Tunisair: Le conflit des pilotes concernant la formation sur l’Airbus A 330

L’article que nous avons édité sur l’affaire de la formation des pilotes de Tunisair à propos de la conduite de l’Airbus A330 a provoqué moult réactions.

De nombreux commandants de bord et pilotes nous ont contactés pour nous apporter des éclaircissements concernant l’affaire des critères de sélection des candidats à la formation, ainsi que les raisons des retards enregistrés au niveau de leurs stages de qualification sur l'avion en question, dont la livraison au profit de notre compagnie nationale est prévue le 15 du mois de juin prochain.

Selon de nombreux interlocuteurs, les actes de carrière (formation, détachement…) applicables au personnel navigant technique sont réglementés comme suit:

1) Par le statut du Personnel Navigant Technique (pilotes et commandants de bord).

2) Par les listes de Classement Professionnel qui servent de base aux désignations pour les actes de carrière et aux priorités y afférentes pour les membres d'équipage de Tunisair. Ces listes sont établies selon le nombre de points acquis par les pilotes en fonction de leurs anciennetés et leurs grades dans la compagnie.

3) Par la note DG 268 qui définit les modalités d'application du statut et des listes de classement professionnel pour tout acte de carrière. Cette note qui est en vigueur depuis de nombreuses années, a été élaborée conjointement par la DG et les partenaires sociaux et n'a jamais été contestée par les pilotes de TUNISAIR. Elle précise aussi les conditions d'amortissement des stages accomplis pour plus d'équité et pour une meilleure répartition des chances au niveau des actes de formation.

Si la liste de classement professionnel est éditée tous les ans, la note demeure valable pour plusieurs années, vu que son édition demande beaucoup d'études de négociations et surtout le consentement du corps.

Les deux documents cités plus haut étaient donc les seules références auxquelles il y a lieu de se reporter pour trancher en cas de doute, de différend ou de confusion.

Respectés par tous, jamais des écarts ou des abus n'ont été enregistrés au niveau des actes de carrière.

Cependant, une semaine avant le lancement de l'avis de stage pour la qualification A330, l’administration a eu l'idée d'amender ladite note.

Cet amendement fait fi de toutes considérations morales et juridiques, pour se limiter à des intérêts très personnels et très restreints; dans la mesure où ce changement de la note visait à violer les dispositions en vigueur et établir un nouvel ordre, bloquant la sélection de certains méritants pour favoriser la sélection d’autres.

Dans la nouvelle note DG 748, l’amortissement de la formation est passé de 3 à 4 ans pour chaque pilote et l'option Cross Crew Qualification n’est plus prise en considération comme module de formation sur l'Airbus A 330.

L’avis du stage de formation est sorti en fonction de la note DG 748. Ce qui a suscité le mécontentement des commandants de bord et des pilotes dont certains se considèrent victimes de cette exclusion orchestrée par certains pilotes ayant des postes administratifs et soutenus par le syndicat de l’époque.

Ce qui les a conduits à recourir à la PDG, au ministre et même de menacer de recourir à la justice surtout que la non adoption du Cross Crew Qualification engendrera de grosses charges financières à la compagnie, puisque cette formation réduite ne coûte que 22 500 dinars par pilote, alors que la formation complète et inutile pour les pilotes qualifiés sur Airbus coûte 63 500 dinars.

Une pétition a été signée par plus de 75% des commandants et pilotes en activité, pour exiger l'adoption du CCQ et l'application d'un amortissement juste et équitable pour ce genre de formation.

Un mouvement de contestation, amplifié par l'agissement partisan des membres pilotes d'encadrement, a engendré de fortes tensions au sein du corps, qui a même menacé d'un préavis de grève.

Cette situation a amené le ministre de tutelle à annuler cette note ainsi que le préavis de stage de formation, en attendant de trouver une solution équitable acceptée par toutes les parties.

Des négociations entre le nouveau syndicat des pilotes et la direction de Tunisair ont été aussitôt entamées et un accord a été conclu pour l'envoi du premier groupe de pilotes en stage de formation avec Airbus conformément aux dates fixées de longue date avec le constructeur.

Le lendemain de la conclusion de cet accord, la direction des pilotes a bloqué le départ de ce premier groupe dont le stage était prévu du 9 avril au 20 mai, en rejetant toute la responsabilité sur le ministère de tutelle.

Un deuxième stage de formation pour un deuxième groupe de pilotes, prévu du 16 avril au 30 mai, a été à son tour raté.

Il ne reste maintenant qu’à espérer qu’une solution soit trouvée à cette crise dans les plus brefs délais pour garantir davantage ces formations à la conduite de l’A 330, afin de ne pas retarder l'exploitation de ce gros porteur lorsqu’il sera remis à Tunisair

K.B.M.