Quand la haine devient une « envahissante passion » !

Quand la haine devient une « envahissante passion » !

Le ministre français de la Justice, Eric Dupond ­Moretti, est monté au créneau après le crime terroriste crapuleux dont a été victime un professeur d’histoire, décapité vendredi dernier en pleine rue, appelant « les procureurs généraux à travailler sur les moyens de renforcer la répression des faits liés plus ou moins directement à la menace terroriste », rapporte le journal le Monde dans son édition de mercredi 21 octobre 2020. Deux types de faits sont particulièrement visés », d’une part, les « associations qui, sous couvert d’une action éducative, culturelle ou sportive font preuve de prosélytisme et prônent des valeurs incompatibles avec celles de la République ». D’autre part, « les comportements, notamment sur Internet, incitant à la haine ou appelant à commettre des crimes ou délits ».

Parmi les propositions avancées, l’amendement de la loi de 1881 sur la liberté de la presse les délits d’incitation à la haine qui « entrave ce genre de poursuite ».

Il a fallu tant de victimes du terrorisme et de haine pour que la France se réveille sur une réalité cruelle et crue.  Et découvre que le feu couvait déjà sous les cendres.

La propagation du discours de la haine sur les réseaux sociaux, voire dans certains médias est devenue monnaie courante chez nous. Pire encore, il est véhiculé à l’intérieur de l’hémicycle par des supposés« honorables » députés qui puent la haine et la rancœur. Et nous renvoient une image hideuse à vomir, en raison du comportement répréhensible de certains d’entre eux.

Et quand un « député » de chez nous justifie la décapitation d’un homme, et qu’une chaine arabe lui donne de la voix pour déverser son fiel, cela devient intolérable. Certes, le parquet antiterroriste tunisien a ouvert une enquête, mais le mal est déjà fait. Et l’on se rappelle que ce gendre de discours a été à l’origine d’assassinats politiques : Chokri Belaid, Mohamed Brahmi et Lotfi Nagguedh.

La haine ambiante obscurcit notre ciel

Aujourd’hui, et alors que le pays s’enlise dans une crise multiforme sans fin, cette haine ambiante obscurcit notre ciel. Elle est attisée par des politiques à la recherche d’un nouveau positionnement ou d’une nouvelle virginité, des chroniqueurs et des animateurs stipendiés par leurs « maitres », des médias, « mercantiles et manipulateurs », pour remonter les Tunisiens les uns contre les autres et souffler sur des plaies encore béantes. Ceux qui ne partagent pas la même opinion sont dénigrés et trainés dans la boue. Une fois accumulée, la haine va exploser au visage de tout le monde.

Ce qui est grave encore, elle conquiert des âmes jeunes en perte de repères. Elle devient contagieuse et « se nourrit d'une pensée réduite à des hoquets de ressentiment ». Et devient « une envahissante passion ».

Le discours religieux extrémiste et « takfiriste » a plus d'influence sur eux que le discours politique jugé fallacieux et sans crédibilité. Tout comme l'imam de la localité, devenu un modèle pour les jeunes parce que, pour eux, plus sincère que l'élu. Ils ont beaucoup plus confiance dans la religion que dans la démocratie et succombent aux sirènes du jihad à l'engagement civique.

Inutile de revenir sur les causes de cette décrépitude, nous en avons déjà palé plus d'une fois. Mais il semble que les institutions en charge des jeunes regardent ailleurs au lieu de se pencher sérieusement sur la question des jeunes.

Tant que certains resteront enfermés dans une sorte d’autisme, repliés sur leur passé, leurs blessures, leurs certitudes et leurs haines, il serait difficile d’entrevoir la lumière au bout du tunnel. Il faudrait déconstruire les contre-vérités et les idées reçues et savoir aller au-delà de son appartenance politique ou idéologique pour agréger de sensibilités différentes voire contraires.

Pour paraphraser Emile Zola qui se demandait comment a-t-on pu « inoculer dans de tels jeunes esprits, le poison de l'antisémitisme », nous dirions « comment a-ton laissé faire des esprits nocifs pour inoculer la haine de la vie dans de jeunes esprits » ?

N.B : la photo d’illustration est celle de l’affiche du film « la haine », considéré comme  un film de culte du cinéma français et contribue à lancer les carrières de Matheu Kassovitz et de Vincent Cassel. Sorti en 1995 il est ressorti en salles début Août 2020.

B.O

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