Tunisie: Les chemins de la restructuration industrielle (1)

Tunisie: Les chemins de la restructuration industrielle (1)

Par Nourdine Ben Mansour (*)

Quelle sont les chemins à entreprendre pour sortir de l' immobilisme économique du pays ? quelles sont les priorités ? Comment agir ? Malheureusement en Tunisie la majorité des responsables économiques et des stratèges ont toujours le principe de réagir, c'est-à-dire ils n’agissent pas en temps réel ou autrement ils réagissent  ce qui entraine des réactions et non des actions. 

Cette habitude qui  s’est transmise à travers les âges, depuis l’indépendance, est la plus importante cause de la stagnation de la vie économique du pays. Ces stratèges n'ont  devant leurs yeux que le court terme et n’ont presque jamais proposé de solutions radicales qui tiennent en compte les futures événements et bouleversements économiques.
  
Depuis une décennie, la Tunisie vit une situation de stagnation dans tous les domaines ; une situation jamais vue. Partout le désordre et l’indiscipline. Chacun se prend pour un héros. Une bonne partie des arrivistes ont pu occuper le devant des scènes. Ils se prennent pour de grands spécialistes mais en fait ils ne sont que des charlatans, des novices et des arrivistes. 

Comment redynamiser davantage la vie en Tunisie?

Malheureusement, la situation économique du pays a dépassé toutes les frontières de la gravité. Elle est ultra préoccupante. C’est du jamais vu. Les causes de ce désastre sont multiples: causes internes et autres externes. Les mauvaises circonstances sont toujours en ascendance vectorielle c’est-à-dire une augmentation en continu et sans interruption.  Quelles sont les causes et qui sont les responsables ? Il semble que c’est une main invisible derrière tout ceci et plus exactement des arrivistes et des pseudo- spécialistes et des faux politiciens. 

Le chaos dans sa grandeur. Tous les chiffres sont au rouge.  C’est le bord de la faillite. La croissance du PIB se maintient à un nouveau très faible. De ce fait la restructuration urgente est devenue la solution la plus indiquée. L’action doit être un engagement de  taille et piloter au mieux vers un changement radical pour une meilleure situation. Donc la restructuration est l’unique possibilité pour la survie des activités en difficulté. Aujourd’hui le pays dans son ensemble se trouve dans une situation économique alarmante sans précédant ; une situation qui s’est détériorée encore et plus due au COVID 19. Ses effets seront multiples sur toute l’activité économique du pays. Une aggravation du tourisme et de l’exportation et ce sans oublier ses retombées sur la croissance des emplois et des recettes publiques.

Tous les secteurs économiques sont touchés. Le plus important secteur à corriger est avant tout le secteur industriel, générateur de création emploi et de  richesse tant utiles pour un développement économique positif. Une analyse approfondie de la situation réelle de l'industrialisation du pays s'avère avantageuse et permet de bien détecter les anomalies et d'apporter les corrections adéquates en temps réel. Améliorer ce qui est en train de se réaliser est une vraie anticipation de repositionnement du tissu industriel tout en allant en profondeur des données de chaque région du pays et tout en définissant ses priorités et ses possibilités, en associant les connaisseurs des problèmes réels de l'industrialisation. Doter toutes les régions du pays d'un secteur industriel moderne et fort d'une part et favoriser les investissements d'autre part doit être l'objectif principal d'un pacte national pour l'émergence industrielle et pour la création de nouvelles possibilités d'emplois. 

Cette réalité n'est réalisable efficacement qu'en instaurant un solide contrat de partenariat entre le public et le privé. C'est une sorte de contrat-programme à diverses étapes et échéances. La période de réalisation est de dix ans et comporte des sous-périodes qui donnent lieu à des vérifications des réalisations et plus exactement un calendrier de réalisation et un plan d'action bien clair pour chaque région. Il est aussi indispensable de prendre en considération les spécificités de chaque région tout en instaurant des priorités sociales.

