Quand un lycée de Djerba arbore impunément une croix gammée nazie !

Quand un lycée de Djerba arbore impunément une croix gammée nazie !
 
 
La « Kharja du Bac » est paraît-il un moment important dans nos lycées. Le démarrage des épreuves du baccalauréat offre aux élèves, qui en sont les inventeurs, l’occasion d’un défoulement collectif avant le bachotage qui doit les conduire aux épreuves écrites début juin. 
 
Les élèves  font preuve d’ingéniosité pour rechercher des thèmes qui font parler de leurs lycées. Y compris les plus farfelus et parfois les plus graves. 
 
Ainsi il y a des années on a vu les drapeaux noirs de Daesh flotter sur les lycées, de même qu’un portrait géant d’Hitler faisant le salut nazi. On a mis cela, à l’époque sur le dos ou de l’ignorance ou de la volonté de se distinguer pour faire le fameux buzz. Et on était magnanime pour passer la main tout en prenant la décision d’ « encadrer » ce genre de manifestations qui se déroulent dans des établissements publics sous l’autorité de proviseurs nommés par l’Etat. Ceux-ci doivent avoir leur mot à dire et ne pas autoriser ce qui risque de porter atteinte, de quelque manière que ce soit, à la réputation de l’Education nationale.
 
Voilà que cette année, on se trouve dans la même situation. Fini l’encadrement, on ne sait. Ce qu’on sait par contre c’est qu’une grande banderole portant la croix gammée, signe distinctif du nazisme a flotté sur un lycée de Djerba au grand dam des Tunisiens. Surtout à Djerba, l’Ile des Lotophages où continue à vivre la plus vieille communauté juive, non seulement en Tunisie mais peut être bien dans le monde ! Le pire,  c’est que cela arrive avant le Pessah, les Pâques juives  qui seront suivies bientôt par le pèlerinage de la Ghriba, une des plus vielles synagogues  au monde. Un moment important pour notre tourisme. Si cette fête se passe bien dans la sécurité et la bonhomie tunisienne, la saison touristique peut être sauvée partiellement. Sinon ce sera la catastrophe.
 
Les élèves de ce lycée se rendent-ils compte du tort qu’ils se font à eux-mêmes à leur Ile et à leur pays, en arborant cette croix gammée qui était le signe distinctif du régime qui a fait le plus de mal aux juifs, leurs compatriotes  et tous les israélites de par le monde. Savent-ils que, quand les autorités françaises de Vichy avaient obligé les juifs y compris en Tunisie à porter l’étoile jaune distinctive pour pouvoir les rafler aisément, le Bey de Tunis, Sidi Moncef, avait refusé que ses sujets juifs portent sur leurs habits ce signe de la honte. 
 
Font-ils la distinction entre le sionisme et le judaïsme, le premier peut être condamné pour ses agissements contre les Palestiniens, alors que le second est une religion du Livre révélée par Moïse le prophète que nous révérons et qui est cité plusieurs fois dans le Coran.
 
Il ne fait pas de doute que ce grave écart est né de l’ignorance quand il n’est pas dû aussi à une sorte de légèreté condamnable. Le ministre de l’Education Néji Jalloul est lui-même professeur d’Histoire. Comment laisse-t-il de tels comportements se dérouler dans nos établissements publics. Où est donc le proviseur du Lycée et tous les autres surveillants généraux, surveillants, enseignants et j’en passe. Ne nous ont-ils  pas dit que cette « kharja » devenue traditionnelle sera encadrée ? Peut-on imaginer qu’un chef d’établissement ne sache pas ce que préparent ses élèves. Je ne crois pas qu’il ait été pris de court. Il serait là encore plus fautif.
 
La question qui me brûle les lèvres où est M.Mastouri Gammoudi et son syndicat général de l’enseignement secondaire. Lui qui veut la cogestion et qui  interfère dans tout, y compris dans les programmes scolaires et parascolaires, pourquoi on ne l’entend pas quand il s’agit d’un grave cas de dysfonctionnement dans un lycée sous le regard approbateur des adhérents à son syndicat.
 
On l’a entendu fustiger « le culte de la personnalité » quand le ministre a exprimé le souhait de voir les professeurs d’histoire et d’éducation civique rappeler les grands faits de Bourguiba le jour anniversaire de son décès, mais quand la banderole de la croix gammée est  accrochée dans un lycée tunisien, il ne dit rien. Celui qui ne dit rien approuve. Peut-être ignore-t-il lui-même ce que cela signifie.
 
M. Jalloul doit inscrire dans les programmes des établissements secondaires des cours de culture générale où on doit expliquer aux élèves plein de choses sur leur pays et sur le monde où ils vivent. Peut-être à ce moment on pourra éviter ce genre de situation. Faudra-t-il alors demander l’autorisation à Mastouri Gammoudi et aux siens, car il peut très bien y mettre son véto.
 
En France, il y a le bizutage défini comme  un « rite initiatique » commis par les anciens étudiants dans les universités surtout les grandes écoles  et subi par les plus jeunes. Il s’agit généralement d’actes humiliants ou dégradants. Après avoir été tolérée longtemps, cette pratique avait versé dans la violence caractérisée et l’humilation. C’est pour cela qu’elle a été interdite. Depuis 1998, elle est devenue un délit que la victime soit consentante ou non.  Il est puni de 6 mois d’emprisonnement et  7500 € d'amende. Si les choses ne changent pas dans la bonne direction peut-être serions-nous, nous aussi, à considérer la « kharja du Bac » comme un délit punissable de prison et d’amende. Il ne faudrait pas en arriver là.
 
Raouf Ben Rejeb
 

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