Quand la guerre en Libye promeut l'immobilier tunisien au détriment du Tunisien

Pour comprendre un peu la grande inflation dans le marché de l’immobilier en Tunisie, je commencerais, comme à l’accoutumée, par un petit aperçu historique.

La Libye en Proie aux Séparatistes !

Originellement, la Libye voisine était divisée en trois provinces :

1.La Tripolitaine : Capitale « Tripoli ».
2.Le Fezzan : Capitale « Sebha ».
3.La Cyrénaïque : Capitale « Ben Ghazi ».

Vers 1911, le colonisateur italien a réuni ces trois provinces, en un seul pays, formant la Libye actuelle, nom éponyme de la tribu « LIBO » qui dominait cette contrée au 12éme siècle de notre ère.

Après le retrait de l’Italie fasciste, la Libye est tombée sous administration britannique jusqu’en 1956, année de son indépendance. Les Snoussi ont, alors, repris le pouvoir jusqu’au coup d’État de 1967 du feu colonel M.Khadafi, fervent prosélyte du leader Égyptien panarabe J. Abdennaceur.

Les derniers au pouvoir, les Snoussi, dont les héritiers militent en terre d’exil, sont issus d’une tribu de la Cyrénaïque. Ainsi, le drapeau tricolore a été brandi par les insurgés de Benghazi, ville bastion de cette région, et épicentre de la révolte contre le régime de Tripoli.

Les Snoussi bénéficient du soutien des pétromonarchies arabes et de leur protecteur, les USA, qui ne peuvent tolérer l’institution d’une république, dans ce pays riche en ressources pétrolières et gazières. Ce fin stratagème a été compris par Khadafi, qui a mis tous les stocks d’armes à la disposition de la population pour faire régner les milices, créant ainsi un Etat latent de guerre civile : ET IL A RÉUSSI !

Cet état de fait nous mène vers une seule conclusion : L’INÉLUCTABLE DIVISION DE LA LIBYE. PAR VOIE DE CONSÉQUENCES, L’EXODE EN MASSE DES LIBYENS LES PLUS FORTUNÉS VERS LA TUNISIE.

Tunisiens et Libyens : Frères d’Armes !

Durant la lutte armée pour l’indépendance, les résistants tunisiens persécutés par la gendarmerie et l’armée française, avaient fui la Tunisie pour s’installer dans des camps d’entraînement en Libye. Des camps dirigés par des militaires égyptiens, pour après perfectionner la formation militaire des combattants en Égypte.

Pour ainsi dire, les Libyens et les Tunisiens étaient frères d’armes contre les colonisateurs, Français, Britanniques et Italiens. Leurs sangs se sont mêlés dans les maintes batailles qui ont abouti à l’indépendance.

Après l’indépendance, les relations tniso-libyennes étaient stables, et bien que sporadiquement émaillées de quelques bisbilles, les peuples sont toujours frères.

Lors de l’insurrection populaire en Libye en Février 2011, cette fraternité a été bien illustrée, au sud tunisien, dont la population avait montré un élan de solidarité implacable avec les milliers de réfugiés libyens et africains, et asiatiques de toutes nationalités qui ont afflué en Tunisie en quête de refuge. Des Tunisiens ont partagé leurs vivres, leurs domiciles et sacrifié leur quiétude pour accueillir les sinistrés.

L’Inflation de l’Immobilier et les taxes 2014

Ce qui dépare cette solidarité, ce sont les quelques Tunisiens, qui avaient  saisi cette occasion, pour louer leurs logements secondaires à des prix presque prohibitifs.

Des Tunisiens ont fait évacuer des locataires tunisiens pour louer aux familles libyennes fuyant leur pays plongé dans le chaos, des habitations sommairement meublées, pour des sommes variant entre 50 à 400 TND la nuitée. Une occasion saisie au bond par les tunisiens qui ont des logements secondaires.

SELON UNE PREMIÈRE ESTIMATION, IL S’AGIT D’UN CHIFFRE D’AFFAIRES DE L’ORDRE DE 30 000 000 à 50 000 000 TND PAR AN. Ce volume d’affaires échappe évidemment aux services fiscaux et n’est pas pris en compte dans le calcul du PIB.

CE QUI A POUSSÉ, ENTRE AUTRES RAISONS, LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE A TAXER LES RÉSIDENCES SECONDAIRES DANS LA LOI DES FINANCES DE 2014 !

En réaction à ces nouvelles dispositions, le marché de l’immobilier connaît ces derniers temps un grand essor et une inflation outrageuse. De leur part, les Tunisiens vendent leurs biens immobiliers pour du cash et dans la plupart des cas en devises étrangères, et de l’autre côté le Libyen qui réside presque en permanence en Tunisie, trouve mieux son compte en investissant dans l’immobilier, d’où la flambée des prix et cela va sans compter avec l’inflation qui touche les matériaux de construction et le coût de la main-d’œuvre.

CONSÉQUENCE DIRECTE: LE TUNISIEN MOYEN NE PEUT PLUS ESPERER ACQUÉRIR, UN JOUR, UN LOGEMENT…UN AUTRE DROIT BAFOUÉ…

Dr Farouk Ben Ammar