Un prof d'arabe viré de son lycée trois semaines après la rentrée

Un prof d'arabe viré de son lycée trois semaines après la rentrée

 

Un professeur contractuel recruté dans un lycée du Pas-de-Calais à la rentrée 2014 a été licencié trois jours après son inspection, fin septembre. Une décision très rapide qui interroge.

L'Education nationale, un univers impitoyable? C'est la question que se pose depuis trois mois Anas-Emmanuel Faour, professeur d'arabe embauché comme contractuel en juin et licencié courant septembre après seulement trois petites semaines de cours. Le crime qui lui a valu cette sanction exceptionnellement véloce de la part du "Mammouth"? Des cours à la forme trop "magistrale"... Explications.  

Juin 2014: le recrutement

Au début de l'été 2014, Anas-Emmanuel Faour est un homme heureux. Le rectorat de Lille vient de lui confirmer qu'il a décroché son premier poste de professeur d'arabe, au lycée Mariette, à Boulogne-sur-mer.

Pour cet apatride, Palestinien de Syrie, réfugié politique arrivé en France il y a 10 ans, c'est une très bonne nouvelle. Certes, son contrat est précaire, avec 9 heures de cours par semaine, pour une rémunération nette de moins de 700 euros. Un petit salaire qui sera amputé de lourds frais de déplacement, puisqu'Anas-Emmanuel habite à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, à 260 kilomètres de son nouveau lycée.

"Mais j'étais quand même très content!", se souvient aujourd'hui Anas-Emmanuel. Et d'autant plus qu'en complément de ces 9 heures de cours, le nouveau professeur d'arabe a décroché un poste de chargé de cours à l'université de Dijon. Beaucoup de temps dans les transports en perspective, mais l'année scolaire 2014 se présente bien.

Septembre 2014: la rentrée

Comme la majorité des professeurs contractuels recrutés par l'Education nationale, Anas-Emmanuel n'a pas reçu de formation à l'enseignement avant de se retrouver devant les élèves. Mais la nouvelle recrue de l'Education nationale est titulaire d'une licence d'arabe et d'une maitrise de philosophie, toutes deux obtenues dans des universités françaises. Surtout, avant de quitter la Syrie pour la France, Anas-Emmanuel avait déjà enseigné à des élèves de lycée. C'est sur cette base que l'inspecteur pédagogique régional d'arabe (IPR) l'a recruté.

"Quand il m'a reçu en juin, l'IPR m'a dit que j'allais devoir construire mes cours moi-même, trouver ma méthode. Il a aussi évoqué la liberté pédagogique", se souvient Anas-Emmanuel Faour. L'IPR d'arabe conseille enfin de se rapprocher d'un autre professeur d'arabe pour observer sa façon de travailler - mais nous sommes en juin et il n'y a plus d'élèves dans les lycées. Il va falloir improviser.

Lundi 1er septembre 2014, le tout nouveau professeur d'arabe du Lycée Mariette fait donc sa rentrée. Il va enseigner à des élèves de seconde, de première, et de terminale, dont l'arabe est la 3e langue (LV3). Son prédécesseur à ce poste est parti chercher le soleil en Egypte. (L'Express)


Lire la suite:
http://www.lexpress.fr/education/un-professeur-d-arabe-vire-de-son-lycee...