Qu'est devenue la société STIL évoquée par le chef de l'Etat?

Le président de la République, Kaïs Saïed, s’est rendu, mercredi après-midi, à l’ancien siège de la Société Tunisienne de l’Industrie Laitière, STIL à Bab Saadoun. Il a rappelé que cette société a été vendue plusieurs fois au profit de certaine parties, alors qu’elle est en cours de liquidation. Sa marque commerciale est utilisée par des usines et plusieurs questions se posent autour de sa situation qui demeure encore floue, a-t-il indiqué.
Le chef de l'Etat a également visité une unité de conditionnement d'eau minérale de Zaghouan où il a pris connaissance du fonctionnement de l'usine et des conditions de travail de ses salariés. Il s'est par la suite rendu au Centre de collecte de lait dans le gouvernorat Béja
La Société Tunisienne de l’Industrie Laitière, STIL, qui a été constituée en mai 1961, était le premier fabricant de produits laitiers en Tunisie. Selon le site Tustex, elle a bénéficié jusqu’au début des années 90, à l’instar de TUNISIE LAIT la deuxième entreprise publique du secteur, d’une situation privilégiée dominante avec un partage mutuel et en parfaite entente du marché du lait et des produits dérivés. En contrepartie, la société fonctionnant similairement à un prestataire de service public devrait se plier aux directives du pouvoir politique en matière de production et d’approvisionnement en lait de boisson et jouer ce rôle régulateur sans se soucier des perspectives de profits ni des contraintes de gestion. Le privilège d’exclusivité s’étendait à certaines autres activités d’importation et de commercialisation de certains produits dérivés et autres variétés alimentaires à forte valeur ajoutée (beurres, fromages, fruits, boissons alcooliques etc.) qui ont longtemps permis à la société de garder une situation financière saine et de générer des excédents de trésorerie récurrents. C’était l’époque où cet acteur incontournable de l’agroalimentaire tunisien fut protégé par un cadre institutionnel idéal.
En plus du lait et ses dérivés, STIL gérait des oasis et possédait un patrimoine[U1] foncier dont un hôtel à Zaghouan.
Suite à la libération brusque du secteur du lait, elle a été mise en vente à partir de 2003 et c’est la CAREPP, l’organe gouvernemental chargé de la privatisation qui avait lancé l’initiative de la privatisation.
Toujours, selon la même source, STIL s’est trouvée avec un pléthore de personnel (plus de 1280), donc des charges fixes substantielles qui ne s’accommodaient guère, contre toute logique économique, avec la chute vertigineuse de ses parts de marché et l’état de sous-activité dans lequel se sont trouvés ses trois sites de production. L’exploitation ne générait plus d’excédent et les cash-flows n’étaient plus assurés comme auparavant. Le tarissement des sources de financement internes a affaibli la capacité de négociation des centres de collecte qui enregistrèrent une forte régression de la réception en lait frais par rapport à leur capacité théorique et à la concurrence, d’où une baisse forcée et non voulue de la production. La dégradation de la situation financière n’était que la résultante de la conjugaison de ces facteurs, eux-mêmes à l’origine de l’endettement colossale de la société.
Mis en œuvre depuis mars 2004, le passage d’une partie des actifs de la STIL entre les mains des privés a été effectué moyennant un prix de cession de 7,424MDT. Au début, l’appel d’offres international pour la cession des éléments d’actifs de la société a porté sur deux lots distincts : un premier comprenant la centrale laitière de Bab Saadoun et les 3 centres de collecte ; le deuxième est constitué par la centrale laitière de Sfax et par un dépôt commercial. Seuls les actifs de Tunis ont trouvé des acquéreurs auprès du groupe SFBT pour un montant avoisinant les 6,624MDT. De son côté, l’Hôtel les Nymphes situé à Zaghouan a généré 800 mille DT.
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