Terrorisme: Quand nos médias banalisent...la mort !

 Terrorisme: Quand nos médias banalisent...la mort !

C'est sans doute l'une des pires opérations terroristes de son histoire. La Tunisie vient encore, comme à l'accoutumée, d'être endeuillée par une attaque en plein mois de Ramadan, et ce, au moment où l'on s'y attendait le moins.

Les terroristes, sans foi, ni loi, ont choisi leur moment pour procéder à leur sale besogne. L'on parle d'un bilan qui peut atteindre une vingtaine de morts. Une preuve, si besoin est, que ces "imbéciles" pouvaient frapper à tout moment et quand ils le voulaient, tout en réussissant à prendre la poudre d'escampette sans être inquiétés.

Au-delà de cette tragédie inqualifiable, c'est la réaction scandaleuse des télévisions tunisiennes qui donne froid dans le dos.
 
Pendant les longues heures qui ont suivi la tragédie (au moment de la rupture du jeûne), ce fut un véritable black-out et personne n'a su quoi que ce soit jusqu'à 22 heures. Comme s'il ne s'agissait que d'un banal fait divers que l'on relate dans la rubrique "chiens écrasés", l'information n'a pas circulé comme il aurait fallu.

Et pire, même après l'annonce de la tragédie,la majorité des chaînes de télévision ont continué, comme si de rien n'était, à diffuser leur programme ramadanesque habituel.

Et pendant que nos enfants se faisaient massacrer comme de petits lapins, la plupart des Tunisiens étaient cloîtrés devant leur écran pour suivre les péripéties de "Nssibti laaziza", de "Dlilek Mlek", de "Mektoub" ou encore de "Naouret lahoua". Et pendant ce temps, les hommes emplissaient les cafés, tandis que d'autres léchaient les vitrines des boutiques à la recherche d'éventuels habits neufs pour leurs progénitures.

Pour sauver les meubles, Wataniya a fini, mieux vaut tard que jamais se disent-ils sûrement, par interrompre sa programmation habituelle, mais elle s'est bizarrement limitée à la diffusion de chansons patriotiques, sans couverture directe ou au moins un plateau spécial étant donné la gravité de la situation.

Chez les privés, ce fut pratiquement pire. A part "Telvsa Tv", la plupart de ces chaînes se moquaient comme d'une guigne de cette actualité "morbide". Un comportement indigne qui participe cruellement de cette banalisation de la mort devenue désormais monnaie courante dans nos murs.

Il faut le reconnaître, la gestion de cette crise fut des plus catastrophiques sur le plan médiatique. Même le ministère de la Défense était apparemment dépassée par les événements en distillant des informations biaisées sur le nombre de victimes. Car aussi étonnant que cela puisse paraître, le doute a continué de planer sur le nombre réel de victimes surtout après qu'un officiel du ministère a surpris tout le monde vers une heure du matin en annonçant que leur nombre se limitait à deux.

Les Tunisiens en ont assez de revoir toujours les mêmes images, les mêmes oraisons funèbres, les mêmes responsables politiques accompagnant les dépouilles et répétant comme des perroquets les mêmes discours. Il est temps que le gouvernement nous crache toute la vérité sur ces groupes terroristes, leur nombre, la stratégie mise en place pour nettoyer les Ecuries d'Augias...

Parce que la question, et c'est révoltant, que nombre de Tunisiens se posent et continuent de se poser est la suivante: comment se fait-il qu'une armée nationale comme la nôtre mette un temps fou à venir à bout de ces terroristes qui, de surcroît ont été localisés depuis belle lurette?

Et malgré les messages rassurants envoyés par le gouvernement quant à la maîtrise du fléau, la situation sur le terrain démontre, si besoin est, que du chemin reste encore à parcourir pour éradiquer totalement les poches de terrorisme !

O.B.D.