Question palestinienne: Quelle position pour la Tunisie ? 

Question palestinienne: Quelle position pour la Tunisie ? 

Par Nouredine Ben Mansour (*)

La question palestinienne était une partie du discours de Kaies Saied dans ses tournées de sensibilisation au temps des préparations des élections présidentielles du 2019. Il a fait de la cause palestinienne un point important dans sa campagne présidentielle. 

Pour Kaies Saied toute relation avec Israël est un acte de haute trahison. Ces propos ont été répétés quelques fois dans d’autres circonstances. Il les a répétés, encore,  à l’émission télévisée relative au  débat  entre lui et Nabil Karoui. Tous deux finalistes pour le poste de président de la république.

Encore une fois Kaies Saied  affrontait cette question, si chère pour le peuple tunisien. Cette fois ci la question palestinienne est devant un fait colossal. Les Emirats Arabes venaient de reconnaitre Israël. L’état  tunisien est censé prendre position. Concernant la reconnaissance par les émirats arabes d'Israël, Kaies Saied a tenu les propos suivants : "On ne s’ingère pas dans le choix des pays. La volonté des pays est respectée. Ils sont libres  devant leurs citoyens. Nous avons nos proposition mais loin des déclarations de condamnation. Le droit des palestiniens ne partira pas en éclats".  

Ces propos ont été tenus lors de la rencontre de Kaies Saied avec l’ambassadeur de l’état palestinien. Kaies Saied lui a réitéré l’appui constant de la Tunisie aux Palestiniens pour recouvrer leurs droits tout en insistant sur l’enracinement de la culture de la défaite. 

En quoi sa déclaration de normalisation est-elle un crime majeur?  

Ce qui est frappant dans cette déclaration c’est que Kaies Saied n’a pas cité le nom des Emirats. Il parle dans l’absolu. C’est un geste diplomatique.

Les Emirats arabes est le troisième pays arabe, après l’Egypte et la Jordanie, qui vient de reconnaitre Israël. Dans trois semaines cet accord de reconnaissance serait ratifié à Washington. Ce qui est sûr, cet accord a changé l’image géopolitique qui constitue le monde arabe et que de nouvelles réalités verront le jour.

Pour cette circonstance, la ligue arabe a tenu une réunion. Le scrutin portant sur un texte relatif à la normalisation des Emirats Arabes avec Israël,  soumis a l’approbation. 

Quelle est La position  de la Tunisie ? Le ministère des affaires étrangères a indiqué que la délégation palestinienne a demandé le retrait du projet condamnant la reconnaissance d’Israël par les émirats arabes. Aussi on dit  que la Tunisie n’a pas voté mais elle a opté pour l’abstention de son vote. C’est à éclaircir.

Il est à  signaler que l’abstention est une tactique diplomatique tant utilisée pour certains pays.  En d'autres termes dans la tradition diplomatique, ne pas voter sur une liste signifie ne pas être contre la liste, c'est-à-dire indirectement on est avec la normalisation, et cela s'appelle l'hypocrisie politique.

L’abstention prend ainsi tour à tour des significations importantes. Lorsqu’un Etat ne veut pas prendre parti sur un problème en discussion le représentant de ce dit état peut recourir à d’autres tactiques. Pourtant au premier abord l’abstention est l’expression même de la neutralité de son auteur. Mais si l’on observe la vie politique de ces organisations l’abstention dissimule de la part de celui qui le met soit sa volonté de favoriser le projet ; dans le cas actuel l’abstention signifie l’approbation de la normalisation des relations diplomatiques et la reconnaissance d’Israël par les émirats.

La Tunisie a mis l’accent sur les droits absolus et inaliénables du peuple palestinien sans pour autant adresser des critiques aux Emirats Arabes.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens a appelé le gouvernement tunisien à prendre une position ferme, refusant d'annoncer l'établissement de relations diplomatiques complètes entre l'entité sioniste et le Royaume de Bahreïn".
Le politicien Issam  Chebbi a demandé au ministère des affaires étrangères de bien expliquer sa position relative au processus de normalisation des Emirats avec Israel.