Les propositions économiques actuelles sont dans l’ensemble des demi-solutions ou autrement des calmants. Parole et parole. Du gagne temps. 

Malheureusement les responsables économiques du pays n'ont pas proposé de solutions associatives qui s’enchaînent d'une période à une autre et ils n’ont pas compris que la création de la richesse passe essentiellement par la création de nouveaux et modernes projets surtout industriels. Les responsables de la période actuelle n’ont pas pris en considération le rôle de l'industrie comme outil de prospérité.

Comment définir une politique industrielle d'un pays, de quoi dépend-elle? La réponse à ces questions est relative et dépend de plusieurs critères. Dans l'ensemble, une politique industrielle est complètement différente d'une stratégie industrielle bien que plusieurs économistes les confondent. A l'encontre de la politique économique, la politique industrielle est spécifique et se colore selon les circonstances, la réalité du pays et les vis-à-vis. 

C'est la politique des entreprises ou la politique de compétitivité, le développement des axes stratégiques et tout autre appui pour l'industrialisation. De quoi se diffère une politique industrielle d'une stratégie industrielle? La principale différence se situe dans la manière d'exécution de l'une ou l'autre. C'est-à-dire bien que les objectifs se confondent dans certains cas, la manière d'exécution de chacune est distincte. La compréhension des attentes du pays dans son ensemble (économique, sociétale et autres) est le secret des réussites des objectifs arrêtés.

La réussite de cette action dépend, aussi, de la compétence du premier responsable et de sa capacité scientifique, c'est-à-dire pour que ce responsable soit en mesure de bien élaborer et suivre la stratégie industrielle, il est obligatoire qu'il soit un spécialiste qui a une bonne connaissance en technologie et innovation, puis en économie.

On peut dire plus simplement que la politique industrielle ciblée dans le temps mène à la prospérité, tandis qu'une stratégie industrielle bien exécutée mène à la création en continu d'emplois.

Tout projet à proposer pour une stratégie et une politique de relance et de développement industriels doit tenir compte de la situation réelle de l'industrie dans les diverses parties du pays. C'est un cadre de référence qui tire ses points forts de la compétitivité et des projets innovants à haute valeur ajoutée où la croissance doit être l'objectif principal. 

Relier la nouvelle industrialisation des régions du pays à l'industrialisation internationale, surtout celle des pays hautement industrialisés, est certainement une politique industrielle gagnante. Cette orientation permet, avec les moindres coûts, de restaurer un partenariat efficace du genre gagnant-gagnant. La croissance économique doit jaillir de l'économie du pays dans son ensemble. Il est opportun de renforcer les acquis industriels en misant sur un nouveau comportement des responsables exécuteurs de la stratégie et de la politique industrielle du pays. On doit les responsabiliser davantage, tout en faisant, en continuité, des mises au point des situations relatives à la création des nouvelles activités et des nouveaux emplois. Un renforcement de la stratégie existante se fonde et se base sur un profond et véritable orientation industrielle qui est tributaire d'un cadre sérieux, flexible, conscient et efficient.

La création d'emplois

La première action à entreprendre pour promouvoir la création de nouveaux emplois et en même temps la consolidation de ce qui existe est la mise en place d'une série de choix de branches et d'activités prioritaires. Ce qui est important, c'est de savoir comment remonter aux filières à partir des productions existantes (produit intermédiaire ou final) tout en définissant les objectifs d'une intégration de plus en plus pratique et réelle avec les moindres coûts.

Les futurs nouveaux projets de tous genres doivent faire partie des priorités de la politique industrielle du pays et seront intégrés tout en leur assurant un suivi rigoureux par un vrai encadrement, exercé par des spécialistes en innovation et en créativité. Tout ceci doit être inscrit dans un cadre spécifique d'appui à l'innovation et la création de nouveaux emplois, à la promotion de la technologie, à la mobilisation des investissements de tous genres, à la création d'une capacité d'intelligence économique et au renforcement des systèmes de formation.

Votre commentaire