Une nouvelle défaite humiliante pour la diplomatie tunisienne

Une nouvelle défaite humiliante pour la diplomatie tunisienne

 

Il fut un temps où ça passait comme une lettre à la poste. Presqu’une formalité. Les organisations arabes dont le siège se trouve à Tunis se choisissaient des Tunisiens à leur tête. Chédli Klibi ancien ministre de la Culture, de l’Information et ex- directeur du cabinet du président Habib Bourguiba avait ouvert le bal en étant élu à la tête de la Ligue arabe lorsque celle-ci avait déménagé à Tunis.

Ainsi l’ALECSO, organisation arabe de l’éducation, de la culture et des sciences avait eu à sa tête successivement deux Tunisiens. Tous deux anciens ministres des Affaires culturelles, Mongi Bousnina et Mohamed Aziz ben Achour.

Si le premier a rempli deux mandats, le second a été privé de la reconduction. Car entre temps, la révolution était passée par là.

Depuis aucun Tunisien n’a accédé à ce poste. Pourtant les occasions n’ont pas manqué puisqu’en huit ans, il y a eu trois élections.

Mais la Tunisie n’a pas eu la main heureuse. Abdelatif Abid, ancien ministre de l’Education de la Troïka a été le premier à perdre face à un candidat koweitien. La directrice de la culture au sein de cette organisation, la Tunisienne Hayet Guettat dont la candidature a été présentée au cours de l’élection suivante rendue nécessaire par le décès du directeur général koweitien a eu le même sort.

Le poste étant revenu à un autre Koweitien, celui-ci quitte ses fonctions, ayant été nommé vice-ministre de l’Education dans son pays, ce qui ouvert la voie à de nouvelles élections. Cette fois, c’est l’ancien ministre de l’Education et actuel directeur général de l’Institut général des études stratégiques, Néji Jalloul qui subit le même sort.

C’est à Nouakchott, que se déroule la conférence générale extraordinaire qui a vu le candidat mauritanien, Mohamed Ould Oumar accéder à ce poste. La défaite est d’autant humiliante pour la Tunisie que le candidat, Néji Jalloul ne réunit sur son nom que 05 voix contre 15 pour le candidat mauritanien.

Le même sort est arrivé au candidat tunisien à la direction générale de l’ASBU, l’union arabe pour les radios et télévisions dont le siège se trouve également à Tunis.

Pourtant le poste a été occupé pendant 25 ans par trois hauts cadres tunisiens, tous anciens directeurs généraux de l’Etablissement de la Radio-télévision tunsienne.

Il s’agit successivement de Abderraouf Basti, Abdelhafidh Harguem et Slaheddine Maaoui. Actuellement c’est le soudanais, Abdel-Rahim Suleiman qui a accédé à ce poste. C

e fut un temps où la Tunisie brillait sur la scène internationale ou régionale. Ainsi le leader Mongi Slim a été le premier Africain à diriger l’Assemblée générale des Nations Unies en 1961. Il aurait pu accéder au secrétariat général de l’ONU suite à l’accident d’avion du titulaire du poste le suédois Dag Hammarskjöld s’il l’avait voulu.

En 1980, un autre Tunisien, Habib Chatty a été élu secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) créée en 1969 suite à l’incendie criminel perpétré par un extrémiste israélien contre la Mosquée d’Al Aqsa à Al-Qods.

Dans le même temps, un érudit tunisien ancien Mufti de la République, le Cheikh Mohamed Habib Belkhodja est choisi pour fonder et diriger l’Académie internationale du Fikh Islamique dont le siège se trouve également à Djeddah en Arabie Saoudite. Le grand érudit tunisien est resté en poste pendant plus de 25 ans

Lorsque la Ligue des Etats arabes a élu son siège en 1979 à Tunis, ce fut un autre illustre tunisien qui a été porté à la tête de l’organisation panarabe. Chédli Klibi a occupé ce poste tout au long de la période au cours de laquelle elle s’est trouvée en Tunisie, c’est-à-dire jusqu’en 1991.

Un autre Tunisien, Chédli Ayari a également été choisi pour fonder et présider la Banque arabe du développement économique en Afrique BADEA créée en 1975 et dont le siège a été établi à Karthoum, au Soudan.

Dans les hauts postes bancaires, on ne peut oublier que M. Abdelwaheb Labidi fut le second président de la Banque Africaine de Développement BAD dont le siège est la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan.

Ce temps semble révolu et depuis la révolution, les défaites se succèdent. Car les candidatures laissent parfois à désirer. De même que le soutien politique fait généralement défaut.

Ainsi, le président mauritanien a dépêché des émissaires auprès de ses pairs les chefs d’état arabes pour s’assurer de leur soutien. On ne peut se contenter d’adresser des notes verbales pour obtenir un poste de haut rang.

Au chapitre des défaites au cours des dernières années, on signale qu’n 2013, l’ancien secrétaire d’état aux affaires étrangères de la Troïka, Abdallah Triki n’a pas été élu au poste de secrétaire général adjoint pour la culture de l’OCI puisqu’il n’a recueilli qu’une seule voix face au candidat égyptien.

En 2017, la candidate tunisienne au poste de commissaire de l’Union africaine chargée de l’infrastructure et de l’énergie a été défaite par sa concurrente égyptienne pourtant en poste depuis huit ans.
Enfin, l’ancien ministre des Finances Jalloul Ayed n’a pas été en mesure de réussir à accéder à la présidence de la Banque Africaine de développement dont notre pays fut un membre fondateur et qui avait abrité son siège pendant plus de dix ans.

 

La défaite de Néji Jalloul est à n’en point douter une nouvelle humiliation pour la diplomatie tunisienne. Pourtant, après les précédentes défaites on avait annoncé la mise en place auprès du ministre des Affaires étrangères d’une commission chargée de garantir le succès des candidatures tunisiennes.

Mais ce n’était que de la poudre aux yeux.

RBR

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