Migration: L'Italie propose un blocus naval, mais cette mesure est considérée comme un acte de guerre

Migration: L'Italie propose un blocus naval, mais cette mesure est considérée comme un acte de guerre

Les images de Lampedusa ont déclenché une nouvelle crise politique en Italie. L’ île de plus de 6 500 habitants a vu débarquer en quelques jours plus de 10 000 demandeurs d'asile.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni, à la tête d’une coalition d’extrême droite et de droite, a promis de prendre des "mesures extraordinaires" afin de réduire considérablement l'afflux de migrants "géré par des trafiquants sans scrupules".

Giorgia Meloni a lancé un appel direct à l’UE et parle d’une situation d'urgence à Lampedusa, une question cruciale à laquelle l'ensemble de l'Europe doit répondre d'une seule voix.

Dans un discours enregistré, La Première ministre d’extrême droite, a réclamé "un changement total de paradigme : arrêter les trafiquants d'êtres humains et l'immigration clandestine massive en amont, et se concentrer sur la défense des frontières extérieures".

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est rapidement rendue sur le terrain avec un plan d'action en dix points qui reprenait pour l'essentiel des idées déjà sur la table. Mais une proposition succincte a retenu l'attention : "explorer les possibilités d'étendre les missions navales en Méditerranée".

Le choix des mots n'est pas anodin. Giorgia Meloni souhaite une "mission européenne, y compris une mission navale si nécessaire" pour empêcher les bateaux de migrants d'atteindre l'Italie. Son ministre de l'Intérieur, Matteo Piantedosi, souhaite une solution encore plus radicale : un blocus naval.

Aucun navire n'entre, aucun navire ne sort

Il n'a pas fallu longtemps pour que le terme blocus naval fasse les gros titres dans toute l'Union européenne et enflamme le débat.

Mais si l’idée peut satisfaire un électorat, le concept entraîne des conséquences plus lourdes.

Au sens strict, tout blocus, qu'il soit maritime, aérien ou terrestre, est considéré comme un acte de guerre et nécessite l'existence d'au moins deux belligérants, dont l'un mène l'opération afin d'isoler l'autre des flux commerciaux, des chaînes d'approvisionnement et des lignes de communication. L'objectif ultime est de paralyser l’adversaire et d'entraver sa croissance économique.

Il existe plusieurs exemples de blocus actuellement, l'obstruction permanente de la Russie à l'accès de l'Ukraine à la mer Noire, celui imposé au Yémen par l'Arabie Saoudite et les restrictions sévères décidées par Israël le long de la bande de Gaza.

"_Un blocus naval n'est pas une opération menée en temps de paix. Un blocus naval ne se produit, comme on l'entend actuellement, que pendant un conflit armé internationa_l", prévient Phillip Drew, doyen adjoint de la Queen's University et auteur du livre The Law of Maritime Blockade.

"Une partie de l'exigence d'un blocus est qu'il bloque tout. Aucun navire n'entre, aucun navire ne sort. Peu importe leur intention. Peu importe qui les possède".

Étant donné que l'Italie et la Tunisie sont loin d'un conflit armé - en fait, les deux pays sont liés par un nouveau protocole d'accord - un blocus naval est hors de question, affirme Phillip Drew, qui estime que "l'utilisation de cette terminologie est malheureuse".

L'Italie peut toujours mettre en place une opération navale conventionnelle pour dissuader les navires de migrants d'arriver sur ses côtes. Selon les experts, pour une efficacité maximale, l'intervention devrait être menée le plus près possible des côtes tunisiennes, voire à l'intérieur de celles-ci, afin d'empêcher les navires de partir.

Litre la suite sur Euronews : https://fr.euronews.com/my-europe/2023/09/27/litalie-propose-un-blocus-n...

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