Quant à Marzouki, premier président de Tunisie libre, sa position était claire. Il condamne clairement cette normalisation. Il ne joue pas sur les mots. 

Au temps où Marzouki était président de la république tunisienne, il a essayé quelques tentatives pour contourner l’initiative égyptienne de résolution de la crise de Gaza (2014) qui n’était pas au profit des palestiniens et ce suite à une réunion entre Marzouki et une délégation de militants palestiniens. Il a eu le courage d’accueillir au palais de Carthage le leader palestinien Ismail Henia chef de Hamas.

Aussi des réunions ont eu lieu entre Marzouki et les partis politiques au temps de la troïka pour définir les moyens de stopper  l’agression israélienne contre la bande de Gaza. Une initiative nationale sur la bande de Gaza  impliquant toutes les parties prenantes politiques ; sachant que le peuple palestinien de la bande de Gaza a subi une offensive militaire barbare sans précédent. C’était  une action de mobiliser le soutien du peuple tunisien aux palestiniens à travers une action collective de soutien.  
 
En 2014 à l’ONU par un discours flambant  Marzouki a appelé à la levée du blocus imposé, en ce temps là  sur Gaza tout en qualifiant  le peuple palestinien de militants. Le responsable des relations étrangères au sein de Hamas a bien apprécié le discours de Moncef Marzouki à l’ONU. 
                  
Aussi il ne faut pas oublier l’acte courageux de Marzouki  en prenant part activement à l’expédition maritime de paix au profit des palestiniens de Gaza. Plus d’une vingtaine  de personnes de différentes nationalités se trouvaient au bord du navire Liberté 3. L’objectif de cette expédition est d'attirer l’attention du  monde entier sur les horribles conditions de vie des citoyens palestiniens de Gaza et l’état de siège imposé par Israël. Un vrai ghetto. Une prison du temps des barbares. C’est un appel urgent à l’humanité. 

Cette expédition vers les territoires de Gaza est le fruit du travail d’entente entre Marzouki et certains autres militants bénévoles de différentes nationalités. Un acte de bravoure et de courage. Par cet acte courageux envers une cause noble et humaine il a risqué sa vie. C’est le vrai sacrifice et la loyauté envers les justes causes. Marzouki a bien démontré son courage et son constant appui pour la cause palestinienne. Aussi, il a marqué l’histoire. C’est un militant engagé pour la cause palestinienne  et toutes les justes causes quelles que soient leurs origines.

Également il a déclaré que les Émirats arabes unis ne sont rien d'autre qu'une partie apparente de l'iceberg conspirant contre les révolutions arabes. Qu’ils nous laissent en paix et qu’ils s’occupent de leurs grattes ciel. Il n’est pas un arriviste ou un novice en politique. Il milite depuis cinquante ans. 

C’est un homme égal à lui-même et intègre. Ses idoles sont Gandi, Mandela et Omar ibn El khattab.  Il n’attaque pas  les partenaires du processus politique. Il poursuit sa lutte de militant tout en adoptant une politique réformiste dont ce qui important c’est l’intérêt du pays dans son noble sens.

Ancien président de la république, Moncef  Marzouki, a publié dernièrement  une déclaration publiée par le Conseil arabe qu'il préside. Il a annoncé la mort de la Ligue arabe en raison de son échec à condamner la normalisation des Emirats avec Israël.

Le Conseil annonce que "la Ligue arabe est devenue un outil pour adopter des politiques imposées par les forces hégémoniques internationales dans le but de liquider la cause palestinienne, de perpétuer la subordination des régimes de la région et d'éradiquer toute âme de libération souveraine dans toute la sphère arabe.
 
(*) Dr.Ing.Gen

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