Tunisie: Pénurie du carburant…jusqu’à quand ?

Les automobilistes tunisiens, notamment du Grand-Tunis, souffrent depuis le week-end dernier à ce jour, d’une importante pénurie du carburant. Ce qui a causé une affluence massive vers les stations-service et des files d'attente énormes. Il s’avère que cette pénurie va persister en raison de l’épuisement du stock stratégique du pays.

A ce sujet, la ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neïla Nouira Gongi, a indiqué que ce manque s’était produit, bien que de grandes quantités de 5 mille m3 aient été injectées en fin de semaine dernière, ajoutant l’épuisement des quantités d’essence dans les stations de la société AGIL en 6 heures seulement. Des quantités qui sont estimées à 550 m3 couvrant d’habitude une consommation de 3 à 5 jours.

Elle a ainsi précisé que malgré les difficultés en matière d’approvisionnement en carburant, suite aux perturbations du mouvement des pétroliers et des difficultés financières, son département œuvre à anticiper de telles situations, mais elle n’a pas cité les solutions envisagées. 

La pénurie pourrait se reproduire si les autorités ne trouvent pas de liquidités

De son côté, le secrétaire général de la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques, Salouen Smiri, a affirmé que cette pénurie est due principalement à la baisse du stock stratégique du pays. Il a affirmé que la pénurie pourrait se reproduire si les autorités tunisiennes ne trouvent pas de liquidités pour payer les prochaines factures.

Notons qu’une opération de déchargement du navire« Horizon Electra » en provenance de Lituanie, chargé d’une cargaison d’essence d’environ 31 mille tonnes destinée à la raffinerie de pétrole STIR, est en cours depuis lundi dernier et se poursuit jusqu’à aujourd’hui. 

Cette quantité permet, selon M. Smiri, de remédier au besoin national mais elle n’est suffisante que pour seulement 10 à 15 jours. Sachant qu’un autre navire, chargé d’environ 30 mille tonnes d’essence, accostera le 17 octobre courant au port de Bizerte. 

Dans le même sillage, le PDG de la Société Nationale de Distribution des Pétroles (SNDP- AGIL), Khaled Bettine, a annoncé que le stock stratégique actuel des produits pétroliers permet de couvrir le besoin des tunisiens pour une période allant de 10 à 15 jours.

De ce fait, il a souligné que la crise du carburant se poursuit en déclarant que le dysfonctionnement de la distribution du carburant est dû essentiellement aux prix élevés et aux retards dans l'arrivée des expéditions en raison des conditions mondiales, dont la guerre russo-ukrainienne qui a affecté négativement les échanges commerciaux dans le monde.

D’ailleurs, selon nos sources dignes de confiance, la Tunisie n’a jamais stocké des quantités du carburant, elle gérait le jour au jour vu qu’l y avait des liquidités. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, car les caisses de l’Etat sont quasiment vides, ce qui a poussé la majorité des fournisseurs de la Tunisie, à l’exception de deux ou trois, à ne plus participer aux appels d’offres relatifs à l’achat du carburant. Sachant que la production nationale du pétrole brut est estimée aujourd’hui à 38 mille barils/jour, destinée à la vente à l’international. Donc, la solution majeure est de fournir les liquidités, si non la situation va être de plus en plus compliquée. 

Chiffres-clés 

Selon le dernier bulletin de la conjoncture énergétique de l’Observatoire National de l’Energie et des Mines, la demande nationale des produits pétroliers a enregistré une légère hausse de 2% sur un an, pour atteindre 3041 ktep à fin août 2022.
La consommation de carburants routiers a affiché aussi une hausse de 2%, représentant 64% de la consommation totale des produits pétroliers.

La production nationale du pétrole brut s’est située à 1113 ktep à fin août 2022, enregistrant une baisse de 13% par rapport à fin août 2021. Cette baisse a touché la plupart des principaux champs, tels que Halk el Manzel (-60%), Baraka (-66%), Hasdrubal (-7%) et Nawara (-12%).

Quant au déficit de la balance commerciale énergétique de la Tunisie, il est passé de 3129 millions de dinars (MDT) à fin août 2021 à 6130 MDT à fin août 2022, soit une augmentation de 96% (en tenant compte de la redevance du gaz algérien exportée). 

Imen Zine