Mezri Haddad: "Ce qui s'est passé en Tunisie n'est pas une révolution, mais un soulèvement"
Lors d'une interview accordée par Mezri Haddad au site Africanmanager, le philosophe et ancien ambassadeur de la Tunisie à l'UNESCO, a estimé que ce qui s'est passé en Tunisie n'est pas une révolution, mais un soulèvement social encouragé par des Etats étrangers.
"Il n’y a pas eu de révolution en Tunisie mais un soulèvement social, moins grave et moins couteux en vies humaines que ceux de janvier 1978 et janvier 1984. La différence, est que cette fois-ci, il a été exploité et encouragé par des Etats étrangers pour que la Tunisie soit la rampe de lancement du « printemps arabe », c’est-à-dire la destruction des Etats-Nations et leur recomposition conformément au « Grand-Moyen-Orient » conçu par les néoconservateurs américains sous George W.Bush.", lance-t-il.
Et d'ajouter: "La situation actuelle du pays, je la juge comme les 99% des Tunisiens qui ont subi un énorme traumatisme, qui ont perdu conscience et qui, en retrouvant aujourd’hui leur esprit, découvrent un pays qui n’est plus le leur, ni dans le déguisement wahhabite de leurs compatriotes, ni dans la violence et la haine des uns vis-à-vis des autres, ni dans l’insécurité, ni dans la pénurie des produits alimentaires de base, ni dans la médiocrité de leur nouvelle élite « intellectuelle » et politique, ni dans la nouvelle religion sectaire et obscurantiste prêchée dans leurs mosquées et sur leurs chaînes de télévision. En moins de deux ans, la Tunisie a perdu son âme, sa nature, son prestige, son économie et sa souveraineté.