1331-1351) qui se montra donc  le plus grand sultan mérinide. Il compensa sa politique extérieure désastreuse par une bonne politique intérieure surtout sur le plan architectural et culturel. D’ailleurs Ibn Khaldoun nait au début de ce règne (1332).
Mais pour l’Ifriqiya les dégâts furent  nombreux. Désormais, les Mérinides, ne se priveront pas de s’immiscer dans les affaires de notre pays.
«… La disparition de l’émir Abu Bakr en 1346 et les remous qui s’ensuivent leur offre l’occasion rêvée pour annexer la Tunisie à l’empire mérinide.
Ibn Abdessalam est étroitement mêlé à cet évènement ; en effet, le puissant ministre d’Abou Bakr, Ibn Tafragin, souhaite écarter le dauphin désigné, Abû Abbas, et investir un autre fils du défunt Abû Hafs Umar. Ibn Tafragin estime que ce choix sert, mieux son ambition de garder la réalité du pouvoir.
A cet effet, les deux plus grands magistrats du pays sont convoqués au palais royal : Ibn Abdessalam et Lejmi. En présence des notables de Tunis, Ibn Tafragin demande aux magistrats de prendre acte du serment d’allégeance au profit de son candidat, Abu Hafs Umar. Devant une assistance médusée, les deux cadhis ne perdent pas leur contenance et refusent d’accéder à la demande du ministre. Comment peut-il en être autrement lorsque la veille ils ont consigné le serment d’allégeance prêtée à Abû Abbas ? Se déjuger constitue pour eux une forfaiture inacceptable.
Face à cette résistance imprévue, Ibn Tafragin s’absente sous prétexte de prendre part aux préparatifs de l’enterrement du monarque tout en veillant à enfermer dans le palais les deux magistrats et les notables présents. Aussitôt, il se rend à Tunis et réunit tous les notables et les officiers encore disponibles et obtient d’eux le serment d’allégeance voulue.
Enfermé au palais où lui parviennent les sons des tambours annonciateurs du changement, Ibn Abdessalam se sait mis devant le fait accompli ; lorsque, enfin, Ibn Tafragin se présente devant lui, accompagné du nouveau monarque Abû Hafs Umar, il se résigne à prendre acte de l’allégeance nouvelle au risque de passer à la postérité comme l’homme des deux serments….
Le dauphin usurpé de son trône n’était pas, de son côté, prêt à se soumettre au fait accompli. Avec l’aide de tribus arabes, Abû Abbas se dirige vers Tunis que viennent de quitter dans la hâte Abû Hafs et Ibn Tafragin.
Le retour à la légitimité sera de courte durée car Abû Hafs Umar récupère de nouveau le pouvoir en suppliciant, au passage, ses trois frères parmi lesquels le monarque déchu.

Du Maroc, Abou Hassen El Mérini assiste avec un intérêt teinté d’indignation la lutte fratricide que se livrent les prétendants au trône hafside. Il considère que la violation du testament de son beau-père, Abu Bakr El Hafsi, sur lequel figure sa propre signature mérite réparation ; d’autant qu’Ibn Tafragin, réfugié à Tlemcen, le presse d’intervenir.
A la tête d’une imposante armée, le monarque mérinide prend la route de Tunis qui tombe le 15 septembre 1347 sans opposer la moindre résistance.
Le grand historien Ibn Khaldoun, alors adolescent, assiste à l’entrée triomphale à Tunis d’Abou Hassen, accompagné d’Ibn Tafragin dont l’habileté voire la fourberie légendaire lui permet d’accéder de nouveau au sommet.
Le roi Abû Hafs Umar est rattrapé dans sa fuite par des soldats mérinides dans un lieu connu sous le nom de “ Mbarka ” proche de la Hamma de Gabès ; sa tête est remise comme trophée à l’Emir Abû Hassan qui devient -de facto- le monarque de l’Ifriqiya.
La période de grâce ne devait pas durer ; les égards qu’Abû Hassen prodigue aux notables de Tunis et en particulier les lettrés, sa présence aux causeries savantes, sa visite des mausolées des grands saints tunisiens, ne parviennent pas à lui gagner la sympathie de ses nouveaux sujets.
Sa propension à conférer les postes clés de l’administration locale à des Mérinides et le confinement de la famille royale hafside à un rôle protocolaire suscitent un début de désillusion.
L’erreur fatale d’Abû Hassan aurait été de supprimer les privilèges dont bénéficiaient les grandes tribus arabes et notamment celle des Kaâbi. Pour le monarque mérinide, il n’est plus question de se substituer au pouvoir central ou de laisser se développer une fiscalité parallèle. Le pouvoir hafside avait, en fait, souvent toléré le rançonnage des populations rurales par ces tribus en échange d’une paix souvent précaire.
Pour donner à leur soulèvement une légitimité, les tribus arabes font appel à un petit tailleur de Tozeur, Ibn Dabbous, un descendant d’Abdelmou-men Ibn Ali, le grand souverain almohade.

