On tue notre compatriote, et nous regardons ailleurs !?

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Il y a quelques jours un fait divers dramatique a fait la Une des journaux français. Une jeune bloggeuse, la trentaine, a été sauvagement assassinée jeudi 24 janvier lors d’une tentative d’agression sexuelle. Ce meurtre crapuleux, qui suscita l’indignation et l’émoi dans la France entière, a fait couler autant de salive que d’encre. Pendant ce temps, chez nous, de l’autre côté de la Méditerranée, c’est le silence glacial, motus et bouche cousue. Ce silence pouvait sembler normal si la victime ne s’appelait pas Jouda Zammit. Et n’était pas Tunisienne. Et pourtant !

Alors qu’elle faisait tranquillement son jogging habituel en cette journée du jeudi 24 janvier 2013, Jouda Zammit, une jeune femme de 33 ans d’origine tunisienne, a été retrouvée morte vers 22heures dans le quartier de Courbessac à Nîmes. C’est son compagnon qui, ne la voyant pas rentrer alors qu’elle devait récupérer leur plus petite fille à l’école, a donné l’alerte.

Selon les premiers éléments de l’enquête, il s’agirait d’une tentative d’agression sexuelle qui aurait viré au drame. La jeune femme, mère de trois enfants, se serait débattue et l’agresseur n’aurait pas parvenue à ses fins. Les conclusions du médecin légiste sont formelles et donnent froid dans le dos: notre compatriote a été sauvagement tué par une arme blanche. Son bourreau lui ayant asséné un coup dans la région de la carotide, provoquant une importante hémorragie. Visiblement, l'agresseur s'est servi d'une lame de cutter, retrouvée sur les lieux du crime.

En France, d’importants moyens humains et matériels ont été mis sur pied pour élucider le mystère. Et tenter de comprendre ce qui s’est passé. Des proches et des membres de cette famille installée en France depuis un peu plus de dix ans et parfaitement intégrée ont été entendus. Grâce aux résultats de l'analyse ADN, notamment sur des éléments prélevés sur le corps de la victime, les enquêteurs ont  passé au crible les fichiers nationaux des personnes condamnées pour meurtre et viols dans les départements voisins. Bref un véritable portrait robot a permis à l’arrestation du tueur.

Et pendant ce temps, chez nous en Tunisie, on semble s’en tamponner le coquillard. C’est l’indifférence presque totale. Une indifférence coupable, et même mesquine. Les yeux et les esprits sont trop occupés à suivre notre Onze national au pays du… vuvuzela.
Ni la presse, ni la société civile, ni même le gouvernement ne semble s’en soucier. On dort même tranquillement et à poings fermés. Aucune allusion dans nos journaux, pas le moindre communiqué officiel.

Espace Manager, qui a jugé révoltant, et même indécent, ce silence coupable, a contacté le ministère des Affaires étrangères pour en savoir plus sur cette affaire. Une source au bureau de presse du ministère nous a informé que les critiques sont injustifiées, puisque dès qu’ils ont eu vent de cette affaire, la direction générale des affaires consulaires a contacté le consul de Tunisie dans la région pour lui demander de suivre de près l’affaire et de faire le nécessaire. Affaire à suivre !

E. M.