Un Fakhfakh rassurant, ferme et décidé

Un Fakhfakh rassurant, ferme et décidé

Pendant près de 90 minutes, le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh a tenté de rassurer sur la situation générale du pays frappé, comme tous les pays du monde, par l’épidémie du Coronavirus. Sur la forme, il a rompu avec le rituel de son prédécesseur, en choisissant le direct à une heure de grande écoute sur la chaine publique et une chaine privée. Il a paru dynamique, moderne et clair. L’impact d’une communication politique tient surtout à l’image visuelle, mais également pour l’image sonore et pour peu au sens des mots. Il s’est adressé aux Tunisiens dans la langue qu’ils comprennent, leur langue parlée, quotidienne. Bien préparé pour affronter les questions de ses deux interviewers, il a rappelé aux citoyens les bons gestes et les consignes, énoncés par les spécialistes de la santé et non par les politiques ou les quelques chroniqueurs en mal de repères.

A peine installé, son gouvernement s’est trouvé en face d’une situation inédite marquée par la propagation d’une épidémie incontrôlée et transnationale. Une première dans le pays depuis plus de 150 ans, a-t-il dit. En plus, le pays n’était pas du tout préparé pour affronter cet ennemi invisible. Il fallait faire vite pour préparer un plan de riposte, en mobilisant les moyens et en prenant les mesures utiles et nécessaires, en toute transparence .  « Nous sommes en guerre contre une épidémie qu’on n’a pas vu arriver … Nous devons l’affronter devoir l'affronter au mieux, et en même temps assurer la continuité de la vie des citoyens, avec le moins de contraintes possibles ».

Avant d’affronter le direct, le chef du gouvernement a longuement consulté les membres du comité scientifique, visité différents lieux comme le siège de la Pharmacie centrale pour s’enquérir des quantités des médicaments, de la disponibilité des équipements sanitaires … Contrairement aux politiques, les Tunisiens ont beaucoup plus confiance dans le personnel de la santé et apprécient la bravoure et le courage des médecins qui se trouvent ne première ligne, fidèles au serment d'Hippocrate, l’un des textes fondateurs de la déontologie médicale.

Je suis le chef de guerre

Elyès Fakhafkh s’est montré, par moments, ferme et décidé. Ferme contre les spéculateurs à qui il a promis des ripostes à la hauteur de leur crime, qualifié de crime de guerre, en durcissant les sanctions, ferme contre les lobbies qui menacent la vie et la sécurité de citoyens, ferme contre la corruption qui gangrène tous les secteurs la vie publique. Et qui gagne des pans entiers du corps social et politique du pays.

Et s’il a épargné le président de la république Kais Saied, il a au passage égratigné le président du parlement Rached Ghannouchi, le renvoyant à ses chères études. La Constitution est claire : le parlement contrôle l’action du gouvernement et ne doit en aucun cas interférer dans la gestion des affaires du pays. C’est l’affaire du gouvernement dont il est le chef et en cette qualité, c’est lui le chef de guerre contre le coronavirus. En sollicitant une délégation de pouvoir auprès de l’Assemblée des représentants du peuple qui doit examiner le projet au cours de sa plénière de ce vendredi 03 Avril 2020, il veut engager la responsabilité de son gouvernement en promulguant des décrets-lois pour parer à toute éventualité. Sans faire passer le texte qu'il présente au vote, sous couvert du rejet.

Il est important de rassurer au moment où la crise risque de perdurer avec le prolongement du confinement total. Rassurer de manière transparente, sincère et non anxiogène pour éviter de semer la panique chez les Tunisiens. Et c’était en grande partie réussi.

B.O

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