Tunisie: après le récit de la fuite de Ben Ali, Borhane Belkhiria explique ses rapports avec l’ex famille régnante

Suite à l'article publié sur Espace Manager par le Chirurgien Borhane Belkhiria et dans lequel ce dernier avait donné sa version quant à la fuite

de Ben Ali, certains commentaires ont non seulement décrédibilisé le récit mais ont également soupçonné l'auteur d'avoir été l'ami de la famille Ben Ali.

Pour répondre à ce qu'il appelle « des affirmations déformées » avancé par un de nos lecteurs, M. Belkhiria tient à rétablir la vérité et explique la véritable nature de ses rapports avec l'ex famille régnante.

Dans sa réponse, Docteur Borhane Belkhiria raconte (presque) tout sur son parcours professionnel et surtout ses rapports avec les Ben Ali. Ci-après l'intégralité de son papier:

« Voici mon Histoire et pourquoi je  me suis attaqué au tyran et à sa femme !

Cela fait deux ans bientôt depuis que les foudres de Leila Trabelsi et de son Tyran d'époux se sont abattues sur moi et ma famille.

J'étais un Chirurgien Esthétique renommé et un homme d'affaire prospère avec un groupe de société allant du Tourisme médical (beauty travel, tunisie chirurgie esthétique), associé dans un hôtel 5* (Hôtel la maison blanche à Tunis), propriétaire d'une société de Fabrication de cartes téléphoniques depuis 2002(Cards plus, fournisseur historique de Tunisie Telecom), Actionnaire Dans une grande clinique de Tunis (clinique Amen).

Ces différentes activités m'ont permis de connaitre beaucoup de monde, entre autre des Trabelsi, (que j'ai opéré) et qui sont devenues des copains.

Leila Trabelsi, je l'ai eu à deux reprises comme patiente, ainsi que sa fille et sa sœur.

Je n'ai jamais profité ni de prêt ni de loin des Trabelsi, bien au contraire, les factures impayées a l'hôtel se chiffre en centaine de milliers de dinars, et les interventions  chirurgicales forcement gratuites sont là pour le prouver.

Leur ingratitude, n’avait d'égal que leur voracité.

Un jour d'avril 2009, je suis convoqué par M. Ali Sariati, au palais de Carthage pour répondre de propos désobligeant que j'ai eu envers le président, son épouse et ses neveux, par roublardise j'ai nié en bloc, mais il m'a fait écouter des enregistrements et m'a dit que Imed Trabelsi et Raja Ismaïl, la financière de Leila (qui se trouve être la cousine germaine de ma femme) avaient témoigné à charge contre moi.

Il m'a dit de ne pas m’inquiéter, mais dès le lendemain, ce fut le début de la descente aux enfers.

Plus aucune connaissance politique ne me répondaient au téléphone, les marchés de ma société Cards plus avec Tunisie Telecom, ont été suspendu par simple appel téléphonique de Ben Ali (eh oui !!)à Montassar Ouaili, ceux avec Mattel en Mauritanie aussi (j'ai à ce jour dans mes entrepôts, pour 2 millions de dinars de cartes téléphoniques fabriquées et non livrées!),je me suis retrouvé suivi 24h/24h par 5 hommes en civils, qui se relayés (c'est le gardien du parking de la clinique Amen, qui s'en est aperçue et m'avait alerté).

Mon bateau qui était au port militaire de La Goulette, on m'a demandé de le déplacer du port, car des instructions avaient été données "d'en haut", et je n'y étais plus le bienvenu.

Un ami à moi qui était propriétaire d'un anneau à la marina de Hammamet m'a proposé de ramener mon bateau, mais le capitaine du port de Hammamet appela mon ami pour lui signifié que le Bateau Borsalino 2,appartenant au Docteur Borhane Belkhiria, été interdit d'accès dans tous les ports de la république, je finis par abandonné mon bateau au port ou il fut illégalement remorqué vers la base navale militaire de surveillance côtière.

Les amis devenant très rares,(à l'exception d'un noyau dur d'ami tres proches),je ne comprenait pas ce qui m'arrivait (jusqu'a ce qu'un fidèle ami, me fit parvenir le modus operendi de la machine répressive, me conseillant de ne plus consulter seul dans mon cabinet(car on aller m'envoyer des patientes qui crierai au viol),de ne jamais donner les clés de ma voiture(car on allait me mettre de la drogue),de faire gaffe au téléphone, et que j'allais recevoir un contrôle fiscal féroce, moi, ma femme et mes sociétés),Car Leila avait dit Texto «…. (NDLR :INSULTES)… ».

J'entrepris rapidement de faire donation de tous mes biens à ma femme et à mes enfants.

