Radhwan Ben Salah: "Nous avons adopté de nouvelles formules aptes à redonner vie au secteur touristique"

Radhwan Ben Salah: "Nous avons adopté de nouvelles formules aptes à redonner vie au secteur touristique"
 
 
Après 4 ans à la tête de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH), Radhwan Ben Salah cède sa place à Khaled Fakhfakh. Dans une déclaration accordée à Espace Manager, le président sortant de la FTH a fait son bilan en revenant sur les quatre années de son mandat.
 
Espacemanager : Pouvez-vous nous dresser le bilan de vos 4 années à la tête de la FTH ?
 
RBS : Malgré qu’elle ait travaillé dans la pire période de l’histoire de la FTH et qu’elle a eu à affronter  de nombreuses crises dont les retombées catastrophiques du terrorisme, on peut dire que l’équipe sortante a fait ce qu’elle a pu durant ces quatre années de mandat pour limiter la casse, sauver des hôtels en difficulté, assurer la survie du secteur et affronter le problème de l’endettement.
 
On a beaucoup travaillé sur l’amélioration de l’image de la destination Tunisie ainsi que sur la sécurité car il fallait impérativement que notre système de sécurité soit suffisamment crédible pour espérer que les pays étrangers lèvent les restrictions envers la Tunisie. Et quand on parle de sécurité c’est aussi bien à l’intérieur des hôtels qu’à l’extérieur. La sécurité est même devenue une obligation dans nos conditions de fonctionnement.
 
On a œuvré sur la diversification de notre offre en offrant d’autres produits autre que le balnéaire surtout que la relance des marchés classiques européens a tardé à avoir lieu.
 
On a développé l’offre présentée aux touristes algériens en ciblant d’autres catégories de la clientèle algérienne et on ne s’est plus contenté des touristes en provenance de régions limitrophes avec nos frontières.
 
On a veillé à assurer une meilleure formation des professionnels pour assurer la qualité des services et On a réussi d’autres acquis dont essentiellement la réduction du taux de la TVA de 12 à 6%, la réduction des prix des boissons alcoolisées de façon très importante en réduisant la taxe de consommation. Sans compter les nombreuses autres initiatives, notamment celles relatives à des décisions prises par le gouvernement en 2015,  qui concernaient des mesures financières pour alléger la dette des hôteliers en ayant la possibilité de  les rééchelonner subséquemment, et ce en leur donnant la possibilité de contracter un crédit saisonnier pour essayer de rénover les hôtels et être en mesure de garder le personnel.
 
Cependant durant ces années, on a malheureusement enregistré un nombre important d’hôtels fermés ?
 
Depuis les attentats terroristes, on a enregistré la fermeture de nombreux hôtels et cela est dû à cette grave crise qui touche le secteur.  Le marché européen classique est quasiment inexistant et ce n’est qu’en 2016 qu’on a enregistré la venue d’un nombre importants de russes. Depuis des années on ne travaille presque qu’avec le marché intérieur et le marché algérien.  
 
Le problème c’est que ces deux marchés s’arrêtent d’occuper les hôtels tunisiens à partir de fin août. Du coup, on se retrouve durant des mois avec une série d’hôtel avec un taux d’occupation nul ou très faible qui ne permet pas à ces établissements de continuer à fonctionner.  Ce qui les oblige à fermer durant de nombreux pour rouvrir à l’approche de l’été.
 
Au vue de ces initiatives de la FTH, y a-t-il eu des concrétisations conséquentes ?
 
Toutes les opérations menées étaient très intéressantes, mais malheureusement la mise en application a beaucoup traîné. D’ailleurs, jusqu’à présent, il y a des décisions qui n’ont pas été réellement mises en exécution. De fait, les textes d’application ont été élaborés dans des conditions déplorables qui ont éliminé plusieurs hôteliers.
 
Je pense notamment au texte en rapport avec la prise en charge de l’Etat de la part patronale auprès de la CNSS qui a exigé des conditions de réduction de 30% sur le Chiffre d’Affaires pour les huit mois de 2015 par rapport aux huit mois de 2014 alors qu’en fait l’effet des actes terroristes s’est fait sur le deuxième trimestre et semestre de l’année 2015.
 
Ce qui fait que nous sommes en train, avec la ministre du tourisme Selma Elloumi Rekik, d’essayer de pallier ce problème pour que les hôteliers ne soient pas écartés de ces décisions-là qui revêtent une grande importance dans le rétablissement de leur situation financière et qui seront en difficulté si ces décisions ne sont pas appliquées.
 
 Il semble que vous considérez la formation comme l’un des points de votre bilan?
 
Nous avons au cours de ces 4 années déployé des efforts considérables en  effectuant des formations en collaboration avec le ministère de l’emploi et de la formation, avec le ministère du tourisme ainsi qu’avec l’union générale des travailleurs tunisiens. Nous avons  pu former au cours de ce mandat plus de 5000 professionnels dans diverses spécialités dans l’hôtellerie. Nous avons aussi contribué à obtenir cette ouverture du ciel attendu depuis 2006 en ayant tout fait pour que cet agrément soit signé en début de 2017.
 
C’est un engagement définitif qui prévoit que lors du premier trimestre 2017  l’accord sur l’open-sky sera signé avec l’Union Européenne.
 
Cet accord marque une tournant important dans l’histoire du tourisme Tunisien.Nous avons, par ailleurs, aussi obtenu un élément très important qui est la mise en place des résidences touristiques dans le foncier des hôtels. Chose qui permettrait aux hôteliers d’avoir un bol d’air frais pour essayer en partie de résoudre leur problème d’endettement  qui reste par essence la principale cause de fermeture de plusieurs hôtels.
 
Et pour conclure j’ajouterai que nous avons beaucoup avancé et je crois que dans les prochains jours nous récolterons les fruits du travail qui a été fait en termes de nouvelles formules adéquates aptes à redonner vie au secteur et qui seront prises au plus tard au mois de Mars prochain.
 
Selon vous quel est le premier problème sur lequel doit se pencher les hoteliers?
 
Il y a certes de nombreux problèmes structurels qui sont anciens et qui se sont amplifiés après la révolution qui doivent être résolus de manière radicale afin d’assurer un développement pérenne du tourisme tunisien. Mais le premier demeure à mon sens celui de l’endettement parce qu’il conditionne la qualité de la prestation, de la maintenance, de la rénovation ainsi que celle du personnel et de la matière première.  
 
Propos recueillis par A.G.
 
 
 

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