Tunisie: Ce montant si dérisoire de la "Zakat el Fitr" !
Lorsque j’ai lu pour la première fois le communiqué du Mufti de la République Othman Batttikh, dans lequel il a annoncé que la valeur de la Zakat el Fitr (obligation pour tout musulman pour la purification et la validation de son jeûne) a été estimée pour ce Ramadan de l’an 1441 de l’hégire correspondant à l’année 2020 à 1750 millimes, pour chaque personne, j’avais cru au début à une erreur. Une erreur dans l’écriture du montant bien évidemment, tellement il m’a paru dérisoire (même pas le prix d’un sandwich ou un café) et tellement il était de loin inférieur aux montants fixés dans d’autres pays.
Après vérification de l'’information, je me suis rendu compte que mes sens ne me trompaient guère. Ainsi le Mufti s’est réellement contenté de 1750 millimes par personne comme impôt purificateur pour cette année, avec une augmentation de 50 millimes par rapport à l’année dernière.
La fixation du montant de la Zakat el-fitr répond certes à des critères très précis, que l’on paye en espèces ou en nature.
Pour le déterminer, on doit se référer sûrement comme il se doit, au Prophète (saws), lequel l’avait fixé à un «sa'a ». Concrètement, le « sa'a » équivaut à quatre fois la quantité que peuvent contenir deux mains en denrées alimentaires, soit aux alentours de 2 litres de nourriture. Et la denrée alimentaire doit correspondre à ce qui est consommé dans le pays où l’on vit.
La « Zakat el fitr » en nourriture équivaut en nature à quelque 2 kilos de semoule, 2 kilos 40 grammes de blé, 1,4 kilo de farine, 1,640 kilo de raisins secs, 1 kilo 800 grammes de dattes, 2,1 kilos de lentilles, 2 kilos de pois chiches….Et là on peut remarquer que les prix de ces denrées actuellement en Tunisie sont parfois inférieurs et parfois supérieurs au montant de 1750 millimes fixé par le Mufti.
C’est pour cela que partant des principes mêmes de l’imposition de cette « Zakat el fitr », comme acte de solidarité à l’égard des plus démunis, afin que toute personne défavorisée puisse également profiter de l’Aïd et pour éviter de faire du pauvre un mendiant en ces temps de grave crise économique, le Mufti aurait pu recourir à l’'ijtihâd, en faisant un effort de réflexion pour augmenter ce montant ou au moins dire clairement aux Tunisiens que c’est le minimum à donner pour les inciter à donner plus.
Il ne faut pas oublier, dans ce cadre, que l’objectif ultime est de faire régner la charité et l’esprit d’amour au sein de la société en aidant les Tunisiens démunis afin qu'ils puissent fêter l’Aïd Al Fitr en famille dans la joie, loin de toute forme de mendicité en ce jour spécial.
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