Tunisie : LA POLYGAMIE, à quel prix ?
Après que certains membres de la constituante aient agité l'application de la « Charia » dans la constitution, et s’être rétractés, car très décriée
par la majorité des tunisiens, prouvant que les appels citoyens de détresse ne sonnent pas creux. Une retraite dont on ne sait si elle tient de la débandade ou d’un repli tactique, voila qu’une autre polémique est lancée en annonçant l’éventuelle légalisation de la polygamie !
Nous amenant à conclure que soit la lucidité est isolée à la constituante, soit ces annonces sont faites pour endiguer certains mouvements d’obédiences religieuses, une petite minorité, qui met à mal nos valeurs les plus sacrées : Une chose est certaine, à la constituante, l’imagination va toujours bon train.
De leur côté, les médias tunisiens accordèrent peu de crédit à cette question, persuadés qu'elle est cousue de fil blanc.
Le Saint Coran évoque dans un verset la polygamie, mais la présente sous des conditions :
« …Épousez comme il vous plaira, deux trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de n’être pas équitable prenez une seule femme, ou vos captives de guerre. Cela vaut mieux pour vous que de ne pas pouvoir subvenir aux besoins d’une famille nombreuse » (IV, 3, 4)
Ainsi, la loi islamique autoriserait à prendre pour épouses légitimes jusqu’à quatre femmes, à la condition sine qua non d’être équitable. Mais être équitable veut dire, dans ce contexte précis, que le mari devrait assurer les mêmes droits à chacune de ses épouses, à savoir :
· Équité dans le temps passé auprès de chacune d’elles.
· Équité financière.
· Équité dans l’estime, le respect et l’amour.
· L’assurance d’une demeure à chacune d’elle.
· Aucune préférence, même légère, envers l’une d’entre elles ne peut être tolérée.
Notons aussi qu’une femme ne peut être forcée à devenir une seconde épouse. La première femme qui rechigne à accepter une pareille situation a le droit de demander le divorce : Mais à quel prix ?
En 2008, on recense dans le monde 45 pays autorisant la polygamie (La Tunisie n’en faisant pas partie), repartis comme suit :
- 15 pays arabes sur un total de 24 pays : soit 63%.
- 23 pays africains sur un total de 53-54 pays. (Hormis l’Afrique du nord) : soit 43%.
- 7 pays asiatiques sur un total de 38 pays. (Moyen orient et Extrême orient, hormis les pays arabes) : soit 18%.
- 0 pays dans le reste de la planète.
- A l’échelle planétaire 23% des pays autorisent la polygamie.
Avec 63% des pays arabes autorisant cette pratique, il est patent que la polygamie est bien l’apanage de la culture arabo-musulmane dans le monde moderne.
Quels sont les Effets de la Polygamie sur la Société Tunisienne ?
Dans une société comme la notre, tiraillée par et tirée vers la consommation, avec une ouverture sur l’occident, les jeunes filles en âge nubile, aspireraient plutôt à épouser un homme argenté qui pourrait leur offrir le luxe et le confort dont elles rêvaient, même s’il est marié : Vivement la polygamie !
Ainsi, les jeunes prétendants, gagnant un salaire moyen ou faible, ne pourraient plus nouer les liens de l’hyménée facilement, les filles ne voulant plus lutter avec un mari pour construire un foyer et bâtir une famille avec des revenus modiques et une cherté de vie galopante.
Par ailleurs, plus de la moitié des cas de divorces des jeunes couples des temps qui courent, sont attribués à des causes économiques et financières.
Les jeunes ne pouvant convoler en justes noces, seront tentés, pour calmer leur montée de testostérone, à recourir aux relations illégitimes et illicites, et au mariage coutumier, au grand dam des parents, voire la prostitution : « Pas facile d’être célibataire et chaste à l’âge de 30 ans ! »
Les femmes célibataires aisées, pourront se marier avec des hommes moins âgés de modeste extraction ou dénués de revenues conséquents. Des jeunes qui préféreraient camper sur le confort tranquille et l’anonymat jovial que l’opulence d’un tel mariage pourrait notablement conforter.
Ces unions, basées sur le cens, risquent encore de pousser l’homme à nouer de relations extraconjugales, à cause de la différence d’âge qui ne ferait, avec le temps, qu’exacerber la frustration.
Beaucoup auront recours au mariage coutumier dit « Orfi » ce qui pourrait provoquer la montée des naissances illégitimes et hors du cadre de l’institution sacrée du mariage conventionnel.
Cela va sans dire, que nos jeunes filles seraient tentées de contracter des mariages coutumiers avec des touristes : De la prostitution « autorisée » et couverte par la loi !
La ou le bat blesse le plus, c’est que ces mariages coutumiers ou relations illégitimes à finalité sexuelle, causeront la croissance des avortements : un marché plutôt très lucratif dans les pays qui les interdisent.