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Cette coalition des tribus arabes inflige en 1348, sous les murs de Kairouan, au puissant roi des Mérinides une cuisante défaite. Même, s’il parvient péniblement à se tirer de ce mauvais pas, Abû Hassan a perdu tout son prestige. Même son illustre ministre Ibn Tafragin l’abandonne et trouve asile à Alexandrie.
Dans ces conditions adverses, Abû Hassen préfère quitter précipitamment Tunis en 1349 ; le sort s’acharne sur lui : sa flotte sombre près d’Alger et ce n’est qu’en piteux état qu’il arrive à Fès. Affaibli et discrédité, il doit abdiquer au profit de son fils…».
Mais sur la version de  la succession d’Abu Hassan par Abu Inane, développée par maitre Sami Mahbouli il existe une autre interprétation (1).
En 1350, après deux années de peste noire au Maghreb, Abu Hassan doit faire face au soulèvement de son fils Abu Inane le futur sultan installé à Tlemcen et aux révoltes dans d’autres villes au Maroc. Abu Hassan après sa défaite face à son fils Abu Inane doit se réfugier dans le haut Atlas où il s’était enfui.
A la mort d’Abu Hassan en 1351, Abu Inane ne manque pas cependant de l’inhumer dans la nécropole mérinide de Chellah (Salé) à Rabat, curieusement proche géographiquement des ruines romaines ; cette nécropole ayant déjà été embellie de son vivant par Abu Hassan avec une magnifique enceinte.
Les touristes visiteurs aujourd’hui de cette nécropole peuvent encore voir la stèle d’Abu Hassan ainsi que celle de sa femme, Chams Al Doha, «Soleil du matin», chrétienne convertie à l’Islam ou les deux reposent.
Cette dernière surnommée Lalla Chella, fait toujours l’objet d’un véritable culte au Maroc tout entier : On vient se recueillir sur sa tombe huit siècles après sa mort.
Ainsi il apparait que la fille d’Abu Bakr le Hafside n’est pas la seule épouse d’Abu Hassan et il semblait manifestement donner sa préférence à son épouse chrétienne.

La domination mérinide en Tunisie aura duré à peine plus de deux ans ; quelques années plus tard, en 1357, les Mérinides tenteront de nouveau, sans plus de succès, d’instaurer leur joug sur notre pays. Le seul survivant politique de “ la parenthèse mérinide ” sera Ibn Tafragin, qui conservera une bonne partie du pouvoir jusqu’à sa mort en 1364.
Quant à Abu Inane s’il reprend  en 1352 (moins longtemps que son père) Constantine et Bône et Tunis où il ne se maintient que quelques semaines, il meurt étranglé en 1358 par l’un de ses vizirs.
C’est la décadence mérinide annoncée et amorcée.
«… Curieusement, la dynastie hafside, qu’on pouvait penser en plein déclin, a trouvé la force de renouer dès 1370 et pendant plus d’un siècle avec sa grandeur d’antan ; le mérite en revient à trois monarques d’exception : Abû Abbas, Abû Faris et Abû Othman.
Ibn Abdessalam n’aura pas le loisir d’assister à “l’âge d’or des Hafsides”. En 1348 la peste s’abat sur Tunis ; on comptera jusqu’à 1000 morts par jour. Son fils est emporté par le fléau avant qu’il ne connaisse le même sort trois jours plus tard. Il fut enterré aux côtés de son fils au cimetière du Jellaz.
Auteur de plusieurs ouvrages de droit musulman, considéré par ses pairs comme un savant de premier ordre, le juge Ibn Abdessalam a su concilier une brillante carrière de magistrat avec une inlassable activité scientifique. Intraitable quant à la séparation des pouvoirs, il ira jusqu’à s’enfermer chez lui et refusera de siéger quand le Caid Hakim, un proche du roi, tentera d’influencer le cours de la justice. Il ne reprendra ses fonctions que lorsque l’Emir lui garantira le respect de son indépendance…»
Ibn Abdesselem apparait dans cette biographie développée par Maitre Sami Mahbouli comme rigoureux à la fois de caractère et au niveau de l’application des préceptes musulmans…
Mais il faut savoir que les Mérinides  d’abord sous le règne d’Abu Yakoub avaient introduit la fête du Mouloud comme commémorant la naissance du Prophète  heurtant de nombreux orthodoxes dont Ibn Taimiyya ; et ensuite qu’Abou Hassan avait plus tard voulu imposer cette fête qui ne fut adoptée qu’à la fin du XIVème siècle.
Par contre l’époque de la dynastie mérinide coïncide avec la perte des musulmans d’Afrique du Nord de toutes leurs possessions espagnoles..Mais il ne faut y voir qu’une simple coïncidence car le cours de l’histoire était déjà tracé et Ibn Khaldoun n’a pas manqué d’en tirer les leçons dans toute son œuvre…Et c’est peut-être la dernière association à faire entre la Khaldounia et Ibn Abdesselem.

Par Hatem Karoui, écrivain

(1) Voir http://www.memoarts.com/index.php/documentation/histoire-du-maroc/110-le...