Trains et bac paralysés : quand les citoyens deviennent les otages du corporatisme à tout crin

  Trains et bac paralysés : quand les citoyens deviennent les otages du corporatisme à tout crin

 

A partir de 19h mardi le trafic ferroviaire sur l’ensemble du territoire national a été paralysé. Les conducteurs ont, en effet décidé d’un arrêt de travail surprise suite à la condamnation de l’un de leurs collègues à un mois de prison en raison de son implication dans un accident survenu à l’entrée de la ville de Dahmani dans le gouvernorat du Kef et qui a fait un mort samedi dernier.

Ce débrayage qui n’a aucune justification légale est survenu au début de la semaine bloquée des examens pour les collégiens et les lycéens qui utilisent le train pour leurs déplacements notamment dans la banlieue sud de Tunis.

Ceux-ci se trouvent pénalisés ainsi que les simples voyageurs qui prennent le train pour vaquer à leur travail ou à leurs occupations quotidiennes. Les uns et les autres sont pris en otage par les tenants d’un corporatisme exercé jusqu’à la caricature.

Dans un pays de droit comment peut-on s’élever contre une décision de justice en cherchant à exercer une pression sur les juges. Les conducteurs sont-ils conscients du ridicule dans lequel ils se placent eux-mêmes en voulant dénier à la justice le droit de prendre son cours. N’est-il pas plus approprié de faire confiance aux juges et de faire appel du jugement rendu s’ils considèrent que leur collègue a été lésé.

Il est du devoir des syndicats et en premier lieu de la centrale syndicale, l’UGTT dont l’attachement aux droits des travailleurs mais aussi aux obligations inhérentes à leur fonction de leur faire connaître les limites d’une action revendicative qui va à l’encontre du droit.

Si on veut construire un Etat de droit et des institutions, qui est l’essence de la démocratie, il importe que toutes les actions s’inscrivent dans ce souci. Sinon on va vers le corporatisme débridé qui est celui de défendre les siens qu’ils soient dans leur droit ou dans la négation de ce droit.

Le phénomène ne concerne pas que les cheminots. Hier aussi le bac reliant Sfax aux Iles Kerkennah a été empêché de faire la navette et le trafic a été ainsi paralysé parce que des marins pêcheurs ont été arrêtés car ils exerçaient une pêche illicite.

Là aussi ce sont leurs collègues qui ont empêché le « loud » de se déplacer maintenant l’archipel dans l’isolement. Là aussi passagers et véhicules ont été pris en otage d’un différend qui ne les concernaient pas. Dans ce cas aussi s’il y a abus de pouvoir, il doit être réglé par la justice et non par des comportements illégaux passibles de sanctions.

L’autorité de l’Etat se trouve bafoué dans un cas comme dans l’autre. Car la tolérance des autorités est prise pour de la faiblesse. Le laxisme peut s’installer surtout lorsque l’impunité devient la règle.

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