Mehdi Jomâa et le traitement médiatique du terrorisme !

 Mehdi Jomâa et le traitement médiatique du terrorisme !

 

Le terrorisme n'est désormais plus seulement une affaire sécuritaire où des forces de l'ordre armées jusqu'aux dents patrouillent dans les coins et recoins du pays, le terrorisme c'est aussi et surtout l'affaire des médias. Du traitement qu'ils en font et des informations (et même des rumeurs ou mensonges) qu'ils distillent à longueur de journée dépend souvent l'avenir de tout un pays.
 
C'est pour discuter de ce paramètre important qu'une réunion a eu lieu jeudi à la Kasbah entre le chef du gouvernement Mehdi Jomâa, le ministre de la Défense Ghazi Jribi, le ministre délégué chargé de la sécurité, Ridha Sfar, les plus hauts responsables sécuritaires du pays et un groupe important de leaders d’opinion.
 
Consacrée au problème sécuritaire qui prévaut dans le pays et le traitement médiatique fait du terrorisme, cette réunion a été l'occasion idoine de discuter et de débattre de façon franche, et sans détour, du danger du traitement du terrorisme et la stratégie à adopter pour faire face à ce fléau qui ne cesse de persister, malgré de nouvelles mesures plus draconiennes prises depuis l'avènement de la dernière équipe gouvernementale.
 
Au cours de cette rencontre, chacune des parties a clairement mis sur le tapis sa propre conception du terrorisme, ses conséquences sur la société et les outils adéquats pour essayer d’établir une stratégie médiatique pour contrecarrer son influence sur le peuple, ainsi que sur le moral des troupes.

Nul doute que le retour des actions terroristes qui ont atteint tout récemment un certain seuil avec l'attaque de la résidence du ministre de l'Intérieur, et l'escalade de la violence ont été à l'origine de cette nouvelle prise de conscience.
 
Convaincus que le terrorisme ne peut être combattu sans la participation de tous, les responsables sécuritaires ont franchement critiqué l'attitude irresponsable de certains medias qui, selon eux, animés le plus souvent par la course aveugle à la diffusion de scoops, véhiculent de fausses informations qui mettent en danger la stabilité du pays.
 
Certains plateaux de télévision ou de radios font aussi recours à des pseudo consultants, experts non mandatés ou de syndicalistes rancuniers dont le but n'est autre que de venir régler leurs comptes, sans se soucier de l’intérêt du pays. ET c'est donc tout naturellement qu'ils induisent même les journalistes en erreur, lesquels journalistes concoctent  parfois des reportages qui sont à mille lieues de la véritable réalité du terrain.
 
Les représentants des medias, à leur tour, après avoir condamné une certaine "omerta" observée du côté sécuritaire surtout au niveau des ministères de la Défense et de la Justice, se sont plaints du manque d'informations crédibles pouvant les aider à exercer leur métier dans les règles de l'art. Et c'est justement l'absence d'informations crédibles (ou données au compte-gouttes) ou sciemment tronquées qui pousse les chevaliers de la plume ou du verbe à faire appel au système D. Un système D assez dangereux et qui est de nature à saper le travail et le moral des troupes qui ne savent plus sur quel pied danser.
 
Comment informer sans servir le terrorisme? Quelle restriction pour les médias pour lutter contre le terrorisme? Comment manier une information capitale? ...Toutes ces questions et bien d'autres ont été longuement débattues.

Les présents ont certes convenu que le terrorisme ne doit pas affecter la liberté d’expression dans les médias en tant que fondement de toute société démocratique.
Mais ils ont aussi convenu que dans cette sale guerre, l’intérêt de l’Etat doit primer avant tout.  
 
Au terme de cette réunion, sans langue de bois, les différentes parties ont convenu d’adopter une stratégie commune et efficace pour combattre le terrorisme, un terrorisme qui n'est désormais plus seulement une affaire tuniso-tunisienne, tant son foyer principal se déplace au fur et à mesure et ses répercussions faisant tâche d'huile.
 
Comme le prouve la récente déclaration du président américain Barack Obama, le foyer principal du terrorisme international n'est plus l'Afghanistan, mais toute la zone saharienne et l'Afrique du Nord et, principalement, le sud de la Libye qui abrite une dizaine de camps d’entrainement de djihadistes tunisiens revenus de Syrie.

ET c'est un euphémisme que de dire que l'instabilité du voisin libyen a des répercussions immédiates sur la Tunisie.

Face à la gravité de la situation, les présents ont convenu que pour que notre société soit immunisée contre le terrorisme, il faut plus que jamais s’unir dans cette lutte.

Kais Ben Mrad