Riyad tenterait de convaincre l’Afrique de lâcher le Qatar

Riyad tenterait de convaincre l’Afrique de lâcher le Qatar

 

Riyad tente de convaincre les Etats africains de rompre leurs relations diplomatiques avec Doha. Sept pays ont déjà cédé, explique le chercheur Benjamin Augé.

Des véhicules de police devant l’ambassade qatarie au Caire, le 6 juin 2017. La veille, l’Egypte a rompu ses relations diplomatiques avec l’émirat. La violente crise diplomatique survenue le lundi 5 juin entre l’Arabie saoudite et le Qatar – ce dernier étant accusé de soutenir le terrorisme – a des répercussions jusqu’en Afrique. De fait, Riyad se démène pour obtenir le soutien du plus grand nombre d’Etats africains, sommés de prendre position.

Six pays du continent (Niger, Mauritanie, Sénégal, Tchad, Egypte et les Comores) ont déjà fait le choix de rappeler leur ambassadeur en poste à Doha. De son côté, Djibouti a préféré réduire le personnel de son ambassade pour ne pas insulter l’avenir, le Qatar faisant office de médiateur sur le différend frontalier qui oppose le pays à l’Erythrée.

Deux moyens de pression

Les présidents des Etats africains dans lesquels la population est à dominante musulmane – et où de nombreux lieux de prière sont construits et contrôlés par les intérêts saoudiens via des organismes de charité – subissent une forte pression depuis le déclenchement de la crise qui a conduit l’Arabie saoudite, mais aussi les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Yémen et l’Egypte, à couper les relations diplomatiques avec le Qatar et à organiser un blocus terrestre et aérien à son encontre.

L’Arabie saoudite a utilisé ses ambassadeurs dans les capitales africaines ou des émissaires spécialement envoyés depuis Riyad afin de convaincre les présidents de prendre l’unique décision qui s’impose à ses yeux : le rappel des ambassadeurs en poste à Doha et la rupture des relations diplomatiques. Pour ce faire, deux moyens de pression ont été utilisés par ses émissaires : l’arrêt potentiel d’une manne financière pourtant jusqu’alors très modeste – en dehors des projets financés par le Fonds arabe pour le développement économique et social (Fades) – et des menaces à peine voilées de complications dans l’obtention de visas pour le pèlerinage à La Mecque.

Ces deux arguments ont souvent payé dès les premières prises de contacts, notamment dans les Etats se trouvant dans une position difficile au niveau économique et politique. Certains pays ayant des rapports difficiles avec le Qatar, comme la Mauritanie, n’ont même pas eu besoin d’une quelconque pression pour prendre le parti de l’Arabie saoudite. La décision de rappel des ambassadeurs a souvent été prise par les seuls présidents africains, sans l’avis de leurs gouvernements ni des ministres des affaires étrangères.

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http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/12/quand-l-arabie-saoudite...

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