Midani Dhaoui: " En Tunisie, l'agriculture est pénalisée pour sa surproduction"

Midani Dhaoui: " En Tunisie, l'agriculture est pénalisée pour sa surproduction"

 

"C'est triste mais c'est une vérité indubitable. C'est un secteur qui va vers la dérive et vers la perdition". C'est en ces termes que le membre du bureau exécutif du Syndicat National des agriculteurs, Midani Dhaoui, un connaisseur en la matière et un homme de terrain, qualifie avec beaucoup d'amertume la situation qui sévit actuellement dans le secteur agricole tunisien.

Selon lui: "tous les obstacles ont été dressés pour entraver et freiner ce secteur vital dans l'économie du pays. Un secteur qui nourrit des millions de bouches et qui est censé garantir l'autosuffisance alimentaire est laissé au gré du vent et à la merci de la politique d'improvisation. C'est aberrant de voir un secteur aussi productif et aussi primordial tomber dans la négligence et dans l'indifférence".

Et Midani Dhaoui de poursuivre:  "Au lieu de jouir de tous les privilèges et de toutes les aides d'ordre moral et matériel, le pauvre agriculteur qui consent tous les sacrifices pour que son pays ne soit pas privé de denrées alimentaires est accablé d'une part par le poids des dettes ; des taxes et des crédits bancaires et d'autre part, il reste dépendant du caprice des conditions climatiques.. Pire encore, il est sévèrement sanctionné pour avoir travaillé ; sué et assuré une surproduction qui dépasse toutes les prévisions. Le coût de la production ne fait que d'augmenter et le petit agriculteur en subit les frais. Les autorités, à tous les niveaux, font la sourde oreille à toutes les réclamations et à toutes les doléances".

Le membre du bureau exécutif du syndicat national des agriculteurs n'a pas manqué d'évoquer les répercussions du coronavirus sur le secteur.  "Pendant la pandémie du Covid 19, tous les secteurs ont bénéficié de subventions et d'indemnités de la part de l’Etat, Seule l'agriculture est restée orpheline et mise à l'écart Dans ce secteur aléatoire, tout est laissé au hasard. On continue à le gérer avec des moyens archaïques et sclérosés", lance-t-il avec amertume.

"Les études scientifiques qui répartissent les cultures en fonction des spécificités des régions sont pratiquement négligées et remplissent le fond des tiroirs. Certes, le décor que j'ai planté de l'agriculture est des plus sombres et des plus pessimistes mais ce n'est plus un secret de polichinelle. ", a-t-il martelé.

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