Pourquoi veut-on brader les parts tunisiennes dans la société tuniso-mauritanienne Mattel ?

Pourquoi veut-on brader les parts tunisiennes dans la société tuniso-mauritanienne Mattel ?

Le Conseil d'administration de l’opérateur historique tunisien, Tunisie Télécom, a décidé, depuis le 20 janvier 2022, la cession de ses parts (51%) dans le capital du premier opérateur de téléphonie mobile en Mauritanie, Mattel.

Fruit d’une joint-venture tuniso-mauritanienne, ce projet était pourtant considéré comme le plus important partenariat économique entre les deux pays.

Ainsi, malgré le positionnement africain et régional de l’entreprise tuniso-mauritanienne qui a enregistré des résultats bénéficiaires de 10 millions de dollars sur les deux dernières années après avoir connu une période financière assez critique, la cession controversée des parts de Tunisie Télécom est amorcée sur fond de tiraillements et polémiques entre les associés.

La partie tunisienne pourrait semble-t-il même officialiser la cession d’une partie de ses parts dans les jours à venir et accepter l’une des offres qui lui a été faite dans ce sens. Il s’agit de l'offre du Groupe Bouamatou SA (BSA) dirigé par l'homme d'affaires mauritanien et l’un des associés de Mattel, Mohamed Ould Bouamatou.

Cette cession concerne seulement 31% du total des actions de Tunisie Télécom pour un montant de 24 millions de dollars. Montant qui a été fixé suite à une évaluation financière de la société faite pendant l'année 2020, bien avant l’amélioration de la situation de la société et l’enregistrement de résultats bénéficiaires.

Néanmoins, il semblerait que cette offre est considérée financièrement moins intéressante que les autres offres proposées d’autant plus qu’elle prévoit un paiement échelonné.

En acceptant cette offre et en validant cette proposition de vente à échéances, les risques de contentieux pourraient bloquer la suite de la transaction.

Sachant que d’autres offres de rachat de 100% des actions de Mattel ont été déposées par les plus grands opérateurs de télécommunications dans le monde, tels que Axian, Telecel et Orange.

Dans l’état actuel des choses, Mattel est devenu un objet de tiraillements entre deux groupes mauritaniens associés dans son capital avec Tunisie Telecom, à savoir les Groupes Bouamatou SA (BSA) et Bechir El Hassen (Comatel). Ce dernier a même menacé de recourir aux tribunaux internationaux en cas d'approbation de l'offre de rachat de Mohamed Bouamatou.

Selon ses dires, cette offre n'est pas intéressante car elle est en dessous des espérances et ne convient en aucun cas avec les résultats bénéficiaires enregistrés par Mattel ces deux dernières années. Il considère aussi qu’elle ne prend pas en compte les intérêts de tous les actionnaires ainsi que du positionnement actuel important de Mattel.

Il est à rappeler qu’après plus de 22 ans, Mattel est devenu l’un des principaux acteurs des nouvelles technologies de l’information en Mauritanie. Elle compte aujourd’hui 70 agences, 300 employés et plus d’un million et demi d’abonnés.

Reste à savoir dans ce cas si cette vente des parts de TT dans le capital de Mattel s’inscrit dans le cadre d’une politique de l'État tunisien pour renflouer ses caisses. Et si c’est le cas, est-ce que la priorité est de céder les sociétés rentables qui ramènent de fortes recettes en devises, ou des sociétés perdantes !?

Imen Zine

 

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