Un politologue algérien : L'opération de Ben Guerdane n'a rien de surprenant

Un politologue algérien : L'opération de Ben Guerdane n'a rien de surprenant

 

« La Tunisie a besoin de ressources financières, d'équipements militaires, de renseignements. Elle n'a pas les moyens de résister à plusieurs opérations telles qu'à Ben Guerdane. Le seul remède pour la sauver réside dans un plan de soutien économique et militaire », c’est ce qu’a déclaré à Francetv info, Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen de Genève (Suisse). Le politologue algérien, spécialiste du monde arabe, estime que « l'opération de Ben Guerdane n'a rien de surprenant. Le 19 février, les Etats-Unis ont frappé plusieurs éléments de l'Etat islamique en Libye, à Sabratha, près de la frontière tunisienne. Cette frappe a déplacé un grand nombre de jihadistes et les a incités à se venger. Après chaque intervention militaire, il y a des secousses ». Pour lui cette attaque est « inédite dans son organisation, avec plusieurs cibles simultanées, et dans sa gravité, contre une caserne de l'armée, un poste de police et un centre de la garde nationale. L'Etat islamique a franchi une étape dans ses opérations. Il n'a plus peur d'utiliser de grands moyens pour attaquer des bâtiments officiels d'importance ».

Et même s’il est encore tôt de se prononcer sur la capacité de Daesh de pouvoir s’installer en Tunisie, Hasni Abidi pense que « la menace est sérieuse ». Il explique cela par le fait que « des Tunisiens ont été formés dans des camps à l'étranger et sont déjà rentrés au pays, comme on l'a vu avec les auteurs de l'attaque du Bardo. D'autres sont sur le chemin du retour et les services de police disposent de peu d'informations sur eux. J'estime le réservoir tunisien total de l'Etat islamique à entre 3 000 et 5 000 personnes ».

Toutefois, c’est plutôt qui se prête le mieux à l’installation de Daesh.  « L'Etat islamique est notamment à Syrte. Il lui faut sanctuariser son territoire avant de mener une conquête au-delà des frontières libyennes. Mais la Tunisie est la prochaine étape, car les frontières sont un enjeu crucial pour le groupe. Contrôler les frontières permet d'assurer le passage des hommes et des marchandises et de consolider l'idée d'un émirat qui va au-delà des frontières nationales ».

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