Oyez, oyez ! Et si Hechemi Hamdi présidait le gouvernement d’union nationale

Tout le monde parle ces jours-ci du chef du gouvernement d’union nationale projetée. Des noms circulent. Certains sont de possibles candidats, d’autres sont cités pour servir d’écran de fumée devant des candidats potentiels dont les noms sont jalousement gardés pour les préserver d’être grillés. Peut de gens font des offres de service parce que chez nous, nous n’avons pas la culture de se porter soi-même à la responsabilité.

A part Néjib Chebbi qui a dit qu’il était prêt à assumer la charge et qui en possède toutes les qualités, y en a-t-il d’autres ? Nabil Karoui a fait du lobbying à travers certains de ses amis journalistes ici et ailleurs qui lui ont trouvé toutes les qualités, mais devant l’écho négatif rencontré, il s’est rétracté disant sans fioritures que ce n’est pas encore son temps. A son âge il pourra attendre car il ne manque pas d’ambition pour atteindre un jour la Kasbah sinon plus haut.

Mais voilà qu’on a oublié un homme qui candidate à tous les postes. A la présidence de la république bien sûr mais aussi pour d’autres responsabilités aussi. Bien qu’il habite à Londres et possède la nationalité britannique, il ne désespère pas de se voir un jour confier les clés de la Tunisie. Quand il rentre dans la ville des brumes, il est tout content et ne manque de nous montrer son chez-lui douillet et bien agencé et sa limousine rutilante, mais rapidement il a la nostalgie du bled et se rappelle à notre bon souvenir pour exprimer son désir de prendre de hautes responsabilités dans le pays de ses ancêtres. Vous l’avez deviné, il s’agit du bien nommé Hachmi Hamdi.

Cette fois-ci ce n’est pas lui qui quémande le poste de chef de gouvernement, rien de moins. Mais une de ses affidées, Rym Thabri présidente du bureau politique du parti « le courant de l’Amour » (Tayyar al-Mahabba) qui le fait à sa place. Elle le voit bien conquérir Dar el-Bey pour, tenez-vous bien, appliquer le programme de son parti. Le « document de Carthage » passe à la trappe, ainsi que les programmes des autres partis qui ont pourtant gagné les élections bien avant ce courant bien nommé. Qu’à cela ne tienne. On peut faire une exception. Mais elle ne nous dit pas où son chef bien aimé va habiter. Je ne sais pas si l’obsession d’habiter Hay Ettadhamoun continue à l’habiter. En tout cas il n’aimerait certainement pas crécher à Carthage. On ne sait d’ailleurs pas pourquoi. Attendons-nous, donc, à un conseil des ministres non plus à Dar Dhiafa qui sera désertée mais dans une école dans le quartier de la Solidarité.

Premières mesures : les transports gratuits, les soins à l’œil, les vacances aux frais de la princesse, le pain à 100 millimes et la viande pour des prunes. Le bon peuple va se régaler. Il mangera à satiété, se prélassera au soleil et roupillera jusqu’à pas possible. Pas besoin de budget annuel, pas besoin d’argent, pas besoin de travail. Les caisses d’al-Moustakilla sont là pour ça. Cette chaîne occupera les 10,9 millions de tunisiens 24 h sur 24. Car elle aura l’heureuse idée de montrer le chef du gouvernement dans toutes les postures. Non seulement recevant ses ministres et leur administrant ses instructions ou présidant comités ministériels ou conseil des ministres. Cela sera diffusé en intégralité. Mais aussi on verra notre chef de gouvernement bien-aimé taper sur un ballon avec ses fils sur la terre battue de son palais (car point de gazon signe de richesse, pas comme à Londres), mais aussi siffloter et chantonner des airs bien de chez nous dans sa salle de bain tout en se faisant raser la barbe, mais également manger goulument un kaftagi qu’on prépare spécialement pour lui ou un plat tunisien bien garni comme il les aime. Cela fera bon peuple et le bon peuple aime ça. Cela fera de la publicité pour les gargotiers de tout acabit. Cette publicité sera une manne céleste pour notre chaine qui amassera un argent fou de quoi contenter le bon peuple qui n’en demande pas tant.

La Moustakilla devenue chaîne nationale n’oubliera pas de nous montrer notre chef de gouvernement entouré de ses compétences de ministres portant la chéchia nationale avec la gandoura et le H’rem de ses aïeux. Cela plaira aux Houemed et aux autres y compris les étrangers qui y verront un retour salutaire aux sources.

Continuons de rêver, car tout chef de gouvernement qu’il soit notre Hachmi national n’oubliera pas d’aller de temps en temps battre la semelle pour protester contre un projet de loi que son gouvernement a concocté ou contre un accord qu’il a approuvé surtout s’agissant de touristes à accueillir d’Iran ou de Chine, les premiers parce que chiites ils risquent de contaminer le bon peuple sunnite, alors que les seconds peuvent le conduire à avoir les yeux bridés. Quelle horreur !

Ainsi va la Tunisie. Rien n’est plus hors d’atteinte, ni les hautes charges, ni la fortune, ni les honneurs. Mais n’est pas Bourguiba ni Hédi Nouira qui veut.

Raouf Ben Rejeb