Tunisie: Économie en pleine expansion

L'économie a reçu un coup de pouce en juillet suite à la publication de données officielles indiquant une solide croissance

, un fléchissement de l'inflation ainsi qu'une augmentation des réserves étrangères.

Selon les chiffres annoncés par l'Institut national des statistiques (INS), le produit intérieur brut (PIB) en Tunisie a atteint 6,2 milliards de dinars au terme du premier trimestre 2008 contre 5,86 milliards de dinars durant le premier trimestre de l'année 2007, une croissance essentiellement

tirée par le développement des secteurs des transports, des télécoms, et industriels. Cette croissance affiche une tendance à la baisse par rapport aux 6,5% enregistrés au premier trimestre 2007 (la croissance la plus importante en près d'une décennie), mais elle reflète manifestement la bonne santé du pays en dépit des perspectives de ralentissement qui caractérisent l'activité économique aux Etats-Unis et en Europe.

Les secteurs des transports et des télécoms ont enregistré une progression de 13% tandis que l'industrie mécanique a progressé de 13,5%.

L'industrie textile, qui représente une majeure partie de la production industrielle tunisienne, a quant à elle connu une croissance modeste de 3,9%, tout comme le traitement des denrées alimentaires, une autre composante de base de l'économie industrielle du pays, qui a enregistré une croissance de 6,1%.

Les réserves en devises étrangères de la Tunisie sont également en hausse de 16,5% et se sont établies à 10,4 milliards de dinars. Cette hausse est due essentiellement à une augmentation des recettes touristiques et des versements provenant des ressortissants à l'étranger. Selon la Banque centrale, les rentrées touristiques ont augmenté de 7,5% tandis que les versements des Tunisiens travaillant à l'étranger ont augmenté de 10,6%.

Le Fonds monétaire international (FMI) annonçait au mois de juin qu'il tablait sur une croissance moyenne en Tunisie de 5,5% en 2008. Ce taux affiche une tendance à la baisse comparé à la croissance de 6,3% enregistrée l'année dernière, essentiellement due au renchérissement des prix des matières premières comme les denrées alimentaires et l'énergie, ainsi qu'à un ralentissement de la croissance en Europe, qui est le principal débouché des exportations tunisiennes.

L'augmentation du prix des matières premières importées s'est répercutée sur d'autres domaines de l'économie tunisienne, notamment à travers la hausse de l'inflation. Néanmoins, la Banque centrale a récemment annoncé que le taux d'inflation était en baisse au mois de juin à 4,9% contre 5,3% le mois précédent.

Le gouvernement table sur un taux d'inflation moyen de l'ordre de 5% en 2008. Bien que supérieur de deux points aux 3,1% enregistrés en 2007, ce taux est inférieur à ceux que connaissent les pays de la région.

La flambée des prix du pétrole au cours de l'année écoulée a entraîné une hausse sensible des taux d'inflation dans la région, et les pays non producteurs du Moyen orient et du Maghreb n'en sont pas épargnés. La Jordanie, par exemple, a enregistré un taux de 12,7% au cours des cinq premiers mois de l'année 2008.

Si les réserves de la Tunisie sont relativement modestes à hauteur de 700 millions de barils, lui donnant tout de même une certaine marge de manoeuvre dans la gestion du déficit de son compte courant, elle doit faire face depuis quelques années à un écart de 1 million de tonnes d'équivalent pétrole (tep) entre l'offre et la demande, ce qui la rend vulnérable à l'augmentation des prix mondiaux.

Le taux d'intérêt de référence, qui est souvent utilisé pour combattre l'inflation, reste inchangé à 5,25%. La Banque centrale a relevé son coefficient de réserves obligatoires à 7,5% en début d'année pour essayer de contenir l'inflation.

Il s'agit de la deuxième hausse en moins d'un an, suite à une hausse de 3,5% à 5% fin 2007.

La manipulation du coefficient de réserves obligatoires comme instrument de lutte contre l'inflation ne peut jouer qu'un rôle limité dans les pays où l'inflation est motivée par d'autres causes.

La stratégie actuelle consiste à éponger l'excès de liquidités en circulation en augmentant la masse d'argent que les banques sont tenues de garder en réserve, y compris l'importation de matières premières.

Néanmoins, attachée à préserver la valeur de la monnaie nationale, surtout par rapport à ses partenaires commerciaux de la zone euro, la Banque centrale entend adopter des mesures alternatives pour limiter la hausse de l'indice des prix à la consommation.

L'économie tunisienne, qui, selon le rapport du Forum économique mondial serait la plus compétitive de la région Afrique Moyen Orient, tire largement profit de ses relations étroites avec l'Union européenne, sachant que ses exportations représentent 45% du PIB.

Tirant maximum profit de son récent accord de libre-échange avec l'Union européenne, le pays souhaite être reconnu comme centre de production industriel dans la région méditerranéenne et maghrébine.

Malgré la concurrence accrue des producteurs chinois depuis l'abolition des quotas d'importation, les entreprises textiles exportatrices ont enregistré une croissance de 12%, grâce au regain d'intérêt des fabricants européens motivés par une main d'oeuvre peu chère et une proximité géographique.

Néanmoins, la Tunisie demeure en proie à son déficit commercial. Au cours des six premiers mois de l'année 2008, le déficit s'est creusé de 37%, dû au renchérissement du coût des importations énergétiques et alimentaires, qui sont passées de 1,87 milliards de dinars à 2,5 milliards de dinars. Par contre, les exportations ont augmenté de seulement 25% durant la même période.

Si les efforts de la Tunisie visant les industries à l'exportation portent leur fruit - en encourageant particulièrement les investissements dans les secteurs manufacturiers et textiles - sa dépendance en brut provenant de l'étranger pour répondre à la demande nationale signifie que si les prix du pétrole restent à leurs niveaux actuels, les coûts des importations continueront vraisemblablement de croître.

Oxford Business Group