Tunisie : Le financement bancaire, un frein persistant pour les PME

Près d’une PME sur deux en Tunisie n’a pas accès à un crédit bancaire, selon les résultats du second volet de l’enquête « BEI / UE : Les défis des PME en Tunisie en 2025 », dévoilée le 22 octobre par la Banque européenne d’investissement (BEI). Réalisée auprès de 150 dirigeants d’entreprises opérant dans des secteurs stratégiques tels que l’automobile, l’agroalimentaire et le textile, cette étude met en lumière un problème structurel qui continue de freiner la compétitivité et l’expansion des petites et moyennes entreprises tunisiennes.
Alors que les PME et TPE représentent 95 % du tissu entrepreneurial national, leur accès au crédit demeure limité. Selon l’enquête, 44 % des dirigeants affirment avoir obtenu un prêt bancaire, tandis que 15 % se sont vu refuser leur demande. Faute d’alternatives, 38 % des entreprises interrogées se tournent vers des sources informelles – proches, amis ou réseaux personnels – pour financer leurs activités.
Les conditions imposées par les banques sont souvent jugées dissuasives : taux d’intérêt élevés (82 %), garanties trop importantes (52 %) et procédures complexes (53 %). À cela s’ajoutent un manque d’accompagnement personnalisé (30 %) et une insuffisance d’information sur les dispositifs existants (28 %).
Un frein direct à l’internationalisation
Ce manque de financement pèse lourdement sur la capacité des PME à se développer à l’étranger. Plus d’un tiers d’entre elles (35 %) estiment que la difficulté d’accès au crédit limite leurs ambitions exportatrices, tandis que 45 % des entreprises exportatrices le font à petite échelle, faute de moyens pour s’adapter aux normes internationales ou développer leur logistique.
« Même avec des perspectives solides à l’international, accéder au crédit reste un véritable défi en Tunisie. Les garanties exigées sont souvent hors de portée et les taux appliqués peu soutenables », confie un dirigeant de PME cité dans le rapport.
Des solutions en cours
Pour répondre à ces blocages, la BEI met en œuvre, avec le soutien de l’Union européenne, le Trade and Competitiveness Programme (TCP). Ce dispositif vise à faciliter l’accès au financement à travers des mécanismes de garantie partagée destinés à réduire les risques pour les banques locales, tout en accompagnant techniquement les PME pour renforcer leur compétitivité.
En Tunisie, le programme est mis en œuvre en collaboration avec l’UBCI et la BH Bank, afin d’aider les entreprises des chaînes de valeur exportatrices à concrétiser leurs projets d’investissement et à conquérir de nouveaux marchés.
Un enjeu stratégique pour l’économie tunisienne
L’enquête souligne que l’amélioration de l’accès au crédit constitue un levier essentiel pour la relance économique, dans un pays où les PME jouent un rôle clé dans la création d’emplois et la diversification des exportations.
En harmonisant les conditions bancaires locales avec les réalités économiques des petites entreprises, la Tunisie pourrait libérer un potentiel largement inexploité de son tissu productif.
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