Nouveau livre de Hédi Khélil sur le cinéma saoudien 

Nouveau livre de Hédi Khélil sur le cinéma saoudien 

 
Hédi KHÉLIL, universitaire, critique de cinéma et journaliste, séjourne en Arabie Saoudite, depuis 2010, dans le cadre de la coopération technique. Il vient de publier, à Paris, aux éditions Éric Bonnier, spécialisées dans le monde arabo-musulman, un livre intitulé Le Cinéma Saoudien : Le parcours, la trace et les prévisions, de format moyen, comportant 289 pages.

Avec ce livre, l’auteur semble vouloir en finir avec l’étiquette « spécialiste du Cinéma Tunisien » qui lui a collé durant des années, compte tenu des nombreux ouvrages qu’il a écrits sur les films tunisiens et sur leurs auteurs et producteurs.

Ce nouveau livre d’un auteur qui a fait du septième art la grande passion de sa vie, depuis qu’il était journaliste au « Temps », de 1975 à 1988, puis à « La Presse », de 1994 à 2009, est un peu surprenant, car beaucoup de gens, y compris les Saoudiens eux-mêmes, estiment que le « Cinéma Saoudien n’existe pas encore ». En effet, du cinéma de ce pays du Golfe, on n’a entendu parler que de deux longs-métrages de fiction, Wadjda de Haïfa El-Mansour qui a fait sensation aux festivals de Venise, de Berlin et de Dubaï en 2012, et Barka rencontre Barka (2016) de Mahmoud El-Sabbagh qui fut projeté à Londres pour la première fois.

L’intérêt majeur de ce livre, c’est qu’il retrace, à la lumière de la relance du cinéma, particulièrement après une éclipse de plus de trois décennies, et du secteur des arts visuels et des loisirs, d’une manière générale, les principales étapes historiques et politiques de ce cinéma, les facteurs qui ont dangereusement compromis son existence et ceux qui ont contribué à sa reprise ainsi que les principaux films, tous genres confondus, qui ont jalonné son parcours, de 1977 à 2019.

L’auteur met également l’accent sur les blocages et les carences auxquels est confronté le Cinéma Saoudien qui  manque terriblement de visibilité, notamment dans le pays même qui l’a enfanté.

Cinéma et politique

Y a-t-il vraiment un souffle d’ouverture et de liberté en Arabie Saoudite pour que Hédi Khélil puisse adopter un ton aussi virulent quant à sa perception du Cinéma Saoudien et de la société saoudienne ? Il est toujours sans contrat dans ce pays. Dans son sulfureux livre Le Chien de Bagdad sur ses souvenirs en Irak en 1989-1991 et 2003, où  il a été « très heureux », dit-il, l’érotisme a prévalu sur tout le reste et beaucoup de gens, lui ont reproché d’avoir occulté la culture et la civilisation irakiennes. 

Pourtant son récit n’était qu’un « témoignage », enseigné, sous cette même rubrique, aux départements de français des Facultés des lettres de Sousse et de Sfax, en 2006-2007, autrement dit un genre littéraire dans lequel un auteur se limite à évoquer ce qu’il a vu et vécu. C’est paradoxalement, en Arabie Saoudite, « ce pays austère », selon ses termes, qu’il s’investit pleinement dans la culture, notamment en ce qui concerne la littérature et le cinéma. 

En effet, après la publication en 2018 en France de deux livres, Romancières saoudiennes. Problématiques et enjeux et Le roman féminin saoudien. Discours de la femme et configuration du récit, puis en 2020 de ce livre sur le Cinéma Saoudien, il s’apprête à éditer en mars prochain, aux éditions Actes Sud/Sindbad à Paris, une traduction qu’il a faite d’un « chef-d’œuvre de la littérature romanesque arabe », d’après ses dires, La Direction de la boussole de l’écrivaine saoudienne Noura Al-Ghamdi.

Même si dans cet opus sur le Cinéma Saoudien, l’auteur se focalise sur les films saoudiens, sur leurs thématiques, sur leurs auteurs et leurs conditions de production, on ressent son pressant besoin, à chaque opportunité offerte par un film, de parler de la société saoudienne ainsi que de quelques rois de la dynastie saoudite, tels Saoud qui a régné de 1953 à 1964 et que semble admirer l’auteur, où Fayçal dont le règne a duré de 1964 à 1975, l’année de son assassinat par l’un de ses proches.

C’est, nous semble-t-il, dans ces « digressions » que réside la saveur de ce livre. Celui-qui n’est peut-être, en définitive, qu’une répétition, un avant goût, du livre- témoignage qu’envisage de publier l’auteur sur l’Arabie Saoudite.

 

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