Tunisie: les biologistes taclent la CNAM et alertent sur une crise majeure des laboratoires d’analyses médicales

Tunisie: les biologistes taclent la CNAM et alertent sur une crise majeure des laboratoires d’analyses médicales

Dans un communiqué rendu public, le Syndicat tunisien des biologistes libéraux a tiré la sonnette d’alarme sur la situation critique que traversent les laboratoires d’analyses médicales privés dans leurs relations avec la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM). Selon le syndicat, les dysfonctionnements actuels ne constituent plus de simples retards administratifs, mais représentent désormais une menace réelle pour la continuité du service et pour l’équilibre du système de santé.

1. Des retards de paiement qui étranglent les laboratoires

Le premier point soulevé par le communiqué concerne les retards répétés de la CNAM dans le règlement des créances dues aux laboratoires. Ces retards, qui atteignent selon le syndicat cinq à six mois, constituent une violation claire des dispositions de la convention contractuelle liant les deux parties.

Cette situation place de nombreux laboratoires dans une impasse financière : incapables d’honorer leurs engagements envers les fournisseurs, mais aussi vis-à-vis de l’administration fiscale et des caisses sociales, ils voient leur trésorerie se dégrader dangereusement. À terme, cette asphyxie financière menace la poursuite même de leur activité, ainsi que leur capacité à garantir des prestations fiables et de qualité aux patients.

2. Un système de remboursement devenu obsolète

Le communiqué met également en lumière un second dysfonctionnement majeur : le non-respect par la CNAM de son obligation d’actualiser le système de remboursement des analyses médicales. La convention-cadre prévoit pourtant une mise à jour régulière de ce système afin de l’adapter à la nouvelle nomenclature des actes médicaux publiée par le ministère de la Santé au Journal officiel.

En l’absence de cette actualisation, les laboratoires sont contraints de réaliser des analyses dont les coûts réels — notamment en réactifs, équipements et maintenance — ne sont plus couverts par les tarifs de remboursement en vigueur. Ce décalage structurel aggrave encore les difficultés financières du secteur et fragilise son équilibre économique.

3. La biologie médicale, un pilier menacé du système de santé

Au-delà des revendications professionnelles, le syndicat rappelle que la biologie médicale constitue un maillon essentiel du parcours de soins. Elle intervient à toutes les étapes : diagnostic, suivi thérapeutique et prévention des maladies. Toute perturbation dans le fonctionnement des laboratoires privés se répercute donc directement sur la sécurité des patients, les délais de prise en charge et la qualité globale des soins.

Dans un contexte sanitaire déjà marqué par de fortes tensions, la dégradation des services de biologie médicale fait peser un risque réel sur la santé publique, en particulier pour les patients atteints de maladies chroniques ou nécessitant un suivi régulier.

4. Les revendications du syndicat : urgence, dialogue et solutions durables

Face à cette situation, le Syndicat tunisien des biologistes libéraux formule plusieurs revendications claires. Il appelle en premier lieu la Caisse nationale d’assurance maladie à respecter ses engagements contractuels et à procéder sans délai au règlement des créances dues aux laboratoires.

Le syndicat exige également l’actualisation du système de remboursement des analyses médicales conformément à la nouvelle liste des actes publiée par le ministère de la Santé, et ce sur la base de leurs coûts réels.

Enfin, il plaide pour l’ouverture d’un dialogue global, sérieux et immédiat, associant l’ensemble des intervenants des secteurs de la santé et des affaires sociales, afin d’aboutir à des solutions urgentes mais aussi durables et structurelles à cette crise.

5. Une convention arrivant à échéance, un risque de rupture de service

Le communiqué se conclut par un avertissement : la convention sectorielle liant les laboratoires privés à la CNAM arrive à expiration à la fin de l’année en cours et n’a, à ce jour, toujours pas été renouvelée. Le syndicat souligne pourtant avoir multiplié les démarches et les tentatives de dialogue depuis le début de l’année pour négocier son renouvellement et traiter les autres points de blocage.

Sans accord rapide et équilibré, le risque d’une rupture de service devient tangible, avec des conséquences lourdes pour les patients comme pour les professionnels. Pour les biologistes, l’enjeu dépasse largement la défense d’intérêts corporatistes : il s’agit de préserver un système de santé juste, efficace et durable, garantissant la sécurité du citoyen et le respect des règles de la profession.

 

 

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