En Tunisie, nombre de charlatans se sont enrichis en pratiquant, en secret, l’avortement (IVG) dans les sociétés conservatrices, avec les grands risques de santé qu’encourent nos jeunes filles, pour éviter les éclaboussures du scandale, voire la mort (Lapidation, Famille...), à savoir :
· Complications graves dans les semaines suivant l'IVG, pouvant entrainer le décès.
· Augmentation significative des risques de maladies cancéreuses.
· Complications qui entrainent des problèmes de santé chroniques.
· Risques accrus de stérilité féminine.
· Maladies inflammatoires pelviennes (MIP).
· Localisation anormale du placenta.
- Grossesses extra-utérines.
- Risques d'accouchements prématurés lors de grossesses ultérieures.
- Taux de suicides plus élevés, chez les adolescentes, etc.…
L'avortement à risque est l'une des principales causes de la mortalité maternelle dans le monde. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) signale qu’actuellement la proportion d’IVG réalisée sans aide clinique adéquate est en croissance passant de 44% en 1995 à 49% en 2008, ce taux est bien plus élevé dans les pays en voie de développement : Progression inquiétante !
Dans les pays en développement, et en particulier ceux qui sont plus restrictifs sur les lois de l'avortement (Religion, Croyances..), la plupart des avortements sont réalisés de manière dangereuse.
Ce risque est encouru par nos filles, si l’on décide d’interdire l’avortement tout en autorisant le mariage coutumier et la polygamie.
En outre, si l’avortement serait interdit, quel serait le sort de ces enfants nés « batards » ? Qui va les prendre en charge ? Dans une société islamisée, ces enfants « enfants du péché » paieront très cher la « faute » de leur géniteurs.
Une sous-société de délinquants en puissance pourrait voir le jour, il faudrait des structures, des associations et des instituions pour les encadrer. Ce qui pèserait très lourd sur le budget de l’Etat et sur le contribuable, comme c’était le cas dans l’ancien régime.
Visitez, pour voir, les services sociaux du Ministère des Affaires de la Femme et ceux du Ministère des Affaires Sociales sans omettre les associations civiles qui s’occupent de ces enfants : Des enfants vivant dans des conditions parfois innommables !
Conclusions
Je ne prétends pas avoir compétence en matière sociale, mais je peux formuler un premier constat : « La polygamie ne devrait être légitimée que dans un pays riche, ou tous les jeunes gagnent dignement leur vie, et ou le chômage est quasi-inexistant. »
A défaut :
- Seuls les hommes aisés pourraient avoir plusieurs épouses, des quadras, augmentant ainsi le taux de célibat parmi les jeunes.
- Les jeunes auraient recours au mariage coutumier avec tous ses impacts négatifs sur la société et sur l’institution sacrée du mariage.
- Un grand risque de promouvoir l’adultère et la prostitution.
- Un asservissement sournois de la femme, et la consécration de « la femme objet ». Sauf pour les femmes aisées creusant ainsi le fossé entre les strates de la société.
- Un retour vers une forme d’esclavage légitimé, et de la traite des blanches : Cas de l’Europe de l’est, ou le chômage frappe fort, et les jeunes filles aspirant à une vie confortable se trouvent engluées dans des réseaux de prostitution clandestine dont elles ne s’en sortent qu’en payant un grand tribut : Leurs vies.
- La croissance des avortements et une dégradation de la situation de la femme sur le plan santé et au niveau Social.
- La prolifération des enfants illégitimes et les problèmes qu’ils engendrent.
- Une institutionnalisation de la « prostitution ».
- Une augmentation du taux de célibat parmi les jeunes.
- Une augmentation soutenue de la criminalité et une dégradation des mœurs, etc.
Pour les raisons et motifs exposés ci-haut, si on légalise la polygamie et le mariage coutumier, il faut que le législateur légalise aussi l’avortement et sa prise en charge par les caisses d’assurance maladie, déjà au bord de la faillite.
Avant de se laisser aller à une surenchère panégyrique de la polygamie, il serait sage de réfléchir sur les effets retardés d’une telle décision, qui pèseraient lourd sur notre société future.
Une décision qui amorcerait un saut dans l’inconnu et qui ne ferait que fourbir leurs armes aux modernistes et aux mouvements féministes, qui n’auraient pas tord.
Originellement, l’homme est monogame : …C’est seulement lorsqu’il s’avéra que Sarah était stérile qu’Abraham s’était résolu, et sur le conseil de celle-ci, de prendre Hager pour épouse…
Notre prophète, (Paix et bénédictions d’Allah sur lui), fut polygame pour des raisons purement politiques et sociétales. On n’est pas prophètes, autant que je sache !