Tourisme : fréquenter les hôtels tunisiens, ça c’est un devoir national

Tourisme : fréquenter les hôtels tunisiens, ça c’est un devoir national

 

Le tourisme en Tunisie c’est 7 % du PIB, entre 18 et 20 % de recettes en devises, 400 000 emplois directs et un million de personnes qui y vivent en comptant artisans, petits métiers, restaurateurs, cafetiers et autres guides. Ce secteur important pour l’économie tunisienne a une capacité globale de plus de 241 000 lits. Il peut attirer jusqu’ à 7 millions de personnes vers notre pays soit autant d’amis potentiels. Une bonne saison peut générer plus de 3 milliards de dinars en devises et couvrir 56% du déficit de la balance commerciale et contribuer de façon significative à la balance des paiements. Il faut avoir ces données à l’esprit qu’on veut parler de tourisme. Pour tout résumer on peut dire sans risque de se tromper que « quand le tourisme va, tout va », car un tunisien sur dix en tire ses moyens de subsistance directement ou de façon indirecte. Les six à sept millions de touristes qui peuvent venir chez nous sont des consommateurs de qualité de nos produits agricoles et de pêche. Sans parler de l’artisanat qui est le secteur qui vit essentiellement du tourisme. Donc un secteur qui a des effets d’entraiment sur toutes les autres activités, primaires, secondaires ou tertiaires.

Il se trouve que ce secteur est en difficulté conjoncturelle suite aux attentats terroristes qui l’ont ciblé prioritairement de façon délibérée pour mettre le pays à genoux. Le devoir patriotique nous commande à nous Tunisiens d’être en première ligne pour défendre ce secteur et venir à son secours, maintenant qu’il est dans la situation catastrophique où il a été placé. Attirer des touristes étrangers c’est une obligation pour l’Etat comme pour les hôteliers. L’Etat met les moyens pour faire la promotion du tourisme tunisien dans les marchés traditionnels comme dans les marchés nouveaux comme ceux de l’Europe de l’Est et de la Russie. Il n’a pas manqué à ce devoir. Ainsi dans le budget alloué en 2016 au ministère du tourisme et de l’artisanat 94,4 millions de dinars ont été consacrés à la consolidation de la commercialisation et la promotion dans le secteur touristique. Les hôteliers, de leur part font leur possible pour attirer de nouvelles clientèles avec l’espoir de les fidéliser et d’en attirer d’autres. Comme le secteur est totalement entre les mains du secteur privé, les professionnels sont obligés à faire des efforts au niveau des prix qui peuvent paraître comme du bradage mais qui en fait n’en est pas un puisqu’il est consenti pour une saison. Dans certains marchés difficiles c’est le prix à payer pour attirer le chaland. Il est d’autant plus nécessaire que c’est toujours mieux de garder son hôtel ouvert que de le fermer faute de touristes. Pour les hôteliers ce n’est pas un choix mais un pis-aller, ce à quoi on se résout faute de mieux, pour pouvoir faire face à une partie des charges et maintenir ainsi les emplois à leur niveau acceptable. J’ai fait toute cette digression que j’estime nécessaire pour expliquer, et, pourquoi pas, justifier le recours de certains hôteliers à des prix bas en faveur des touristes russes sur lesquels ils comptent pour sauver en partie la saison touristique. Mais de là à exiger de pratiquer les prix consentis aux Russes en faveur des clients de l’intérieur, ce n’est ni réaliste ni possible. En faire alors un prétexte pour demander un boycott pur et simple des hôtels par les clients tunisiens est pour le moins incongru, déplacé et inconvenant. Certes on peut critiquer les hôteliers pour pratiquer des tarifs élevés en direction des clients tunisiens.

Cependant aller jusqu’à affirmer que « le boycott est un devoir national » en raison des prix élevés appliqués aux touristes tunisiens, comme l’a fait  Olfa Youssef c’est vraiment « fort de café » pour ne pas dire invraisemblable, incroyable et difficile à accepter. Que cet appel vienne d’une femme leader d’opinion ne peut qu’attrister. D’autant que cet appel a été relayé par la presse étrangère. Comment peut-on demander aux étrangers de venir en Tunisie quand des Tunisiens, de plus connus et appréciés appellent au boycott du tourisme tunisiens. Critiquer c’est normal, attaquer c’est possible, mais appeler au boycott par essence destructeur c’est inacceptable. En fait, et disons-le sans détours, fréquenter les hôtels tunisiens, ça c’est un devoir national.

Raouf Ben Rejeb

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