Qui est l’homme d’affaires et lobbyiste Kamel Eltaïef arrêté aujourd’hui?

L’arrestation, ce samedi de l’homme d’affaires et lobbyiste Kamel Eltaïef, même si elle n’a fait l’objet d’aucune confirmation ni de source judiciaire, ni de source sécuritaire a fait l’effet d’une bombe. Bien qu’il n’ait jamais occupé de fonction officielle, son nom a été toujours cité parmi les personnalités influentes du pays dès les années 1980, mais c’est surtout à la suite de l’accession de Zine el Abidine Ben Ali à la présidence de la République qu’il est devenu l’un des hommes les plus puissants du pays.

Natif comme lui de Hammam Sousse, Kamel Eltaïef n’a connu Ben Ali qu’en 1978 lorsque ce dernier devient directeur général de la sûreté nationale. La petite histoire dit même qu’il a été l’une des têtes pensantes du « coup d’état médical » du 7 novembre 1987. Ayant été prévenu que le président Habib Bourguiba comptait démettre Ben Ali de la primature et nommer à sa place Mohamed Sayah, Kamel Eltaïef aurait conseillé au Premier ministre et dauphin constitutionnel d’anticiper cela par la destitution pour raisons de santé du premier président de la République tunisienne. Connaissant peu le personnel politique, Ben Ali faisait confiance à Kamel Eltaïef qui était pour lui « un chasseur de têtes ». D’ailleurs ses bureaux de l’époque situés à la Rue de Beyrouth ne désemplissaient pas et toute la fine fleur de l’élite politique tunisienne s’y bousculait.

Devenu très proche de Ben Ali, il l'aide dans son ascension politique. Kamel Eltaïef est d’ailleurs considéré comme l'homme fort du régime, même s'il n'occupe aucune fonction officielle. À l'été 1992, il est cependant éloigné du sérail. On attribue cet éloignement à son soutien à la Ligue tunisienne des droits de l'homme. En fait c’est son opposition au mariage de Ben Ali avec Leïla Trabelsi qui en est la cause. Cette dernière ; dont l’influence n’a cessé de croître ne lui a jamais pardonné sa position à son égard. La rupture est consommée lorsqu’il qualifie le régime de mafieux dans Le Monde du 30 octobre 2001, il est arrêté le 5 novembre puis condamné le 12 février 2002 à un an de prison.

Kamel Eltaïef n’est recontacté par Ben Ali que le 10 janvier 2011, quatre jours avant sa fuite durant la révolution le pour lui demander des conseils. En mai de la même année, le public apprend, dans une interview publiée sur Facebook, que l'ancien ministre de l'Intérieur Farhat Rajhi accuse Kamel Eltaïef d'être le chef d'un gouvernement de l'ombre,. Par la suite, des SMS qui lui auraient été destinés sont interceptés par un avocat, Me Cherif Jebali, qui l'accuse d'avoir été l'instigateur de plusieurs soulèvements populaires en 2012. Un an après le dépôt d'une plainte, une enquête est ouverte pour complot contre la sûreté de l'État. Dans le même temps, des fuites dans la presse montrent qu'il entretient des contacts avec des cadres du ministère de l'Intérieur et plus largement toute la classe politique. Eltaïef est interdit de quitter le territoire le 1er novembre 2012, alors qu'il dénonce les motivations politiques de ces accusateurs1. La justice classe définitivement l'affaire le 2 juin .

Né en 1955 Kamel Eltaïef a fait partie de l’entreprise de travaux publics fondée par son père Youssef avant de lancer avec son frère Raouf une entreprise de matériaux de construction. Il est marié et père de deux enfants.

(Avec Wikipédia)