Pour survivre, cette fillette de 13 ans abandonne l'école et offre ses services pour 5 dinars

Pour survivre, cette fillette de 13 ans abandonne l'école et offre ses services pour 5 dinars

Photo d'archive

On ne se lance pas dans un titre pareil sans biscuit,  la gravité du sujet que je vais exposer ci-après, devrait éveiller en nous un impératif moral nous poussant à agir promptement, Société Civile et Autorités, pour éviter à la jeunesse les affres d’une décadence sans fin.

Une Histoire Vécue

La Marsa, Dimanche 16 Avril, vers 14 :30, il faisait bon, mais les rues étaient quasi-désertes à cause d’un vent aveuglant.

Alors que je m’apprêtais à ouvrir la porte de ma maison, une fillette âgée de 13-14 ans, le regard plutôt hagard, déguenillée, m’interpela : « Tonton, avez-vous 5 dinars, c’est pour rentrer chez moi.. » je répondis par la négative.

Elle insista en ajoutant « …je ferais ce que vous me demanderiez … »

Devant la gravité de ses propos, craignant que quelque individu, dont la vertu ne serait pas une qualité cardinale, n’abusasse d’elle, je me suis résigné à arrêter un taxi, le payant d’avance, pour la ramener chez elle…elle habitait dans un quartier populaire de la Marsa, à 3 km de chez moi !

C’est une décrocheuse scolaire, elle avait quitté le collège il y un an, pour aider sa famille qui vit dans l’indigence totale, avançait-elle ! Voila, on en est arrivé là…en Tunisie….la prostitution infantile prend son chemin.

Le Décrochage Scolaire et ses Ravages

Depuis deux décennies, l’abandon scolaire précoce fait des ravages parmi les familles modestes et désargentées. En se basant sur une batterie de données disponibles et publiées par la Banque Mondiale, et selon les estimations, le nombre de jeunes qui n’auraient  pas rejoint les bancs de l’école en 2016, serait de l'ordre de 160 Mille !
http://www.huffpostmaghreb.com/farouk-ben-ammar/tunisie-les-abandons-sco...

Quand vous avez 160 000 ou 100 000 décrocheurs scolaires, quel est le sort des moins fortunés : La délinquance, le vol, la contrebande, les drogues et éventuellement la prostitution infantile….la misère est mère de tous les vices.

Hélas, ce phénomène prend de l’ampleur d’année en année. Déjà, dans le rapport de la conférence « A Civil Society Forum for North Africa and the Middle East on Promoting and Protecting the Rights of Street Children », qui s’est déroulée au Caire en Mars 2004, on peut lire :

….le décrochage scolaire des jeunes tunisiens est devenue très fréquent et est en nette progression. Beaucoup d’enfants quittent l’école en quête de libertés qu’ils ne trouvent pas ni chez eux ni à l’école, et ils passent leurs temps à inhaler de la colle, à fumer ou à jouer avec d’autres enfants…

…La précarité socioéconomique de maintes familles, rendent difficile le maintien de leurs enfants à l’école. Durant les mouvements de protestation de 2011, un grand nombre d’écoles ont été fermées, plusieurs peuvent être ré-ouvertes…130 000 enfants tunisiens sont devenus orphelins et grandissent sans leurs parents….
http://gvnet.com/streetchildren/Tunisia.htm

Bien que si jeunes, beaucoup se trouvent responsables de leurs familles. La vulnérabilité socioéconomique des ménages gérés par des enfants est extrêmement élevée. Souvent des enfants doivent travailler pour gagner de l’argent, ce qui les empêche d’aller à l’école.

LE TRAVAIL DES MINEURS ET LA PROSTITUTION INFANTILE EXISTENT BIEN EN TUNISIE, BIEN QUE CES PHÉNOMÈNES SOIENT DE MOINDRE AMPLEUR QUE DANS BEAUCOUP DE PAYS AFRICAINS.
http://www.sos-childrensvillages.org/where-we-help/africa/tunisia

Le Rapport peu flatteur sur la Tunisie du « Department of Sate » Américain

Dans son rapport intitulé « 2016 Country Reports on Human Rights Practices – Tunisia », publié en Mars 2017 par le ministère des affaires étrangères américain (United States Department of State) on peut lire, ce qui suit :…Le pays (la Tunisie) n’était pas une destination pour le tourisme sexuel infantile, cependant, l’Organisation Internationale pour les Migrations (International Organization for Migration) a enregistré un certain nombre d’enfants victimes d’exploitation sexuelle par le biais de la prostitution, bien que l’ampleur du problème ne soit pas connue.

En juillet 2016, le ministère tunisien de la Femme, de la Famille et de l’Enfance annonçait que les cas concernant des enfants victimes de violences, dont les abus sexuels, a triplé depuis 2013.

Selon des données  fournies par des institutions locales pour la protection de l’enfance, les cas d’abus reportés ont enregistré une croissance vertigineuse pour passer de 262 cas en 2013 à 601 cas en Novembre 2016.

33% des victimes d’abus sexuels ont déclaré des cas de molestations sexuelles directes, alors que 51% ont dénoncé du harcèlement sexuel sans contact sexuel direct…
http://www.refworld.org/topic,50ffbce4c9,50ffbce4d5,58ec89b413,0,,,TUN.html

Ministère des Affaires Étrangères Américain : La Tunisie - Un Pays de Transit pour le Trafic Sexuel et l’Exploitation des Enfants des Rues

DANS SON RAPPORT DE 2014 INTITULÉ « TRAFFICKING IN PERSONS REPORT », LE DÉPARTEMENT D’ÉTAT AMERICAIN, SIGNALE QUE LA TUNISIE EST UNE SOURCE, UNE DESTINATION ET VRAISEMBLABLEMENT UN PAYS DE TRANSIT POUR DES HOMMES, DES FEMMES, ET DES ENFANTS ASSUJETTIS AU TRAVAIL FORCÉ ET AU TRAFIC SEXUEL.

La jeunesse tunisienne est victime de diverses formes de trafic, en consistance avec des faits rapportés et documentés. Des organismes internationaux rapportent, que depuis la révolution de 2011, un nombre croissant d’enfants des rues (Street Children) et d’enfants ruraux, en Tunisie, travaillent pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Selon les livraisons d’une étude, ces enfants seraient vulnérables au travail forcé et au trafic sexuel.

Et d’ajouter, des femmes tunisiennes ont été recrutées dans la prostitution contre de fausses promesses de travail en :
•TUNISIE.
•LIBAN.
•ÉMIRATS ARABES UNIS.
•JORDANIE.

Alors que de jeunes filles tunisiennes, âgées entre 15 et 18 ans, sont exploitées dans des réseaux de prostitution dans les régions côtières de SOUSSE et de SFAX. Aussi, les femmes qui fuient leurs pays, dévastés par les conflits, vers la Tunisie, demeurent vulnérables au trafic et à l’exploitation sexuelle en Tunisie même.

Des sources sécuritaires tunisiennes rapportent que des gangs organisés recrutent les enfants des rues pour servir de voleurs, de mendiants et pour le transport des drogues…
https://www.state.gov/j/tip/rls/tiprpt/countries/2014/226837.htm

Pour le moment, le seul cadre juridique qui protège les enfants est la Convention des Droits de l’Enfant : loi n° 91-93 du 29 novembre 1991. Mais beaucoup d’efforts doivent encore être consenties pour contenir un phénomène dévastateur qui contamine toutes les strates de la société et en particulier les plus démunies.

Farouk Ben Ammar

 

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