Pour 1,8 million de familles l’endettement est une nécessité, selon l’INC

 Pour 1,8 million de familles l’endettement est une nécessité, selon l’INC

 

Environ 1,8 million de familles tunisiennes se trouvent dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins, sans s’endetter, sur les 2,8 millions, que compte le pays, indique une enquête empirique réalisée par Institut national de la Consommation, en décembre 2018.

L’enquête qui porte sur un échantillon de 3015 chefs de famille, a démontré que 27% des familles tunisiennes (757 mille), considèrent que l’endettement est une nécessité dictée par la détérioration du pouvoir d’achat et 20% le considèrent comme un moyen d’améliorer leurs conditions de vie.

Dans une interview accordée à l’Agence TAP, le directeur général de l'INC, Tarek Ben Jazia, a affirmé que "l’enquête a démontré que 20% des ménages endettés utilisent les crédits contractés pour rembourser d’autres crédits, tombant ainsi, dans un cercle vicieux d’endettement".

Par ailleurs, 30% des familles se sont déclarées prêtes à s'endetter de nouveau, 28% n’ont pas écarté cette possibilité, alors que 30% ne veulent plus contracter de nouvelles dettes.

Toujours selon l’étude de l’INC, 80% des tunisiens estiment que le niveau de l’endettement des ménages est élevé.

Les raisons derrière la réalisation de l’enquête

Le directeur général de l'INC a fait savoir que l’absence de données et de statistiques sur les différentes formes d’endettement et sur ses répercussions socioéconomiques et psychologiques, est la raison principale derrière la réalisation de l’enquête.

L’enquête de l’INC révèle que le taux d’endettement des ménages a nettement évolué en 2017, passant à 31%, contre 29,1% en 2014, outre l’évolution du taux des crédits octroyées aux ménages tunisiens, qui font objets de litiges, et dont l’encours a atteint 919 millions de dinars.

L’usage de l’endettement

Avant 2018, les crédits contactés par les ménages étaient essentiellement, destinés à l’amélioration du logement, suivie par la couverture des dépenses courantes, puis le financement de projets, les dépenses dédiées au mariage et à la santé.

En 2018, la couverture des dépenses quotidiennes est devenue la principale motivation de l’endettement, suivie par l’amélioration du logement, la couverture des dépenses de santé et de l’éducation, et enfin le financement des projets.

L'année écoulée, 61% de l'endettement familial est consacré à la couverture des dépenses courantes et celles relatives à la santé et à l’éducation, contre 34% auparavant.

42% des chefs de familles interrogés (1268 sur un total de 3015) ont déclaré être eux-mêmes ou un membre de leurs familles, endettés avant 2018, contre 25% après cette année. 70% des familles tunisiennes ont un seul crédit, 20% ont contracté deux crédits et 10%, 3 crédits et plus.

Selon l’échantillon interviewé, 51% des familles comptent un membre disposant d’un compte bancaire, dont 43% ont été, au moins une fois, « dans le rouge ».

Face à la difficulté d’obtenir un crédit bancaire, en raison des hausses successives du taux directeur de la BCT, depuis 2018, une grande proportion des Tunisiens ont recours à l’endettement auprès des membres de leur famille.

Ainsi, l’endettement familial se situe au premier rang des formes d’endettement en 2018 (32,5%), suivi par l’endettement bancaire (24%) et les crédits octroyés par des associations de développement (17%).

Avant 2018, ce classement était différent, l’endettement bancaire venait en premier (57%), suivi par l’endettement familial (17%) et l’endettement auprès des associations de développement (12%).

Face à ce constat alarmant, Ben Jazia a appelé les familles tunisiennes à réduire leurs recours à l’endettement, à travers la révision de leur modèle de consommation, mettant en garde contre l’augmentation du coût de l’endettement, qui a favorisé l’émergence de « l’endettement parallèle » auprès des personnes ou des « structures non autorisées ».

Il a fait savoir, en outre, que les dépenses familiales s’orientent, actuellement, surtout vers les télécommunications, le transport et l’éducation, au détriment des produits alimentaires.

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