Tel est pris qui croyait prendre !

Tel est pris qui croyait prendre !

Kaïs Saïed était tout content de jouer un rôle central sur la scène politique. Cela lui a fait tourner la tête tant et si bien qu’il a cru qu’il va en jouer tout le temps à sa guise. Ainsi, non content d’avoir imposé son candidat à la primature avec « des concertations » de pure forme avec les partis et groupes parlementaires, il a contraint ce même candidat à composer le gouvernement qui porte son sceau, celui de son entourage et autre famille.

 Les conciliabules de dernière minute (à quelques secondes de l’expiration du délai constitutionnel) ont montré que Saïed et son  entourage  voulaient tout et à tout prix. Le désaveu cinglant qu’a opposé le chef de l’Etat au retrait par Mechichi du ministre malvoyant Walid Zidi est la preuve que Saïed ne voulait même pas un Premier ministre mais bien un « collaborateur aux ordres ». Et rien d’autre.
Mais 24 heures avant la date fatidique du vote de confiance par le Parlement, Kaïs Saïed se rend compte que si Mechichi obtient l’investiture de son gouvernement, s’en sera finie de sa tutelle sur lui. Comme le fit Youssef Chahed avec Béji Caïd Essebsi, Mechichi n’aura plus à obtempérer aux injonctions de Kaïs Saïed et son entourage. Pire encore il pourra changer son gouvernement et y nommer les personnes de son choix sans que le président de la République n’y trouve à redire. Dans la lecture de Saïed de la Constitution, le chef du gouvernement peut remanier son équipe sans devoir passer par le Parlement. Celui-ci pourrait même être favorable à un réaménagement de l’équipe surtout si Mechichi y nomme des ministres qui auraient les faveurs des partis parlementaires.
C’est la raison pour laquelle Kaïs Saïed a convoqué dans l’urgence les chefs des partis de la coalition pour leur dire qu’il n’a plus l’intention de dissoudre le Parlement comme ils le craignaient et qu’il pourrait accepter un gouvernement Fakhfakh bis sans Fakhfakh. Car celui-ci serait, à ses yeux, plus malléable qu’un gouvernement Mechichi qui pourrait marginaliser la fonction de président de la République qui reviendrait à une pure inauguration des chrysanthèmes selon la formule célèbre du président de la 4ème République en France. Mais il oublie que Fakhfakh a démissionné et que sa démission est celle de tout le gouvernement. Cette démission est en outre inscrite dans le marbre puisque Saïed lui-même a signé un décret présidentiel par lequel il a accepté cette démission. Parfois le mieux est l’ennemi du bien car rien dans la Constitution ne donne droit au président de la République d’accepter ou non la démission du chef du gouvernement. Il ne peut qu’en prendre note et la transmettre au Parlement.
Pour paraphraser La Fontaine voilà KS « tel est pris qui croyait prendre » ou l’arroseur arrosé.
Si l’ARP vote la confiance comme il est attendu, Kaïs Saïed va ronger son frein en son Palais de Carthage en attendant la prochaine maladresse du Parlement ou des partis qui le composent.

RBR

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