Tunisie - Création d’une aire forestière et marine sous la protection de WWF

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Le bureau de Tunis du Fonds mondial pour la nature (WWF) a organisé, durant le week-end, une tournée dans la région nord-ouest du pays, en vue de faire connaître la nouvelle aire protégée en cours de création.

Il s'agit de l'Aire marine et côtière protégée (AMCP) qui s'étale sur les trois régions de Cap-Serrat, Sidi Mechrag et Cap-Negro, faisant partie, ainsi, des deux gouvernorats de Béja et de Bizerte.

«Cette aire comprend une partie marine d'une superficie de 1300 ha, gérée par l'Agence de protection et d'aménagement du littoral (Apal) et une partie terrestre décrétée, le 5 juillet 2010, en parc national Jebel Chitana-Cap Negro, d'une superficie dépassant les 10.000 ha, gérée par la Direction générale des forêts», a souligné M. Sami Dhouib, coordinateur du projet au bureau de WWF Tunis.

L'aire protégée, faut-il rappeler, est un territoire qui présente plusieurs éco-systèmes non transformés par l'exploitation et l'occupation humaine et où les espèces végétaux et animaux, les sites géomorphologiques et les habitants offrent un intérêt spécial du point de vue écologique, biologique...

L'objectif de ce projet, selon le responsable, consiste en la préservation de l'un des sites naturels les plus particuliers, en Tunisie, lequel se distingue par la richesse de ses composantes faunes et flores, aussi bien terrestres que marines, ainsi que l'impulsion du développement socio-économique de cette région.

La particularité de ce projet consiste à renforcer la protection de la biodiversité animale et végétale de la région dans une zone non clôturée, mais plutôt balisée, et ce, tout en maintenant la population locale sur les lieux, et en l'aidant à améliorer ses revenus à travers l'initiation des habitants à de nouvelles activités (apiculture, distillation...).

«Nous œuvrons à ce que les habitants de cette région, dont le niveau de vie est relativement bas, soient conciliés avec leur environnement», a-t-il précisé, ajoutant que ces habitants constituent une partie intégrante et une composante essentielle pour la réussite du projet.

«Il est indispensable qu'ils soient conscients de l'importance de leur rôle. C'est ainsi qu'on tient à les convaincre pour qu'ils rationalisent leur exploitation de ces richesses forestière et marine, afin qu'ils deviennent de véritables piliers de préservation», a précisé M. Dhouib.

Il s'agit là, d'une tâche dont l'accomplissement est assez compliqué, puisque, selon lui, le décret de création de la composante marine de cette aire n'a pas vu le jour jusque-là, bien que la Loi (n° 49), en la matière, a été promulguée, depuis l'année 2009, après un blocage qui a duré plus d'une dizaine d'années. «Sans ce texte réglementaire, on ne peut pas agir, tant vis-à-vis des départements gouvernementaux que des habitants locaux de cette région », a-t-il expliqué.

A cela s'ajoute, le surpâturage et plus encore le phénomène de découpage des arbres dans les forêts situées dans cette aire, qui s'est aggravé avec la propagation du trafic illégal du bois, outre l'entêtement des pêcheurs de la région de Cap Serrat (environ 200) qui refusent même l'idée de création d'une aire protégée dans cet endroit.

Le projet de l'AMCP Cap-Negro-Cap Serrat, financé par le WWF (plus de 700.000 dinars) s'inscrit dans le cadre du Programme Med Pan Sud (programme des aires protégées de la région sud méditerranéenne), dont l'objectif est de créer un réseau des aires protégées dans 5 pays méditerranéens, à savoir la Tunisie, la Libye, l'Algérie, la Croatie et la Turquie.

A noter que la Tunisie compte, actuellement, 17 parcs nationaux, 28 réserves naturelles, 4 réserves de faune et 37 zones humides d'importance internationale, ainsi que 6 aires marines et côtières protégées.

TAP