Nidaa: Maher Haffani explique les raisons de sa colère

Dans un post publié sur son compte Facebook, Maher Haffani a expliqué les raisons de sa colère concernant la situation au sein de Nidaa Tounes. Nous avons repris ce post dans la matinée du samedi et indiqué que Mr Haffani y explique les raisons de sa démission du parti. Néanmoins l’intéressé nous a contactés pour démentir cette interprétation ajoutant: "qu’il n'est pas du tout question de démission mais de position qui peut intéresser les militants du parti par rapport à des événements d'actualité".

"Je me suis mobilisé avec beaucoup d'autres pour traduire le besoin de l'établissement d'un équilibre politique sur le terrain par le ralliement des milliers de militants venus de tout bord et de toutes tendances politiques afin de faire ce qu'est devenu Nidaa Tounes.
 
Nous avons été désignés au sein des instances du parti par nomination et décision arbitraire et nous avons accepté parce qu'il fallait bien commencer à ancrer les instances officielles et dirigeantes du parti. Mais nous avons toujours été conscients du déficit de légitimité dont souffrent toutes les instances en l'absence de congrès.

Nous ne nous sommes jamais permis de réagir en leaders incontestés. Nous n'avons jamais prétendu détenir la vérité.
Nous avons, chacun à notre manière et selon nos moyens, milité pour que Nidaa en soit là où il est aujourd'hui c'est-à-dire: vainqueur des élections législative et présidentielle.

Le bas commence à blesser dès le moment où pour je ne sais quelle raison, des leaders auto-proclamés et sans légitimité électorale décident que :

1/ Nida ne peut pas assumer ses responsabilités de parti vainqueur aux élections législatives, faisant comme si les élections n'ont jamais eu lieu.

2/ Que le gouvernement doit comprendre toutes les sensibilités politiques même celles qui sont responsables des égarements et des échecs politiques et socioéconomiques de la période de la constituante.

3/ Certains élus au Parlement décident, unilatéralement malgré les engagements pris lors de 2 réunions du conseil national, une au mois d'août et l'autre en novembre, de revenir sur la décision de ne pas briguer des postes gouvernementaux. Cette décision a pourtant été chaudement et unanimement acclamée.

Considérant ces faits et conscients des conséquences fâcheuses qui peuvent en découler et hypothéquer l'avenir, voire l'existence même de Nidaa à terme, je tiens à exprimer ce qui suit :

1/ Je ne reconnais aucunement la qualité de leader autoproclamé de certains membres du parti qui agissent et expriment des positions qui n'ont aucun fondement issu d'instance légitime et en désaccord avec le fondement et ancrage sociétal de notre parti.

2/ Je désavoue la boulimie de pouvoir et la course aux postes gouvernementaux de certains élus qui avaient pris pourtant l'engagement de servir leurs électeurs au sein du parlement.

3/ Je me désolidarise des propos peu convaincants et stupides qui font état d'averses et de pluies de fonds internationaux à condition de mettre tout le monde au gouvernement. Cela ne pourra que faire de notre parti le complice des échecs et exactions voire des crimes d'hier et nous déchargera de toute crédibilité lors des échéances électorales futures.

En plus de cela, le temps et l'expérience ont montré que les promesses restent toujours des promesses et n'engagent que ceux qui y croient. Et quand bien même elles seraient tenues, rien n'est accordé pour nos beaux yeux. Le plus important des arguments est et restera que la souveraineté décisionnelle devrait être notre principal souci. Ne serait-ce qu'en apparence au moins !

4/ Nous n'avons nul besoin d'une majorité écrasante pour faire face aux décisions parlementaires à venir. La recherche d'un large compromis ne pourra conduire que vers la compromission. Que la démocratie (tant argumentée depuis des années) joue son rôle. A moins que de sombres et sournois projets d'assimilation du Nidaa ne soient en gestation. Ce qui, à ce stade de notre histoire, nous remettra infailliblement sous le joug du parti unique et ses conséquences.