Pourquoi cette haine des journalistes ?

Pourquoi cette haine des journalistes ?
 
 
A des degrés différents, de la simple «réprimande», portant atteinte à la dignité, et jusqu'à l'agression physique, les violences de plus en plus fréquentes contre les journalistes ont tendance à être gravement banalisées. Et il ne se passe pas une semaine sans que l'on n'enregistre un incident quelconque d'une gravité certaine.
 
Le dernier en date est celui de l'agression de l'équipe de la télévision nationale, Al Watania 1, par le chef du poste de la garde nationale d'El Agba et ses agents, dimanche dernier, alors qu'elle était venue couvrir le drame de la noyade d'un jeune dans le canal de la Medjerda.
 
Une animosité, telle que nous l'avons suivie en partie lors d'un reportage sur cette affaire, qui dénote une haine injustifiée contre les journalistes, bien qu’Ikbal Kalboussi, le journaliste, et Atef Ben Hassine, le cameraman, aient présenté les documents officiels de leur mission.
 
Documents qui ont été totalement ignorés par les préposés à la sécurité, en plus des tentatives musclées de saisie du matériel de cette équipe qui n'est pas, à notre connaissance, la propriété des deux journalistes, mais un bien d'une institution nationale, l’Établissement de la Télévision tunisienne.
 
A voir cette agressivité et cette haine, ces graves insultes verbales à leur encontre, portant atteinte à la dignité humaine et donnant véritablement la chair de poule, on se demande de quelle impunité jouit le corps du ministère de l'Intérieur ?
 
Sachant que ce genre d'agression n'est ni le premier ni le dernier, il est temps que toutes les parties réagissent à ce comportement contraire à la Constitution, aux lois, aux droits de l'Homme, à la dignité humaine...
 
Quelle différence y a-t-il entre l'agression d'un journaliste dans un territoire hostile, toujours répréhensible et à condamner, et celle opérée dans son propre pays ?
 
A notre sens et à ce jour, aucune volonté n'a été exprimée par nos responsables politiques au sujet des atteintes répétées au corps des journalistes, et même les incidents enregistrés ici et là n'ont eu aucune suite. C'est que l'impunité reste un bouclier solide et infranchissable pour échapper à la justice et à tout compte rendu de ces exactions.
 
D'autre part, la réhabilitation et l’assainissement du corps sécuritaire n'ont pas atteint le degré souhaité, même si la volonté de changer l'approche sécuritaire est évidente chez les cadres du ministère de l'Intérieur, certains agents, eux, gardent toujours ces réflexes d'abus de pouvoir, un comportement très grave qui ne peut que porter atteinte aux principes de la liberté d'expression et de la Liberté telle que garantie par notre Constitution et les lois internationales.
 
Tant que la dignité du citoyen n'est pas respectée, en commençant par la manière de s'adresser à lui, sans l'offusquer, il ne peut y avoir de réconciliation entre ce citoyen et le sécuritaire, sachant qu'il est du devoir de l'agent de sécurité d'être respectueux du citoyen dans toutes les situations, particulièrement aujourd'hui après le recouvrement, en principe, de nos droits, de notre liberté et de notre dignité...
J.B.A.