« Tunis » village du Fayoum en Egypte, haut lieu de la poterie

 « Tunis » village du Fayoum en Egypte, haut lieu de la poterie

 

Le savez-vous ? Il existe un village appelé Tunis dans le Fayoum, l’un des sites les plus relaxants d’Egypte. Avec ses palmiers et ses champs verdoyants, il est en bordure du Lac Qarun.

Ce village a été créé dans les années 1960 par deux poètes égyptiens qui souhaitaient encourager les habitants à devenir des artistes, mais il ne devint célèbre qu’à l'arrivée dans les années 1980 d’Evelyne Porret, une femme suisse, potier, qui a ouvert son propre atelier de poterie avec son mari.

Cet atelier fut très rapidement transformé en une école de poterie afin d'enseigner à tous les enfants de la région comment fabriquer des objets de poterie et les encourager dans cet art. Jusqu’aujourd'hui, les enfants du village pratiquent toujours la poterie.

Diplômée des arts décoratifs de Genève, la céramiste suisse a réussi à transformer le village de Tunis en un haut lieu de la poterie. Son père, homme reconnu et respecté, est pasteur protestant au Caire, sa mère, femme au foyer. En 1960, Evelyne a 20 ans et décide de rejoindre ses parents en Egypte. A « Tounès » comme on le prononce, petit village situé à deux heures trente de route du Caire, la vie gravite autour des enfants. Après la classe, les petits sont nombreux à aider leurs parents dans les champs. Madinat-al-Fayoum (en arabe) est une oasis qui puise ses ressources dans la culture de la figue, du raisin et des olives.

L’ancienne élève de Philippe Lambercy à l’école des Arts Décoratifs de Genève – un des pionniers de la recherche céramique en Suisse – éprouve l'envie de faire découvrir la poterie à ses nouveaux voisins. Mais les parents ne voient pas l'initiative d'un bon œil. Leurs enfants, pensent-ils, vont délaisser les travaux des champs. La fille du pasteur propose alors de rétribuer les parents qui laisseraient leurs enfants mettre la main... à l’argile. L'expérience est un succès. Des bambins de cinq ans, de dix ans, mais aussi des adolescents, filles et garçons confondus, découvrent les joies de pétrir la terre. Pour eux, c’est un jeu. Ils réalisent des poissons, des ânes, des palmiers.

Les touristes qui viennent admirer le fameux lac Qarun du Fayoum, tout proche, apprennent aussi à connaître cette école improvisée. Les œuvres des potiers en herbe séduisent. L’art naïf de l’école du Fayoum est né. À cette région pauvre de l’Egypte, Evelyne Porret apporte un nouveau souffle. Les œuvres s'écoulent comme des petits pains; les enfants reçoivent 10% pour chaque pièce vendue. Le reste sert à autofinancer ce qui est appelé à devenir une école à part entière. Evelyne poste des annonces à l'intention de potiers suisses et français. Objectif: obtenir des renforts pour poursuivre l’aventure.

Depuis, les enfants de « Tounès » ont bien grandi; certains ont délaissé les travaux des champs pour ouvrir leur propre boutique dans le village. Ils ont eux-mêmes eu des enfants et les ont envoyés chez «Avelyne», comme ils aiment à le dire avec cet accent égyptien si atypique. D'autres ont fondé leur propre école ailleurs, comme à Louxor. Dans le village, les boutiques fleurissent.

Le lieu est devenu une véritable promenade de week-end pour les habitants du Caire qui repartent souvent les bras chargés d’assiettes, de bols et de décorations en tout genre.

Un expert de gestion de projets confie que cette initiative simple a contribué à diversifier l’économie de la région. Selon lui, «la démarche quasi instinctive de cette femme a donné naissance à une activité qui n’existait pas dans cette région».

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