Trop de jours fériés en Tunisie ou quand l’Etat encourage la paresse

Trop de jours fériés en Tunisie ou quand l’Etat encourage la paresse

L’année dernière nous avons écrit sous le titre « la Tunisie est-elle championne des jours fériés » ? Nous y reviendrons, aujourd’hui, à l’occasion de la fête jour de l’an hégire qui est une journée ordinaire dans plusieurs pays musulmans dont l’Arabie Saoudite qui ne fête pas, non plus, le Mouled. Ni bien entendu le jour de l’an. Mais en Tunisie, il est un jour férié et payé dans la fonction publique qui s’ajoute à plusieurs autres. D’ailleurs, on compte 12 fêtes au total pendant l’année et 15 jours fériés chômés et payés par an : quatre fêtes religieuses, l’Aid El Fitr( 3 jours), l’Aid El Idha(2 jours), le Mouled(1 jour) et le 1ERjour de l’an hégire(1 jour). En plus de six fêtes nationales : la révolution et la jeunesse le 14 janvier (1 jour), l’indépendance le 20 mars (1 jour), la fête des martyrs le 9 avril (1 jour), la fête de la république le 25 juillet (1 jour), la fête de la femme le 13 août (1 jour) et la fête de l’évacuation le 15 octobre (1 jour). A ces fêtes, il faut ajouter la fête internationale de travail le 1er mai (1 jour) et le jour de l’an grégorien le 1er janvier (1 jour). Et même si dans le privé, le nombre de journées fériées chômées et payées descend jusqu’à neuf, il est incontestable que la Tunisie est l’un des pays où le nombre de jours fériés est très élevé.

Mais ce qui est encore frappant c’est qu’en Tunisie, depuis la décision jugée hâtive de l’éphémère ministre de la fonction publique Mohamed Abbou dans le premier gouvernement de la Troïka, les administrions publiques travaillent seulement cinq jours sur sept et se reposent samedi et dimanche. Certes, la matinée de samedi a été remplacée par vendredi après-midi, mais combien d’agents de la fonction publique regagnent leur lieu de travail après la prière de vendredi ?  En plus de cela, assez souvent, un jour férié tombe soit un lundi soit un vendredi, les agents bénéficient alors de trois jours de repos successifs, ce qui paralyse le service public. Et ce n’est pas tout. Les Tunisiens disposent pendant trois mois, Ramadan, juillet et août, d’une demi-journée de travail, certes avec environ le même volume horaire, mais avec la paresse, l’absentéisme et la nonchalance en plus. Sans oublier bien entendu les congés de maladie de complaisance, les retards et les départs avant l’heure. Avec enfin un mois de congé payé par an. Faites le compte et vous allez voir que nous sommes un peuple fainéant et que cette fainéantise est encouragée, entre autres, par l’Etat qui a multiplié les jours fériés et l’administration qui ferme les yeux sur l’absentéisme, l’un des maux qui rongent le service public.

Avec ses 16 jours fériés, où se situe donc la Tunisie par rapport aux autres pays ? Pas loin de nous, l’Algérie compte 9 fêtes dont trois religieuses, les deux Aids, le Mouled et l’an hégire, soit 14 jours fériés, alors que le Maroc en compte 13 dont quatre fêtes religieuses, les mêmes qu’en Tunisie, soit 17 jours fériés. L’Arabie saoudite compte trois fêtes seulement, dont les deux Aids, avec quatre jours fériés pour chacun, et une fête nationale, le 23 septembre de chaque année. Dans le monde, c’est l’Argentine qui est la championne du monde des jours fériés avec 19 journées chômées. Par contre la Suisse, avec six fêtes annuelles compte le moins de jours fériés. Viennent ensuite les Pays Bas, la Belgique et le Royaume Uni (8), l’Allemagne et le Canada(9), les Etats Unis et la Finlande(10), le suède, l’Italie et la France(11), l’Espagne(14), Chypre(15)…

Aussi faudrait-il repenser le calendrier des jours fériés en Tunisie pour le réduire au strict minimum.

B.O

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