Quand les questions tunisiennes font polémique dans le pays du Nil : en rire ou en pleurer ?

La Tunisie n’a jamais été autant citée dans les médias ou parmi l’opinion publique d’Egypte. Que ce soit dans la presse dite sérieuse, ou sur les chaînes de télévision connues pour mettre en scène des controverses réelles ou virtuelles pour peu qu’elles donnent lieu à des querelles, ce sont les propositions du président Béji Caïd Essebsi pour l’égalité de l’héritage entre les hommes et les femmes ainsi que en faveur du mariage de la musulmane avec un non-musulman qui sont l’objet de ce soudain intérêt pour les questions tunisiennes.

Si pour certains médias, les propositions du président tunisien méritent un « débat sociétal » qui intéresse l’Egypte, quand bien même de telles idées ne sont pas applicables au pays du Nil, d’autres les plus nombreux profitent de l’occasion pour verser leur fiel sur la Tunisie. Prenant prétexte de ce qui est à leurs yeux une remise en question de certains versets coraniques sur les questions soulevées, ils n’ont pas raté l’occasion pour attaquer notre pays, usant de micro trottoirs dont la finalité est de présenter un pays qui prend des libertés avec la religion musulmane.

Le pire c’est qu’ils ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. Ainsi la femme tunisienne est rabaissée et qualifiée de tous les noms insultants pour sa dignité et pour sa moralité. Alors qu’elle n’a rien demandé elle est traînée dans la boue. A se demander pourquoi tant de haine alors que les propositions sont faites par le président tunisien et ne concernent que son seul pays puisqu’elles sont destinées, à ses yeux à mettre la loi en adéquation avec les dispositions de la nouvelle Constitution adoptée en janvier 2014.

Loin donc de lui l’idée de faire du prosélytisme ou d’imposer quoi que ce soit ni aux Egyptiens ni aux autres musulmans. Ce qui interpelle c’est que l’on se croit devant une véritable campagne de presse dont seule l’Egypte a le secret. Puisque l’on retrouve les mêmes arguments et des réflexions analogues, ce qui laisse à penser qu’il s’agit d’une action concertée.

Nous en sommes d’autant plus intrigués que nous n’avons jamais dit que nous détenons la vérité et que ce que nous faisons peut être appliquée en dehors de la Tunisie. L’Egypte est certes un grand pays frère mais autant nous respectons ses choix et ses politiques autant nous réclamons qu’il agisse de même envers notre pays.

La presse égyptienne peut paraître débridée mais elle ne l’est pas autant qu’on peut le penser. Le temps des campagnes de presse est révolu et il n’est pas de notre intérêt de revenir à des méthodes surannées qui ont fait leur temps.

Certes nous sommes deux pays proches qui par l’histoire, la géographie, la culture et les affinités nombreuses et variées ont la plupart du temps marché la main dans la main avec une inévitable harmonie mais ce n’est pas une raison pour que les invectives et les insultes fusent contre la Tunisie alors qu’elle ne nourrit qu’estime et considération envers le pays du Nil. Elle attend de lui qu’il lui rende la monnaie de sa pièce.

C'est une situation ne peut que créer un malaise entre les deux peuples. Faudrait-il en rire ou en pleurer?

RBR