Marche républicaine: Le monde entier à Paris pour «Charlie»

Marche républicaine: Le monde entier à Paris pour «Charlie»
 
 
C'est une liste qui donne le vertige, une liste à rendre fous les services du protocole et de sécurité français. Mais une liste qui dit l'ampleur de la mobilisation de la communauté internationale autour de la France. Celle des monarques, présidents, chefs de gouvernement, ministres et autres personnalités de haut rang venues du monde entier pour s'associer à l'hommage que le pays va rendre aujourd'hui à ses victimes des attentats.
 
Le roi Abdallah de Jordanie et son épouse Rania, le frère de l'émir du Qatar, un ministre saoudien, le chef de la diplomatie des Emirats arabes unis, son homologue libanais, et le président palestinien Abbas seront dans le même carré du cortège ultra-sécurisé que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. 
 
Fait rare sur le plan diplomatique, et remarquable compte tenu du souci de sécurité des Israéliens -- il est vrai qu'un Netanyahou en pleine campagne législative marquera ainsi des points auprès de son électorat. Seront là aussi huit chefs d'Etat africains, dont le Malien Keïta, le Gabonais Bongo et le Nigérien Issoufou, sans oublier le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov (dont les relations avec Hollande sont pourtant tendues à cause du dossier du Mistral), le président ukrainien, Petro Porochenko, avec qui la Russie est en guerre...
 
La volonté de dire non au terrorisme
 
En tout, plus de quarante-cinq dirigeants vont cheminer, côte à côte, pendant plusieurs centaines de mètres, faisant fi de leurs querelles, pour partager la douleur de la patrie des droits de l'homme. « Charlie est devenu un nom universel. Même s'il n'y a pas une adhésion mondiale au côté provocateur et acide du titre, cet assassinat est un choc mondial, relève Romain Nadal, porte-parole du Quai d'Orsay. Les terroristes ont attaqué ce qui fait l'identité de la France sur la scène internationale. C'est Voltaire, les droits de l'homme, la laïcité. »
 
Au-delà, la volonté de dire non au terrorisme semble expliquer la présence de ces dirigeants, et pas uniquement leur attachement viscéral à la liberté d'expression. Parmi ces délégations étrangères, certaines sont issues de pays qui sont parfois loin de respecter la liberté de la presse, à l'instar de l'Arabie saoudite qui a infligé vendredi cinquante coups de fouet à un blogueur de 30 ans condamné pour « insulte envers l'islam ». 
 
« Mais tous seront là pour s'élever contre des terroristes qui tuent sauvagement des journalistes et des juifs. C'est intolérable pour eux. Et ils savent, aussi, que c'est une menace chez eux », souligne un officiel. Un rassemblement hors normes qui va muer, le temps d'une marche républicaine inédite, Paris en capitale mondiale de la lutte contre le terrorisme.(Le Parisien)