Syrie : un va-t-en guerre appelé Trump

Syrie : un va-t-en guerre appelé Trump

Le 7 avril, certains groupes liés aux rebelles, dont les Casques blancs, ont accusé le gouvernement syrien d'avoir mené une attaque chimique qui aurait touché des dizaines de civils dans la ville de Douma, dernier bastion des rebelles islamistes dans la Ghouta orientale, près de Damas. Avant qu'une quelconque enquête n'ait lieu, les Etats-Unis, ainsi que l'Union européenne, se sont précipités pour rejeter la responsabilité de l'incident sur Damas – et, par conséquent, Moscou.

Le gouvernement syrien a nié toute responsabilité dans cette attaque chimique supposée, dénonçant des «fabrications», ainsi qu'une «rengaine ennuyeuse et pas convaincante». De son côté, Moscou a fermement démenti que le gouvernement syrien ait employé des armes chimiques dans le cadre de son opération militaire. Le ministre russe des Affaires étrangères avait qualifié le 8 avril ces «informations préfabriquées» d'«intox».

Au cours de ces dernières semaines, Moscou avait par ailleurs mis en garde à plusieurs reprises contre la préparation d'attaques sous faux drapeau dans la Ghouta. Ainsi le 17 mars, le général et porte-parole de l'état-major russe, Sergueï Roudsksoï, avait rapporté que la Russie disposait «d'informations fiables selon lesquelles des instructeurs américains [avaient] formé plusieurs groupes de combattants dans les environs de la ville d'Al-Tanf, pour lancer des provocations impliquant des armes chimiques dans le sud de la Syrie». Quelques jours auparavant, le 13 mars, le chef d'état-major Valery Guérassimov avait affirmé disposer d'informations selon lesquelles les djihadistes préparaient une attaque chimique dans la Ghouta orientale, pour ensuite en attribuer la responsabilité au gouvernement syrien.

Washington multiplie ces dernières heures les menaces contre le gouvernement de Bachar el-Assad et ses alliés, après avoir accusé Damas d'avoir mené une attaque chimique à Douma, ultime poche tenue par les rebelles islamistes dans la région de la Ghouta. Damas, qui est en passe de reprendre celle-ci, dément fermement. La Russie, elle, estime que ces accusations sont infondées et a fait savoir, après analyse, que ses médecins sur place n'avaient pas décelé de traces d'usage d'armes chimiques à Douma.

Le gouvernement français suivrait-il aveuglément les Etats-Unis dans leur volonté de confrontation avec la Russie. Le Premier ministre français Edouard Philippe s'est exprimé devant l'Assemblée nationale sur la question syrienne. Il a en tout cas ciblé Moscou sans la nommer, jugeant que «les alliés du régime [syrien avaient] une responsabilité particulière dans [l]e massacre» chimique présumé de Douma et promettant une «réaction» française. Une position qui s'inscrit dans la lignée des menaces des Etats-Unis, qui n'ont pas non plus attendu qu'une quelconque enquête soit menée sur l'incident présumé pour faire porter le chapeau à Damas et ses alliés.

Un don du ciel, ce massacre chimique fournit à Trump et à ses alliés arabes et turcs un prétexte en or. Il leur permet de reprendre pied dans un conflit où ils ont essuyé que des revers depuis des mois. On se demande bien pourquoi, d'ailleurs, le gouvernement syrien aurait eu envie, subitement, de gazer sa propre population à un moment où l’armée syrienne obtient  de grandes victoire et a complétement changé le rapport de force sur le terrain en infligeant de grosses pertes aux terroristes islamistes sur tous les fronts.

«Ce qui se passe réellement sur le terrain nous est à peu près inconnu. Et l'attaque chimique, si elle a eu lieu, est évidemment abominable et doit être condamnée. Cela ressemble beaucoup à un prétexte pour que les Etats-Unis d'Amérique et leurs alliés reviennent sur la scène et engagent un conflit armé que, jusqu'à présent, ils ont perdu en faveur des Russes et du gouvernement actuel de la Syrie.» déclarait Jean Luc Mélenchon.

Pour rappel, en 2003, les USA accusent l'Irak de disposer d'armes chimiques. L'attaque, le 20 mars 2003, est d'une horreur inimaginable et qui n’a apporté aucune solution et a plongé le pays dans le chaos jusqu’à aujourd’hui. Colin Powell avait exhibé à l’époque à l’ONU une fiole de jus de pomme, l'ambassadrice américaine  actuelle exhibe des photos.  L’histoire est un éternel recommencement.

Le 9 avril devant le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni en urgence pour évoquer la Syrie, en pleine escalade sur fond d'accusation d'attaques chimiques à Douma, l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia a pris la parole en s’adressant à l’ambassadrice américaine : «Partout où vous allez, tout ce que vous touchez ; vous ne laissez que le chaos derrière vous. Vous tentez de pêcher dans ces eaux troubles, mais tout ce que vous attrapez, ce sont des mutants.»

Il est temps d’arrêter cette escalade qui est plus dangereuse que la guerre froide et qui peut ruiner la paix mondiale et l’Europe.

A.K

 

 

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