Tunisi-Economie du savoir: la connaissance et la technologie, piliers de la nouvelle économie

Placés sous le haut patronage du président de la République, les travaux de la conférence internationale de

haut niveau sous le thème : « bâtir une économie fondée sur le savoir et orientée vers la création d’emplois, la compétitivité et le développement durable », se sont poursuivis, mercredi 3 novembre, pour le compte de la deuxième journée. Cette journée, sans doute la plus importante, a été marquée par nombre d’interventions qui se sont penchés essentiellement sur les processus préalables à l’édification de la société du savoir ou de la connaissance et à l’instauration d’une économie fondée sur la connaissance (EFC).
Premier des intervenants en cette matinée, M. Jean François Richard, vice président de la Banque Mondiale.

Ce dernier a fait remarquer que les économies s'appuient de plus en plus sur le savoir et l'information. Le savoir est désormais reconnu comme un moteur de productivité et de la croissance économique. En conséquence, un intérêt nouveau est porté au rôle de l'information, de la technologie et de l'apprentissage dans la performance économique. Le terme d'économie fondée sur le savoir découle de la pleine reconnaissance du rôle joué par le savoir et la technologie dans les économies modernes.

Ses économies sont de plus en plus impliquées dans la compréhension des dynamiques d'une économie fondée sur le savoir et de ses relations avec des économies traditionnelles, comme en témoigne la « nouvelle théorie de la croissance ». Une codification accrue du savoir et sa diffusion à travers les réseaux informatiques et de communication explique l'émergence d'une « société de l'information ». Le besoin pour les travailleurs d'acquérir un ensemble de compétences et de continuellement adapter ces compétences est venu étayer une « économie de l'apprentissage ».

L'importance prise par le savoir et par la diffusion de la technologie exige une meilleure compréhension des réseaux du savoir et des « systèmes nationaux d'innovation ». Les répercussions de l'économie fondée sur le savoir sur l'emploi et le rôle des gouvernements dans le développement et le maintien d'une base de savoir ont soulevé de nouvelles interrogations et de nouvelles réflexions.

Le travail qui reste à faire dans le domaine de la science, de la technologie et de l'Industrie est d'identifier les « pratiques exemplaires » pour une économie fondée sur le savoir.
 
Et d’ajouter : « Information et savoir remplacent capital et énergie en tant qu'actifs principaux créateurs de richesse, de la même manière que ceux-ci avaient remplacés main d'œuvre et propriété agraire deux siècles auparavant. De plus, les progrès technologiques du 20ème siècle ont transformé la majeure partie du travail créateur de richesses d'une base physique à une base connaissance. Technologie et savoir sont maintenant les facteurs clés de production.

Du fait de la mobilité accrue de l'information et de la mondialisation de la main d'œuvre, savoir et expertise peuvent être transportés instantanément à travers le monde, et tout avantage gagné par une compagnie risque d'être éliminé du jour au lendemain par ses compétiteurs.

Le seul avantage comparatif que pourra avoir une compagnie viendra du processus d'innovation combinant la connaissance des marchés et le savoir technologique avec les talents créatifs des travailleurs du savoir afin de résoudre un flux constant de problèmes liés à la compétition et à sa capacité de transformer le savoir en valeur ajoutée », devait indiquer M. Richard.

Développer d’urgence une économe moderne

Pour sa part, prônant une approche plus pragmatique et abordant la question de l’employabilité et de la création d’emploi dans la région MENA, M. Samir Radhouane, conseiller auprès du ministre de l’investissement égyptien, a fait savoir que les pays MENA seront exposés dans la prochaine décennie à une série de défis, en fonction de leur situation.

Et d’expliquer qu’à quelques exceptions près, les pays MENA sont restés en général à l’écart de la nouvelle économie mondiale et qu’ils doivent donc développer d’urgence une économie plus moderne qui répondra mieux aux quatre facteurs de succès que sont la flexibilité, le réseautage international, l’apprentissage continu et la fiabilité.

Aussi, a-t-il renchéri, les pays MENA qui sont des producteurs de pétrole et de gaz, doivent commencer à préparer l’avenir post-pétrole et post-carbone.

Les pays du MENA doivent, plus généralement, se préparer à des changements majeures sur les plan de l’énergie, de l’alimentation et du climat ainsi que sur bien d’autres éléments au cour des prochaines décennies.

C’est pourquoi, la majorité des pays MENA doivent plus que jamais diversifier leur économie et ce, pour des raisons allant de la dépendance excessive du revenu du pétrole à une volatilité excessive du PIB.

Aussi, un petit groupe de pays MENA, ceux ayant une forte main d’œuvre expatriée juxtaposée à une population ouvrière native engagée presque entièrement dans le secteur public, ont intérêt, à long terme, à promouvoir l’émergence d’un secteur privé avisé, sophistiqué et engagé.

Ceci dit, chacun des pays de la région MENA est exposé à au moins deux grands défis, défis dont il sera cependant difficile d’y faire face en utilisant les méthodes classiques. En effet, dans la plupart des pays MENA, les options essentielles d’industrialisation créatrice d’emplois font défaut, comparées aux bonds gigantesques que l’Asie par exemple enregistre, d’autant que dans bon nombre de pays MENA, le secteur privé demeure sous-développé et l’entreprise étatique à atteint ses limites.

Les cinq piliers de l’EFC

Pour les gouvernements des pays voire des sociétés dites « innovatrice », l’effort a été concentré sur cinq piliers de l’économie fondée sur la connaissance, mettant ainsi en œuvre d’ambitieux changements.

En premier lieu, ils ont relevé la qualité de leur système d’enseignement, du niveau préscolaire jusqu’à l’enseignement supérieur, en passant par l’enseignement fondamental et secondaire ainsi que l’enseignement tout au long de la vie.

Ils ont, en second plan, entrepris des démarches audacieuses visant à mettre en place une écologie de l’innovation, recourant à divers moyens pour y aboutir (impulsion de la R&D, pépinières d’entreprises encadrées par l’Etat, investissements directs en technologies de pointe, attraction des compétences créatrices internationales).

Par ailleurs et sur un autre plan, ces gouvernements ont rehaussé la qualité de l’environnement des affaires, à travers la réduction des coûts des transactions, des mécanismes de réaction rapide, la promotion de l’esprit d’entreprenariat et autres programmes de soutien, parfois même en faisant de leurs capitales et leurs principales villes des points d’attrait pour les talents grâce aux conditions de vie et de travail qu’elles proposent. Ils ont, en effet, transformé leurs économies en un dynamique port d’attache pour les entreprises partout dans le monde, qu’il s’agisse de multinationales ou d’entreprises nouvellement créées.

Quatrièmement, ces mêmes gouvernements ont fortement investi dans les infrastructures liées aux technologies de l’information et de la communication et dans leurs applications catalytiques tel le e-gouvernement, si bien qu’ils ont dépassé bon nombre de pays industrialisés de plus grande envergure dans le domaine, notamment en ce qui concerne les services de télécommunications à large bande et l’usage intensif et perfectionné de l’Internet.

En fin, certains de ces pays ont œuvré à la promotion et au renforcement d’une société axée sur la confiance de la population et leur disposition au changement. Beaucoup ont même contribué aux efforts nationaux en matière d’instaurations d’EFC en adoptant et en mettant en œuvre des normes gouvernementales types.

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