Théâtre antique de Carthage : Tiken Jah Fakoly, le roi du Reggae militant

Théâtre antique de Carthage : Tiken Jah Fakoly, le roi du Reggae militant
 
 
Le public de la soirée du 16 Août 2016 de la 52ème édition du Festival International de Carthage était relativement différent, de celui  des autres soirées au programme de ce festival majestueux et pour cause : c’est Tiken Jah Fakoly, le célébrissime reggae man ivoirien, qui s’est distingué par son expression directe et virulente contre les dictatures de toutes formes,  à travers une musique  aux racines authentiquement africaines et une voix  forte et profonde qui constitue à elle seule une signature distinguée. 
 
Vêtu d’un drapé  à la couleur pourpre et aux motifs africains, l’artiste a exprimé sa fierté de se trouver en Tunisie la pays qui a offert au monde et à l’Afrique l’une des plus belles révolution. « Nous sommes fiers du peuple tunisien qui a fait la révolution » a-t-il déclaré tout en enchainant « Tout le monde veut le paradis mais personne ne veut payer le prix » en rendant hommage aux martyrs tunisiens qui ont payé de leur vie ce moment.
 
Sur l’immense scène du Théâtre antique de Carthage,  Tiken Jah Fakoly a régné en maitre ce soir-là, accompagné d’un orchestre de huit musiciens dont deux choristes. Il était l’artiste mais aussi le sage du village qui détient  la potion salvatrice pour se prémunir du mal. Et le mal pour cet artiste n’est autre que l’état de l’Afrique, ce continent qui ne cesse d’être exploité et pillé d’une manière systématique par les plus forts de ce monde. 
 
Les chansons de Fakoly  sont connues pour faire danser mais pas uniquement. Ce sont des messages  et d’appels à l’éveil. L’Afrique ne peut évoluer que dans le cadre d’une unité garante de son essor et de son évolution. Et c’est à travers le reggae qui tire son quintessence dans l’histoire d’une Afrique  douloureusement marquée par l’esclavage et le déracinement de ses enfants qui ont peuplé plusieurs pays dont la Jamaïque que Fakoly a choisi de faire entendre sa voix au risque de déplaire aux nostalgiques de la colonisation.
 
Mardi soir, le Théâtre antique de Carthage a retrouvé sa vocation profondément africaine comme un clin d’œil aux fans de  l’artiste militante feu Myriam Makeba, qui elle aussi est venue faire entendre aux Tunisiens l’appel de l’Afrique profonde.
 
Le public présent à cette soirée a chanté et dansé car il s’agit d’art, en reprenant les refrains des chansons célèbres de cet artiste à l’instar de América, C’est le dernier vol pour l’Afrique, Opération coup de poings, Résistance et tant d’autres encore. Et au bonheur des mélomanes, Fakoly a interprété des titres tirés de son album Racines et plusieurs chansons de reggae des années 70 et 80 reprenant Alpha Blondy et Bob Marley la légende du Reggae. 
 
Au cours d’un point de presse donné par l’artiste après le spectacle, Tiken Jah Fakoly a réitéré son admiration au public de Carthage « Je reviens avec un éternel plaisir  à Carthage » a-t-il fait savoir en soulignant qu’avec ses chansons il espère lever la conscience.«  Nous devons rêver, nous réveiller  et arrêter de nous   battre entre nous. Nous sommes là pour entretenir ce message comme une graine qui a besoin d’être arroser pour que nous enfant cultiveront un jour le fruit de ce que nous avons fait pour eux et pour notre contient » a martelé l’artiste qui a évoqué par ailleurs son association « un conseil, une école » à travers laquelle il milite pour construire une école dans chaque pays d’Afrique. « J’espère construire dans une zone extrêmement reculée de la Tunisie une école comme je l’ai déjà fait dans cinq pays africains » a-t-il déclaré, ajoutant que c’est à travers l’éducation que le rêve d’une Afrique libérée pourrait se réaliser car l’éducation est la clé du réveil. 
 
En somme, la soirée d’hier était des plus mémorables où l’art et le militantisme ont vibré à l’unisson.
 

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