Pour sauver les humains et la planète, il fait en finir avec les pratiques financières abusives

Pour sauver les humains et la planète, il fait en finir avec les pratiques financières abusives

Les gouvernements pourraient financer les mesures radicales qu’exigent la lutte contre l’extrême pauvreté, la Covid-19 et la crise climatique en recouvrant les milliards de dollars perdus du fait de l’évasion fiscale, de la corruption et du blanchiment d’argent, affirme un groupe de travail des Nations Unies.

Le Groupe de haut-niveau sur la responsabilité, la transparence et l’intégrité financières internationales pour atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (Groupe FACTI) en appelle aux gouvernements pour qu’ils adoptent un Pacte global sur l’intégrité financière pour un développement durable.

Ce groupe a été créé par le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies et le Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) en mars 2020. Il est composé d’anciens chefs d’Etats et de gouvernement, de gouverneurs de banques centrales, de chefs d’entreprise, de figures de la société civile et de chercheurs.

Il affirme que jusqu’à 2,7% du PIB global est blanchi annuellement, alors que les pratiques d’optimisation fiscale des multinationales coûtent aux gouvernements jusqu’à 600 milliards de dollars par an.

Dans son rapport intitulé L’intégrité financière pour un développement durable, le Groupe FACTI souligne le besoin de lois plus sévères et d’institutions plus robustes pour prévenir la corruption et le blanchiment d’argent et en appelle à la fin de l’impunité pour les banquiers, avocats et experts comptables qui rendent possible ces crimes financiers.

Le rapport se prononce également en faveur d’une plus grande transparence eu égard à l’actionnariat des entreprises et aux procédures de financement public, pour une meilleure coopération internationale dans la lutte contre la corruption, pour un impôt international minimum sur les sociétés ainsi que pour la taxation des géants du numérique, et pour une gouvernance globale contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent.

Les pauvres sont spoliés

« Ce système financier défaillant et corrompu spolie les pauvres et prive le monde des ressources nécessaires pour éradiquer la pauvreté, rebondir après la pandémie de Covid, et affronter le défi de la crise climatique », explique Dalia Grybauskaitė, co-présidente du Groupe FACTI et ancienne Présidente de la Lituanie.

« Combler les failles qui permettent le blanchiment d’argent, la corruption et l’évasion fiscale, et réprimer les agissements des banquiers, comptables et avocats responsables, constituent des étapes nécessaires pour la transformation de l’économie globale pour le bien de tous », déclare Ibrahim Mayaki, co-président du Groupe FACTI et ancien Premier ministre du Niger

Au moment où la fortune des milliardaires a augmenté de 27,5% pendant que 131 millions de personnes étaient jetées dans la pauvreté par la pandémie de Covid-19, le rapport souligne qu’un dixième de la richesse mondiale pourrait être dissimulé dans les centres financiers offshore, ce qui empêche les gouvernements de percevoir les recettes fiscales qui leur reviennent.

Le recouvrement du manque à gagner annuel pour les Etats du fait de l’optimisation et de l’évasion fiscale pourrait par exemple financer l’extension du minimum vieillesse au Bangladesh à 9 millions de seniors supplémentaires, payer pour la création de 38.000 salles de classe au Tchad, et permettre à l’Allemagne de construire 8.000 éoliennes.

Réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030

L’actuel Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Volkan Bozkir, s’est félicité jeudi de l’approche développée par le Groupe FACTI et

de ses 14 recommandations. Il s’est dit convaincu que, si elles sont dûment mises en œuvre, elles peuvent faire avancer les progrès vers la réalisation du Programme 2030.

« Les pays en développement ne pouvaient pas se permettre de perdre des ressources dans le meilleur des cas et ils ne peuvent certainement pas se le permettre maintenant, au milieu de la crise de la Covid », a-t-il dit dans un discours lors de la présentation du rapport.

« En tant que communauté internationale résolue à lutter contre les inégalités et à promouvoir le développement durable, nous devons mettre en place les principes mêmes de transparence, de saine gouvernance et de responsabilité que nous défendons si souvent. Ne pas le faire empêche les personnes vulnérables d'accéder aux infrastructures et services de base et les condamne à une vie d'inégalité et de pauvreté », a-t-il ajouté.

Selon le Président de l’Assemblée générale, « il incombe à chacun de nous de mettre en place un système d'intégrité financière pour le développement durable ». « Cela libère non seulement des ressources qui seraient autrement perdues, mais renforce la confiance dans nos systèmes de gouvernance internationaux, nationaux et locaux, démontrant la transparence, la responsabilité et la capacité de mettre en œuvre le Programme 2030 », a-t-il estimé.

M. Bozkir a rappelé qu’une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la corruption aurait lieu du 2 au 4 juin.
 

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