Heureusement, car une semaine plus tard j'étais convoqué à la rue du Pakistan à la Direction des recherches fiscales, chez le redoutable Maher Janhani, qui me présenta les notifications des contrôles fiscaux approfondis, pour moi, ma femme et mes sociétés, en me disant que malgré que cela venait "d'en haut, je n'avais pas à m'inquiéter car eux ils étaient honnête et travaillaient avec conscience! Je l'appris à mes dépens leur honnêteté par une taxation d'office de 2 milliards et six procès en pénal.

J'avais une agence de voyage spécialisée dans le Tourisme médical "Beauty Travel",je ramenais des patients étrangers, que je logeais à l'hôtel La Maison Blanche(dont j'étais actionnaire),que j'opérais à la clinique Amen et qui rentrais, chez eux.

J'avais acheté une Q7 avec l'avantage fiscal de l'agence de voyage qui servait au transport des patientes et que j'utilisais parfois, au mois de Mars 2010,je fut convoqué à la direction des enquêtes douanières(avenue de Madrid) chez le Colonel Naouar et le commandant Maher Gasmi, qui me signifièrent que ordre leur été donné de me saisir la voiture, ce qu'ils firent et m'attaquèrent en pénal demandant au tribunal à conserver la voiture, une amende de un million de dinars,et six mois de prison. Ce que la cours fit par contumace car bien sûr je n'avais pas été prévenu.

Par révolte, je décidais d'acheter une Mercedes classe E neuve, chez le moteur via un ami Lamine K, au nom de ma mère, le lendemain de la livraison de la voiture, le commandant Maher Gasmi, m'appela sur mon portable et m'envoya à la clinique Amen deux agents de douane, me demandant de leur livrer la voiture qui était au nom de ma mère, ce que je fit et on jeta le pauvre Lamine en prison pour m'avoir aidé à acheter la voiture (il passa les 18 premiers jours de Ramadan 2010 en prison sans aucun motif, car il avait refusé de signé un PV disant que je l'avais payé en devise, Maher Gasmi lui montra même 35000euros en lui disant que s'il signait comme quoi cet argent m'appartenait, il serait libre et pourrai même récupérer sa voiture, il refusa, et il fut embastillé sur le champs.

Poussé par le désespoir, peut être aussi par lâcheté et même un peu de cynisme j'entrepris de créer un groupe au mois de Mars 2010 « pour que Ben Ali se représente en 2014 », espérant ainsi desserrer l'étau impitoyable qui m'écrasait ainsi que ma pauvre femme Rim, qui m'a beaucoup soutenu durant toutes ces épreuves.

La création de ce site me fit connaitre auprès de l'opposition en exil comme le pire larbin de Ben Ali, je fus couvert d'injure et traiter de tous les noms chaque fois que j'ouvrais mes messageries.

Suite à la confiscation de la Mercedes et comme chaque fois, je fit appel à mon Avocate l'efficace Maitre Donia Ben Osman, pour voir ce qu'il y avait encore comme procès contre moi, elle découvrit quatorze procès fiscaux pénaux en cours, et un jugement de 8 mois de prison avec contumace datant de Décembre 2007(après vérification ,il s'avéra que c'était une manipulation policière de "l'ordinateur" et que je n'avais rien à voir avec ce jugement et elle m'établit une attestation d'innocence, que j'ai toujours avec moi à chaque fois que je franchis la frontière.

Suite à toutes ces pressions, les saisies, le fisc, la douane, la filature policière qui n'a jamais cessé pendant deux ans, les procès, et une tentative grotesque de mettre de la drogue dans mon bagage à mon arrivée à l'aéroport de Tunis Carthage au mois de septembre 2010.

Je décidais de m'exiler en Europe, d'où j'entrepris pendant trois mois le harcèlement systématique du tyran et de sa femme, tout en sachant que je mettais en jeu la sécurité de ma femme et de mes trois filles, que j'ai laissé à Tunis et dont je suis privé depuis quatre mois.

Aujourd'hui avec la chute du tyran et de sa femme, j'entrevoie un vent de Liberté qui souffle sur ma chère Tunisie.

Et j'ai décidé de rentré au pays retrouver les miens et mon travail.

Je tiens à remercier des gens très précieux qui pendant mon calvaire ne m'ont jamais abandonné et qui se reconnaitrons.

Un salut particulier à M. Bouebdelli, qui lors d'un échange de mail, et alors que j'étais déprimé par l'exil, et je lui expliquais ma situation, m'a dit, tenez bon, Si Borhane, ils ne sont pas éternels. L'histoire lui a donné raison!! »

Espace Manager n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce texte. Les opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.