Ridha Belhaj, de la grandeur à la déchéance…

Ridha Belhaj, de la grandeur à la déchéance…

 

La démission de Ridha Belhaj de la présidence de l’Instance politique de Nidaa Tounes est interprétée comme un jet d’éponge dans un pugilat. L’ancien directeur de cabinet présidentiel risque de voir sa carrière politique compromise, lui que beaucoup de dirigeants du Nidaa accusent d’être derrière l’implosion du parti pour avoir rompu tous les équilibres. Pour eux, c’est lui qui imposé la ligne de Djerba et qui était derrière l’éviction de Mohamed Ennaceur de la présidence du parti. C’est encore lui qui a provoqué les nombreuses démissions. C’est enfin lui l’architecte  du congrès de Sousse les 9 et 10 janvier 2016 qui avait porté Hafedh Caid Essebsi à la tête de la très importante direction exécutive naguère détenue par Belhaj. Congrès à la suite duquel, plusieurs démissions ont été enregistrées.

Après avoir été démissionné du cabinet présidentiel, il a réintégré le parti en prenant la tête de l’instance politique. Mais il s’est vite heurté au fils du président et à son entourage. Les deux hommes qui étaient, pourtant proches l’un de l’autre, n’ont pas la même approche ni les mêmes amis. Hafedh est proche de la famille destourienne « version Raouf Khammassi » et prône le rapprochement avec le mouvement Ennahdha. Ridha est un homme de gauche qui  a eu des bisbilles avec son mentor Béji caid Essebsi quand ils étaient encore au Nidaa. Il a été accusé de s’être opposé à la participation de quelques compétences destourienne dans le gouvernement Essid à la suite des dernières élections et de placer ses proches dans de nombreux postes au gouvernement et dans l’administration publique. La direction bicéphale du parti ne pouvait pas durer et on sentait déjà que ça allait barder entre les deux hommes qui ambitionnent, chacun, de s’emparer du Nidaa.

Dans sa lettre de démission, il précise les raisons, sous fromes de griefs, qui l’ont poussé à quitte la présidence de l’instance. L’élection du nouveau président du groupe parlementaire, Soufien Toubal, le candidat de Hafedh Caid Essebsi, lors des journées parlementaires les 7 et 8 mai courant à Sousse, face à Mohamed Saidane, le candidat de Belhaj qui n’a récolté qu’une douzaine de voix, a sonné la victoire du clan Essebsi Junior. Puis, il y a eu cette histoire d’adhésion des trois députés de l’UPL au groupe de Nidaa Tounes et qui a été vivement critiquée par le président du parti Slim Riahi et le président du groupe parlementaire. Ce dernier a nommément accusé l’homme d’affaires Chafik Jarraya  d’avoir « payé jusqu’à 50 000 dinars pour chaque député de ce parti qui accepte de rejoindre le groupe de Nidaa Tounés ». Or, au cours de la dernière réunion de la coordination des partis au pouvoir, Ridha Belhaj, Hafedh Caid Essebsi et Faouzi Elloumi, avaient assuré que la direction de ce parti ne permettrait pas ce retournement de députés. Ridha Belhaj a même déclaré que l’instance de Nidaa a refusé l’adhésion des députés démissionnaires de l’UPL au groupe de son parti. Mais il s’est avéré que cette instance ne maitrise pas son  groupe qui, rappelons le, a refusé de le rencontrer lors de sa visite au siège de l’ARP, le 28 avril dernier. Celui qui était considré comme l’homme à  tout faire saura-t-il se relever de cette chute?

Encore une fois la guerre des clans et des ambitions risque de ruiner définitivement tout espoir d’unité. C'est une drôle de «guerre larvée où le fracas des destins personnels» prime sur toute autre considération.

B.O

Votre commentaire